L'industrie, le BTP et les services marchands et l'agriculture à l'origine du dynamisme de l'activité économique L'énergie et les mines présentent des résultats en demi-teinte. L'exercice 2006 tire à sa fin et les prévisions données en début d'année se confirment. Elles pourraient même être dépassées, eu égard au bon comportement de l'ensemble des secteurs qui soutiennent l'activité économique du pays. Dans ces conditions, la croissance du PIB, qui a frôlé les 8 % au deuxième trimestre de 2006 (7,3 % sur les deux premiers trimestres de l'année), devrait se situer aux alentours de 7,4 % à 7,5 % au terme de cet exercice, en dépit d'une légère décélération de la croissance au second semestre (environ 6 %), attribuée à un tassement des activités minières et énergétiques, en particulier. Cette vigoureuse reprise de la croissance, le Maroc la doit bien sûr au bon résultat enregistré dans le secteur primaire, dont la valeur ajoutée a progressé de 31 % environ au troisième trimestre de l'année, contribuant ainsi pour près de 4 points à la croissance globale – il est vrai qu'avec la contre-performance de 2005, la hausse ne peut être que significative. Mais surtout, cette exceptionnelle croissance – car il faut remonter dix ans en arrière pour trouver mieux – est portée par le PIB marchand hors agriculture qui s'est apprécié de 5,2 % au deuxième trimestre et pourrait terminer l'année sur la même lancée, selon les prévisions de l'Institut national d'analyse de la conjoncture (INAC). Au fond, c'est cette croissance hors agriculture, et particulièrement celle des secteurs marchands, qui traduit le mieux l'amélioration que connaît l'activité économique d'une année à l'autre. Car, en effet, quels que soient les aléas climatiques, le PIB de ces secteurs-là n'est pratiquement jamais descendu en dessous de 3 % depuis une dizaine d'années. Ces quatre dernières années, il suit même un trend haussier qui le fait culminer à près de 6 % en septembre 2005, alors même que la croissance globale a été faible parce que tirée vers le bas par le repli de l'agriculture (42 millions de quintaux de céréales). Bonne reprise du secteur textile et cuir Quelles sont les activités qui ont contribué le plus à ce rebond de l'activité ? Il y a d'abord, et ce n'est pas nouveau, le BTP qui poursuit son expansion en liaison avec la mise en chantier de nombreux projets d'habitat social, de travaux d'infrastructures et d'aménagement de zones touristiques. Sa valeur ajoutée au premier semestre s'est appréciée de 6,8 % (contre 4,3 % sur la même période de l'année dernière) et l'activité dans ce secteur serait encore plus dynamique au second semestre, selon les anticipations fournies par l'INAC. En témoignent l'accroissement des ventes de ciment (10,7 % à fin septembre 2006, contre 5,4 % à la même période de 2005), et une demande immobilière en hausse, stimulée par des conditions financières encourageant l'acquisition de logement par les ménages. Il y a ensuite une reprise assez significative de la production industrielle qui a crû de 4,7 % à fin septembre, contre 1,5 % en septembre 2005 en raison des contre- performances que connaissait alors le secteur du textile habillement. Cette année, l'accroissement de la production industrielle résulte au contraire d'un bon comportement du secteur textile et cuir, dont l'indice de production a progressé de 3,4 % (contre – 3,3 % un an auparavant), d'un dynamisme marqué (+ 12,2 %) des industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques (IMME), d'une bonne tenue des autres industries (bois, chimie et parachimie, et, surtout, carton, transformation des minéraux de carrière, plastique et caoutchouc, etc.) qui ont augmenté de 4,3 % contre 2,8 % l'an dernier, et, à un degré moindre, des industries agroalimentaires qui ont enregistré une faible hausse de 0,8 %. Cette dynamique du secteur industriel, les analystes de l'INAC, comme d'ailleurs ceux de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF – ministère des Finances), l'attribuent à la vigueur de la demande extérieure, notamment, adressée à ces secteurs. Cette demande pourrait même s'améliorer notablement avec l'entrée en vigueur des accords de libre-échange avec les Etats-Unis et la Turquie. Un redressement significatif des carnets de commandes est signalé chez les industriels, ce qui augure un maintien de la tendance à la hausse de la production. La balance commerciale toujours déficitaire Il y a enfin, parmi les secteurs ayant contribué à la reprise, le tertiaire et singulièrement les services marchands. Le tourisme vient en tête avec des recettes de voyages de 43,3 milliards de dirhams à fin octobre 2006, soit une hausse de 23,9 % par rapport à la même période de 2005. L'activité transport, communication et commerce, directement liée aux secteurs touristique et agricole, a pour sa part bénéficié de l'embellie que connaissent ces derniers. Les secteurs de l'énergie et des mines, en revanche, ont enregistré une faible augmentation dans le premier cas, et un repli, carrément, dans le second. Pour l'énergie, la hausse en demi-teinte de l'activité est expliquée par la flambée des cours des matières premières (charbon et pétrole, notamment), générant un recul des volumes importés (pour une facture pourtant très élevée) et donc une croissance de la valeur ajoutée presque nulle (0,9 % contre 19,6 % un an auparavant). Mais, avec l'accalmie observée sur le cours du brut à partir de septembre, et la baisse des prix intérieurs décidée en octobre, la valeur ajoutée du secteur pourrait, selon l'INAC, se raffermir au dernier semestre pour atteindre 4,8 % voire plus. S'agissant des mines, la baisse de la production des phosphates, au 1er septembre, a été de 1,7 %, après une hausse de 11 % une année auparavant. Cela s'est traduit par un recul des volumes exportés de phosphates de 4 %. Par contre, les ventes à l'étranger se sont, elles, appréciées de 8,4 % du fait de la hausse des prix sur le marché international. La balance commerciale demeure toujours déficitaire, malgré une hausse des exportations à fin octobre de 13 % (face à une augmentation des importations de 10%). Mais cette progression des exportations a tout de même permis d'améliorer légèrement le taux de couverture en passant de 51,9 % à 53,3 % respectivement entre janvier-octobre 2005 et 2006.