Bientôt les élections législatives anticipées 2011.Une panoplie de questions légitimes s'impose avant cet échéance.Ce défit représente-t- il les mêmes enjeux, défis et perspectives pour toutes les composantes de notre société ? Sera-t- il réellement un moyen efficace et inévitable pour faire sentir aux marocains le changement espéré depuis des décennies et traduit en partie par la nouvelle constitution? Permettra-t-il effectivement à des jeunes cadres marocains d'exister politiquement? Ou au contraire, Sera-t- il tout simplement, une occasion de plus aux composantes politiques existantes de consolider certaines de leurs pratiques décevantes et leur mépris aux nouvelles générations ? Sinon, Comment peut-on expliquer le refus de certains partis de la liste nationale réservés aux jeunes cadres désargentés ? Autrement dit, l'incitation, par la classe politique, des jeunes à s'impliquer politiquement est-elle une réelle volonté ou s'agit-il tout simplement d'un discours de prestige à vocation tactique ? L'année 2011 est, sans aucun doute, l'année de protestation sociale par excellence. Elle a été marquée par l'événement du 20 février initié par des jeunes marocains ayant perdu toute confiance et espoir dans les partis politiques, la société civile, les syndicats et les institutions publiques incapables de changer le « destin » social insatisfaisant des marocains. Reconnaissons-le, Ils l'ont fait. En effet, Nous assistons de plus en plus à une avalanche de déclarations données par des élites et leaders politiques affirmant que la révision de la constitution votée le 1er juillet à « 98,5% » est le fruit direct du mouvement du 20 février. Certes, la première décennie du règne du Roi Mohammed VI a connu des mutations et un développement spectaculaire sur tous les plans et sans précédent par rapport à celui qui a marqué le pays durant toute son histoire. Néanmoins, cela risque d'être limité dans le temps et le décollage démocratique essai toujours de rattraper l'évolution de l'histoire. Qui en est responsable? Qui a fait perdre aux marocains de nombreuses occasions de démocratisation ? Y a-t-il au sein des instituions de l'Etat des poches de résistance très conservatrices disposées à lutter contre tout changement permettrait à la jeunesse marocaine d'avoir la place qu'elle se doit? Le mécontentement de certaines franges de la société se transformera t-il en violence dans les mois à venir comme prolongement logique de l'effet Domino du printemps arabe ? Certes, des milliers de jeunes marocains, pleins de dynamisme, d'énergie et de bonne volonté à contribuer et participer positivement à l'édification de notre Maroc de demain , stable, démocratique et moderniste, se reconnaîtront dans ces lignes. En effet, actuellement, environ 21 millions de marocains représentent les deux tiers de la population ont moins de 35 ans. La jeunesse marocaine constitue le pilier, la plateforme et la locomotive du développement au Maroc. Cela représente une richesse et une chance à saisir comme il a été explicitement conclu dans le cadre de plusieurs rapports internationaux sur la nécessité d'impliquer réellement les jeunes dans son développement. Malheureusement, sur le plan politique, la réalité en est une autre. La désaffection des jeunes vis-à vis des élections et la démission de la société de la chose publique ont été clairement traduites par un taux d'abstentionnisme électoral très frappant lors des législatives de 2007. Les partis politiques ont bel et bien une part de responsabilité dans la désaffection de la jeunesse marocaine vis-à-vis de la chose publique. En effet, ils n'ont malheureusement pas réussi à suivre judicieusement et intelligemment le rythme du changement et les mutations que connait le monde. Cela se traduit par l'absence d'une relève « Bilderberg » au sein des partis dont la devise est devenue l'individualisme des leaders politiques ainsi que la personnification. Ces derniers réduisent malheureusement la chose partisane en simple ascenseur servant seulement à grimper, sans mérite, l'échelle sociale. Nous devons admettre que nos « chers » partis politique se trouvent dans une situation embarrassante concernant la compatibilité et l'homogénéité du discours et des « valeurs », avec la politique et la conception électorale notamment autour de l'attribution de l'investiture souvent accordée aux notables. Il est clair que cette équation risque, dans l'état actuel des choses, de ne pas avoir de solution. Mais, ce choix est fait, malheureusement au détriment de quoi et à quel prix surtout dans l'ère de la nouvelle constitution? Les partis sont-ils conscients de la gravité et de la dangerosité d'un tel choix en cette période très critique et historique? Savent-ils que l'histoire sera impitoyable avec tous ceux qui tentent d'avorter son évolution ? En parallèle, qu'en est il de l'Etat ? Pourquoi se pressent-t-il d'organiser les prochaines législatives en novembre ? Est- il conscient que les semaines qui nous séparent de cette date ne sont en aucun cas suffisantes pour qu'une nouvelle élite jeune émerge au sein des partis? Pourquoi ne laissera –t-il pas suffisamment de temps à la jeunesse pour s'imposer au sein des partis via d'éventuels congrès ? N'a-t- il pas ridiculisé pendant longtemps aux yeux des jeunes cadres l'implication politique au sein des partis par le biais de la technocratie ? L'Etat n'est il pas satisfait tout simplement de cette situation politique où l'ensemble des acteurs politiques « non jeunes » sont devenus plus consensuels que le consensus ? La vie des jeunes n'est pas toujours rose, ce qui compte ce n'est pas la force des coups que vous donnez, mais plutôt le nombre des coups que vous pouvez recevoir tout en continuant à avancer, tout ce que vous pouvez endurer tout en marchant la tête haute. Il ne faut surtout pas mettre notre frustration sur le dos des « non jeunes » en disant que c'est à cause d'eux que nous n'arrivons pas à faire ce que nous voulons faire… Tout dans la vie, soit il se mérite, soit il s'hérite. Alors, si vous saviez ce que vous valez, prenez les marches pour avoir ce que vous méritez afin de contribuer positivement à ce que notre pays progresse d'une manière démocratique et moderniste. * Samir Belfkih est professeur à l'Université Sidi Mohammed Ben Abdellah et Chercheur Sociopolitique – Socioéconomique