Le projet est porté par l'Agence marocaine de développement de la logistique. Les domaines couverts sont, entre autres, l'utilisation de modes de transport moins polluants, l'éco-conduite et l'efficacité énergétique dans les entrepôts. Objectif : encourager les entreprises à adopter ces pratiques de logistique verte et attirer des bailleurs de fonds. Effet COP 22 oblige, l'intérêt des acteurs économiques pour les problématiques liées au changement climatique se renforce. Parmi les secteurs pollueurs, on retrouve l'industrie mais aussi la logistique. Le secteur ne contribue certes qu'à hauteur de 5,5% aux émissions globales de gaz à effet de serre, mais ses activités demeurent néfastes à l'environnement. Par sous-secteur, le transport routier est le plus grand pollueur avec près de 57% de ces émissions suivi du transport maritime (18%), puis le ferroviaire et aérien ex æquo avec 7% chacun. En réalité, toutes les activités humaines liées à la logistique (y compris l'entreposage) y contribuent à hauteur de 11% environ. Pour sensibiliser les entreprises à l'atténuation de la pollution causée par le secteur, l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) prépare une charte sur les «green logistics» ou logistique verte. «L'organisation de la COP22 à Marrakech est une occasion propice pour mobiliser la communauté logistique sur cette question. Le but est d'enclencher une dynamique positive liée à la green attitude dans le secteur», déclare Younes Tazi, directeur général de l'AMDL. Ce livre blanc répertorie toutes les actions liées aux green logistics réalisées par les différents acteurs marocains de manière individuelle ou dans le cadre de la stratégie logistique 2030. L'objectif est de promouvoir ces pratiques et lancer une initiative pérenne pour le développement de la pratique de logistique verte. Plusieurs domaines d'application «Cet ouvrage de référence sur la logistique verte au Maroc est au stade de révision et sera fin prêt pour la COP22. Il décrit l'état des lieux de la logistique green au Maroc et propose des actions collaboratives qui seront menées avec les opérateurs dans le futur. Des échanges B to B ont été entamés depuis la rentrée pour collecter de l'information et faire adhérer les acteurs de la logistique», explique M. Tazi. Cela dit, les initiatives de green logistics sont réelles au Maroc. On peut en citer la mutualisation et la massification des flux de marchandises. Le mode de transport intervient dans le coût et les émissions de CO2. A titre d'exemple, l'OCP recourt au pipeline qui vient en première position des modes de transport les moins polluants. Il est suivi par la voie ferroviaire privilégiée par le site de Renault-Melloussa pour les véhicules post-production. Enfin, la voie routière reste le mode le plus polluant et le plus utilisé. Mais les pratiques de réduction de l'impact environnemental des poids lourds existent. Les entreprises logistiques disposant d'une flotte de véhicules y installent des dispositifs (tels que des pots d'échappement catalytiques nouvelle génération) réduisant la consommation de carburant et par conséquent les émissions de CO2. Les chauffeurs ont pour leur part droit à des formations à l'éco-conduite définie comme étant une manière d'adapter la conduite en agissant sur la vitesse et les freinages afin d'économiser du carburant. Par ailleurs, l'efficacité énergétique notamment par l'isolation est dorénavant d'actualité dans la conception des entrepôts. La consommation d'électricité dans l'entreposage frigorifique (qui demeure énergivore) est de plus en plus optimisée. Un label green logistics en création «Ces actions sont menées d'abord pour diminuer les coûts d'exploitation. Pourtant, de réelles pratiques «green» émergent. C'est le cas des installations de panneaux solaires dans les plateformes logistiques. L'exemple est celui de la plateforme de Zénata où le projet d'installation de panneaux solaires initié par la SNTL est appuyé financièrement par le PNUD», dévoile M. Tazi. Et d'ajouter : «En somme, la charte couvre un certain nombre de domaines dans lesquels les opérateurs s'engagent à agir : les infrastructures, les équipements, le matériel utilisé de préférence recyclable mais aussi les pratiques logistiques telles que l'éco-conduite et la gestion des retours de marchandises». Après l'adoption des opérateurs de ces initiatives green, l'AMDL veut également encourager leur application en instaurant un label green logistics qui sera accordé aux entreprises (chargeurs ou prestataires) qui ont développé une approche liée à cette dimension. Et ce, dans le cadre des Moroccan Logistics Awards (trophées de la logistique organisés par l'AMDL) qui récompensent chaque année les meilleures réalisations et innovations logistiques. Un prix spécial green logistics devrait y figurer dès les prochaines éditions. En outre, dans le cadre du chantier de normalisation logistique en cours de réalisation (visant à identifier et prioriser les besoins des acteurs du secteur logistique en termes de normes et bonnes pratiques), une norme environnementale est prévue. «Nous aspirons également à constituer un ou plusieurs clusters dédiés à la logistique verte notamment pour chercher des solutions opérationnelles afin d'atténuer l'effet de la distribution urbaine sur l'environnement. C'est un domaine où la R&D peut contribuer à condition d'avoir une forte implication des entreprises qui appuient un projet de recherche dans les universités relatif à une problématique. On espère que cette initiative sera portée par le secteur privé», affirme Younes Tazi. Déjà, l'ONCF, l'ANP, TMSA, la fédération de transport de la CGEM, la commission logistique, l'AFFM, l'ASMEX et la Fenagri contribuent à cette réflexion. Mais à terme, l'objectif de l'agence est d'attirer l'attention des bailleurs de fonds internationaux sur le secteur logistique et réserver une partie des financements mobilisés pour les pays en développement, suite à la ratification de l'accord de Paris, pour la diminution des effets néfastes du secteur sur l'environnement.