Le taux d'encadrement est passé de 46% en 2007 à 65% en 2016. Le package de rémunération est plus attractif, mais la stabilité et la sécurité restent les principaux critères motivant le choix de faire carrière dans la fonction publique. La fonction publique gagne en attractivité. Ce n'est plus la chasse gardée des lauréats des universités et des écoles publiques. «Les jeunes ayant fait des études supérieures à l'étranger ou dans des universités et écoles privées sont de plus en plus nombreux à préférer le public», confirme une source au ministère de la fonction publique et de la modernisation de l'administration. A l'origine de cet intérêt, la modernisation de l'administration, mais surtout l'amélioration du package de rémunération. «Contrairement aux idées reçues, les fonctionnaires marocains sont bien payés», déclare le responsable. Mieux, le plafond de salaire continue de monter. Durant ces dix dernières années, la masse salariale a enregistré une progression moyenne annuelle de 7,6%. Chargé de mission, une fonction intéressante mais risquée Cette hausse est due, en effet, aux nombreuses mesures de revalorisation des salaires prises dans le cadre du dialogue social. A cela s'ajoute le taux d'encadrement dans la fonction publique civile qui a progressé de 19 points en dix ans, passant de 46% en 2007 à 65% en 2016. Résultat, plus de 40,5% des fonctionnaires touchent plus de 10 000 DH nets par mois. Ils sont près de 8% dont le salaire mensuel dépasse 16000DH nets. Outre le salaire mensuel, le système des primes et intéressement a nettement évolué. «Suite à la mise en place du travail par objectif, le système des primes est actuellement adopté par presque tous les départements ministériels», confirme le responsable. Selon lui, le montant de la prime ou du bonus annuel est estimé en moyenne à 40 000 DH nets pour la catégorie des cadres. Dans certains ministères, cette prime est calculée en nombre de mois de salaire. Ainsi, un fonctionnaire pourra toucher en prime l'équivalent d'un à six mois de salaire. Le package social renforce aussi l'attractivité puisque les salariés bénéficient systématiquement d'un plan de retraite généreux (malgré la réforme) et d'une couverture médicale assez large. Mais ce n'est pas uniquement l'amélioration du package de rémunération qui est déterminante. «L'adoption d'un système de gestion des carrières, mais aussi la mobilité entre les administrations encouragent les chercheurs d'emploi à intégrer le service public», explique le responsable avant d'ajouter que l'émergence de nouvelles fonctions dans le secteur public, en l'occurrence celle des chargés de mission dédiée principalement aux jeunes cadres, a amélioré l'image véhiculée sur le fonctionnariat. Sur cette question Ali Serhani, D.G de Gesper Services, explique que «toutes les administrations ne présentent pas le même niveau d'attractivité, car chacune offre aux candidats des avantages et des perspectives de carrière différents». Selon l'expert, cette attractivité varie en fonction du ministre et du directeur qui dirige l'entité, mais dépend également de la nature de la mission. En revanche, «les cadres qui optent pour ce type de postes et de contrats sont non seulement compétents, mais ont aussi le goût du risque», déclare l'expert. En effet, la durée de travail dans ce type de poste reste très courte car le contrat est souvent rompu après un changement de management. Par conséquent, rares sont les cadres qui arrivent à construire une carrière dans le public. Le package de rémunération est plus intéressant dans le privé En règle générale, «les profils qui optent pour le fonctionnariat sont des personnes qui cherchent surtout la stabilité», ajoute-t-il. Un avis qu'appuie Essaid Bellal, administrateur du cabinet Diorh. Pour lui, «certes, l'administration attire des profils brillants et compétents, mais l'attitude de ces nouveaux fonctionnaires est la même que celle de ceux de l'ancienne génération. Autrement dit, ils manquent d'ambition et cherchent la stabilité». Leur décision n'est pas seulement dictée par l'attractivité du secteur public, mais par l'instabilité dans le secteur privé. Dans ce sens, il est important de souligner que même si le système de rémunération a nettement évolué dans le public, le package de rémunération reste toutefois relativement faible par rapport à celui proposé dans le secteur privé, principalement dans les grandes entreprises. Selon des experts, la différence de la rémunération est estimée en moyenne à 50% pour le middle management pour atteindre les 100%, voire plus pour la catégorie des hauts cadres. [tabs][tab title ="Les fonctions supérieures, un tremplin pour construire une belle carrière"]Les hauts fonctionnaires constituent une autre catégorie. Durant cette dernière année, de nombreux gros calibres du privé ont fait le choix de migrer vers le public. Une décision qui leur coûte un manque à gagner en matière salariale, mais surtout risquée. Et pour cause, ces postes sont qualifiés de «sièges éjectables». Par conséquent, le haut fonctionnaire ne peut avoir une visibilité à moyen terme sur sa carrière professionnelle. Au regard des experts, «ces grands patrons justifient souvent ce choix par leur engagement citoyen. Or, en réalité, ces postes permettent d'avoir une grande visibilité et un réseau étendu». Ainsi, ils sont un réel tremplin pour construire une belle carrière.[/tab][/tabs]