* La reprise tant attendue paraît bien installée et se généralise à un certain nombre de secteurs. * Le taux de croissance de 7% est certes rassurant, mais il reste insuffisant face à lampleur des défis à relever. Lannée 2006 tire à sa fin et les pronostics vont bon train sur la croissance qui sera affichée. Lannée 2006 se démarque par rapport aux précédentes dans la mesure où les prévisions tablent sur une croissance oscillant autour de 7%. Et donc, après moult réflexions et analyses sur cette reprise tant attendue de la croissance économique en 2006, les dernières données conjoncturelles disponibles confirment cette tendance. La reprise paraît ainsi bien installée et se généralise à un certain nombre de secteurs. Daprès la dernière note de la DPEG relative à la conjoncture économique, la progression du PIB en prix constants sétablirait à 7,3% en 2006, à la faveur des bonnes performances enregistrées par le secteur agricole. En effet, ayant bénéficié dune bonne campagne céréalière ( 89 millions de quintaux), le secteur primaire a réalisé un taux de croissance, au terme du premier semestre 2006, de 31,3%, après une baisse de 18,2% à fin juin 2005. Les prévisions du HCP tablent sur une croissance de 30% pour le second semestre. Les effets de la campagne agricole 2005-2006 font tâche dhuile sur les autres activités primaires telles que celle de lélevage. Toutefois, limpact a été différencié. Daprès les analystes de la DPEG, si les secteurs de lélevage et de la céréaliculture ont pu bénéficier des prouesses dune bonne campagne agricole, il nen est pas de même pour les autres activités primaires qui ont connu de sérieuses difficultés, essentiellement en matière découlement de produits à lexport à cause de lémergence de nouveaux concurrents tels que lEgypte et la Turquie. Les statistiques publiées par lOffice des Changes montrent que les exportations dagrumes et de tomates fraîches ont poursuivi leur tendance baissière entamée depuis le début de lannée. Elles ont ainsi reculé à fin octobre 2006 respectivement de 12,8% et 5,7% en volume et de 18,2% et 9,8% en valeur. Selon la même note, le secteur de la pêche a aussi connu des problèmes sachant que le volume des débarquements de la pêche côtière et artisanale à fin octobre 2006, a été de 21% suite au repli du tonnage débarqué de poissons pélagiques ( qui occupent 82,1% du volume total des captures de la pêche côtière et artisanale). Même en valeur, la production côtière a connu un recul de 2% par rapport à fin octobre 2005. Sur lensemble de lannée, la valeur ajoutée du secteur primaire progresserait de 30,6% et sa contribution à la croissance économique se situerait à 3,8 points après avoir été négative en 2005 (-2,7 points). Les activités marchandes non agricoles : une tendance à la hausse La DPEG annonce que la configuration sectorielle de la croissance économique non agricole enregistre une tendance à la hausse de lensemble des activités, à lexception des secteurs minier et de raffinage de pétrole. Le PIB marchand non agricole a ainsi enregistré au cours du premier semestre 2006 une hausse de 4,9%, après 5,1% à fin juin 2005. Les estimations relatives au second semestre 2006 laissent prévoir une hausse de 4,9% après 5,1% à fin juin 2005. Au total, et daprès des prévisions encore provisoires, le PIB marchand non agricole progresserait de 5% en 2006. En guise de rappel, à cause dun contexte international caractérisé par la flambée des prix du pétrole, au terme des trois premiers trimestres de lannée 2006, lactivité énergétique a été moins dynamique dans son ensemble. Celle-ci a affecté lactivité du raffinage du pétrole comme le montrent la régression de 9,2% du pétrole mis en uvre à fin août 2006 et la baisse de 12,7% du tonnage importé de pétrole brut à fin octobre 2006. Idem pour la production de lénergie électrique qui sest inscrite en hausse de 8,2% à fin septembre 2006 par rapport à 2005. Cette situation sexplique par le rebond des importations de lénergie électrique en provenance dAlgérie et dEspagne qui ont augmenté de 143%, après avoir reculé de 50,6% en 2005, et lamélioration de la production concessionnelle de 5,5%. En ce qui concerne lactivité minière, cette dernière a enregistré une baisse à cause de la contraction de lextraction des minerais non métalliques. Le volume des exportations de phosphates a accusé une baisse de 0,8% à fin septembre 2006, après une hausse de 18,4% un an auparavant, en rapport avec la régression des ventes destinées à lUE, notamment lEspagne, et aux Etats-Unis. Toutefois, les exportations de phosphates, de lacide phosphorique et des engrais ont augmenté de 10,6%, 7,2% et 30,7% respectivement, dans un contexte caractérisé par le maintien à un niveau soutenu des prix sur les marchés internationaux. Le chiffre daffaires à lexport de lOCP a ainsi atteint 13,2Mds DH, en hausse de 13,9% par rapport à fin septembre 2005. Autre fait à signaler : la poursuite à la hausse du secteur du BTP. Lévolution de ce dynamisme sexplique par lextension et la modernisation des infrastructures de base, laménagement des zones touristiques et industrielles, lexécution des projets dhabitat social et les programmes de résorption des bidonvilles. Lactivité cimentière a poursuivi sa dynamique à fin octobre 2006 et les ventes se sont élevées à plus de 9,3 millions de tonnes, enregistrant une croissance de 8,7%, contre 4,8% au cours de la même période de 2005. Lembellie enregistrée au niveau du BTP découle aussi des conditions de financement encourageantes octroyées aux ménages. A fin octobre 2006, les crédits immobiliers ont augmenté de 26,3%, et ce après une augmentation de 22,9% en 2005. Le rebondissement a été constaté aussi au niveau de la lactivité industrielle qui semble encore bien orientée. Cette évolution est le résultat de dynamiques positives, mais différenciées, qui ont caractérisé toutes les branches dactivité. Parmi les secteurs qui ont renoué avec la hausse, le textile-habillement a enregistré un rythme ascendant. Les ventes à létranger de vêtements confectionnés et darticles de bonneterie ont progressé à fin octobre 2006, respectivement de 17,8% et 3,4%. Le secteur a pu ainsi bénéficier du retour de grandes enseignes au Maroc et la réinstauration des quotas par lUnion européenne pour dix catégories de produits dorigine chinoise. Le taux de croissance de 7% est certes rassurant, mais demeure insuffisant face à lampleur des défis à relever. Le Maroc sest engagé dans un vaste chantier de développement humain et les objectifs arrêtés ne peuvent se réaliser que si le taux de croissance frôle les 8 à 9%. Idem pour le taux de chômage qui demeure important dans la mesure où la véracité du taux avancé, qui est inférieur à 10%, est souvent remise en cause. De même, en regardant de près, nous remarquons que la croissance reste tirée par la campagne agricole, ce qui laisse déduire que notre économie narrive pas à être autonome de la clémence du Ciel.