La dette publique est dominée par la composante intérieure qui en représente plus de 62%. La dette extérieure des entreprises et établissements publics dépasse, depuis deux ans, celle du Trésor. Le stock est dominé par l'euro (61,4%) et le dollar (26,7%). La dette publique a augmenté de 4,8% en 2016, à 827 milliards de DH. Son poids dans le PIB ressort ainsi à 82%, au lieu de 80,4% un an auparavant (quoique cette façon de faire, même universellement admise, mérite d'être réexaminée, tant elle met en équation deux variables, un flux et un stock, de nature résolument différente – voir sur ce point La Vie éco du 20janvier 2017). Si l'on devait tenir compte de la dette intérieure garantie des établissements et entreprises publics (EEP), l'encours de la dette publique monterait alors à 850,9 milliards de DH, soit 84,4% du PIB ; étant entendu que le niveau du PIB nominal pour 2016, parce que pas encore publié par le HCP, est calculé par nos soins, sur la base des évolutions trimestrielles de cette grandeur qui, elles, sont disponibles. Dans le détail, et comme le montrent les statistiques que vient de publier la Direction du Trésor et des Finances extérieures (DTFE), la hausse du stock de la dette publique est le résultat de l'accroissement, à des degrés divers, de l'ensemble de ses composantes. Ainsi, l'encours de la dette du Trésor a crû de 4,5%, à 657,4 milliards de DH. Ce faisant, le taux d'endettement du Trésor s'établit à 65,2% du PIB, contre 64,1% en 2015. Comme on peut s'en douter, c'est surtout sa composante intérieure, de loin la plus importante, qui a enregistré la progression la plus forte. En effet, la dette intérieure du Trésor en 2016 a augmenté de 5,3%, à 514,6 milliards de DH, représentant ainsi 51% du PIB, contre 49,7% en 2015. Par contre, la dette extérieure du Trésor n'a, elle, que très légèrement progressé: +1,4%, à 142,8 milliards de DH. Dans son rapport au PIB, celle-ci a même accusé une petite régression en s'établissant à 14,1% du PIB au lieu de 14,3% un an auparavant. L'autre composante de la dette publique est constituée principalement de la dette extérieure des entreprises et établissements publics (EEP). Et celle-ci, à près de 70%, bénéficie de la garantie de l'Etat. Son stock en 2016 a crû de 6%, à 168,7 milliards de DH, soit 16,7% du PIB contre 16,2% l'exercice précédent. Depuis 2015, la dette extérieure des EEP dépasse celle (extérieure) du Trésor, elle représente désormais 54% de la totalité de la dette extérieure publique. Ceci pose bien évidemment le problème du financement de ces entités, dont on sait qu'elles sont l'instrument principal de réalisation des investissements publics. La dette des EEP, y compris la composante interne, approche les 200 milliards de DH Comme indiqué plus haut, s'il fallait ajouter au stock de la dette extérieure des EEP la composante intérieure, également garantie par l'Etat, le total dette de ces entités ressortirait à 192,6 milliards de DH, soit 19,1% du PIB. Mais, il faut le dire s'il n'est pas déjà dit, la dette intérieure, qu'elle soit celle du Trésor ou des EEP, n'est en principe pas problématique. Les économies d'aujourd'hui sont pratiquement toutes des économies d'endettement, et quand il s'agit d'un endettement intérieur, le seul souci souvent évoqué est celui du risque d'éviction des autres acteurs du marché financier qu'un recours accru de l'Etat au financement domestique rendrait possible. Encore faut-il démontrer que les prêteurs préféreraient la sécurité que confère la signature de l'Etat, davantage que le rendement, risqué, dont sont assortis les engagements auprès de la clientèle «ordinaire». Bref, ce qui mériterait probablement plus d'attention, c'est donc moins la dette intérieure que celle contractée à l'extérieur, soit sur les marchés financiers, soit auprès de bailleurs de fonds, bilatéraux ou multilatéraux. En 2016, la dette extérieure publique (car il y a une dette extérieure privée non garantie par l'Etat) a augmenté de 3,8%, à 312,4 milliards de DH, représentant ainsi 31% du PIB au lieu de 30,6% en 2015. Elle est constituée, comme déjà indiqué, par plus de la moitié (54%) par les emprunts des EEP. Cette dette est à 100% de maturité longue, et elle est contractée pour 46% auprès d'institutions internationales (souvent à des taux préférentiels), pour 29% auprès de créanciers bilatéraux et pour 25% auprès du marché financier international et des banques commerciales. Sa structure en devises «colle» à celle des échanges extérieurs du Maroc et, ce faisant, laisse apparaître une prépondérance de deux monnaies, l'euro (61,4%) et le dollar (26,7%), comme le montrent les statistiques de la DTFE. Quand on observe l'évolution de cette dette sur une très longue période, on s'aperçoit qu'entre 1998 et 2004, son encours a baissé année après année à la fois en valeur absolue et en proportion du PIB: de 179,4 milliards de DH à 115,3 milliards de DH et de 46,7% du PIB à 22,8% entre les deux dates. A partir de 2005, le stock de la dette publique se remet à grimper et cependant son poids dans le PIB continue de baisser jusqu'en 2009. Cette évolution s'explique par le fait que pendant cette période-là, la croissance économique, y compris non agricole, était forte. L'avènement de la crise internationale, qui a commencé, à partir de 2009, à impacter l'économie marocaine à travers la contraction de la demande étrangère, essentiellement européenne, a entraîné non seulement une hausse de l'encours de la dette mais également sa part dans le PIB. Deux observations, toutefois: d'une part, l'augmentation de la proportion de la dette extérieure publique dans le PIB en 2016 est la plus faible (+0,4 point) jamais enregistrée depuis 2008 ; d'autre part, cette proportion, soit 31%, est inférieure de 15 points à son niveau de 1998.