L'export se porte bien alors que le marché local est pénalisé par la concurrence des marques low cost et la contrebande. La douane renforce le contrôle à l'entrée. L'Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement (Amith) a tenu son assemblée générale ordinaire mercredi 7 juin. A l'ordre du jour, la présentation du bilan de l'exercice 2016 et les perspectives de développement de l'industrie textile marocaine. Karim Tazi, président de l'association, a fait les louanges d'un secteur dynamique. «Nous bénéficions d'un moment unique. La vision de l'Amith est claire et partagée par l'ensemble des membres. En outre, nous avons des opportunités sur les marchés internationaux. Le volet textile du programme d'accélération industrielle est opérationnel et permet d'enclencher la dynamique du secteur. Depuis un an, 124 conventions ont été signées et 31 255 emplois créés. Le chiffre d'affaires additionnel est estimé à 6,3 milliards de dirhams à l'horizon 2020. Les réalisations de 2016 sont 5 à 6 fois meilleures que celles d'une année normale», se félicite Karim Tazi. L'industrie textile marocaine a réalisé la 2e meilleure performance à l'export sur le marché européen. En 2016, le secteur a rapporté 34 milliards de DH de recette, profitant d'une parité euro/dollar favorable et d'un début de retrait des donneurs d'ordre d'Egypte, de Tunisie et de Turquie. Mais le Maroc a encore plus d'opportunités à prendre dans le fast fashion (où il a déjà entamé sa spécialisation) d'autant plus qu'il jouit de la proximité avec l'Europe. «De par leur changement continuel des collections, deux acteurs majeurs du secteur, Zara et Primark, créent une nouvelle dynamique dans le fast fashion. D'où l'opportunité à saisir pour le textile marocain», commente M. Tazi. L'Amith veut faire adopter des mesures de défense commerciale Néanmoins, à l'opposé d'un marché à l'export reluisant, les industriels souffrent sur le marché local. Deux catégories d'importateurs sont mis en cause. Il s'agit d'abord des grandes enseignes low cost, notamment turques, qui bénéficient de subventions étatiques. Les enseignes marocaines sont ainsi 20% à 40% moins compétitives que ces marques étrangères. En second lieu, on retrouve les importateurs de produits de contrebande. La conjugaison de ces deux facteurs a causé la perte de 200 000 emplois entre 2009 et 2013. «L'environnement est hostile. Seules quelques unités informelles résistent à ces deux types d'importateurs. Il faut que l'environnement redevienne porteur pour pousser les entreprises à réinvestir», déclare le président de l'Amith. De multiples actions sont menées pour protéger le secteur. Parmi ces mesures, il y a le fait de surveiller le marché local et sensibiliser les pouvoirs publics sur les ravages des importations illégales. L'association est, en outre, en cours de recrutement d'un cabinet d'avocats pour l'accompagner dans le montage du dossier de mesures de défense commerciale. Par ailleurs, des actions de communication, de formation, de veille et de visibilité dans les salons de textile internationaux sont menées.