Le pôle arabophone de la chaîne de télévision France 24 présentait hier soir une émission animée par le journaliste Jamal Boudouma consacrée au sujet de la liberté de la presse au Maroc. La deuxième partie de l'émission était consacrée à une analyse de la liberté de la presse à travers l'affaire Ali Anouzla. Etaient invités pour en débattre, le ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, Mustapha El khalfi, l'universitaire et député USFP, Hassan Tariq et Khadija Marouazi, universitaire et secrétaire générale de l'association Al Wassit pour la démocratie et les droits de l'homme Le présentateur commence par interroger Mustapha El Khalfi sur son sentiment de voir le journaliste Anouzla poursuivi dans le cadre de la loi antiterroriste. Une loi brandie en épouvantail contre le PJD, auquel appartient le ministre, après les attentats du 16 mai 2003 et menaçant de dissoudre le parti actuellement au gouvernement. El Khalfi répond « ne pas souhaiter interférer dans une affaire entre les mains du juge d'instruction ». Le journaliste rappelle au ministre qu'il a tout de même fait une déclaration interprétée par plusieurs observateurs comme une condamnation prématurée de Ali Anouzla. A ceci le ministre a répondu que le communiqué de son département est venu « répondre à une demande adressée au gouvernement par des organisations internationales ». « Nous nous sommes prononcés sur le contenu de la vidéo et non pas sur le fond de l'affaire en cours d'instruction» a-t-il précisé. Hassan Tariq a réagi aux propos du ministre en qualifiant son attitude de « honteuse » dans le sens où « sa déclaration comportait des opinions juridiques susceptibles d'être interprétées à charge contre Ali Anouzla au cours du procès et donner lieu à un verdict injuste ». Tariq pense que « la poursuite de Ali Anouzla est une atteinte aux droits et à la liberté de la presse, à la liberté d'expression, à la Constitution de 2011 et au processus de réforme de la justice ». Quant à Khadija Marouazi, elle « n'imaginait pas autant de dégâts dans le corps du journalisme durant le mandat du gouvernement Benkirane ». « Notre surprise est d'autant plus grande que l'arrestation de Mr Anouzla intervient en plein débat public sur la nécessité d'abolir les sanctions privatives de liberté dans le code de la presse » a-t-elle ajoutée. Marouazi a demandé la libération immédiate de Ali Anouzla. « En cas de poursuite, l'autorité judiciaire doit faire prévaloir la loi spéciale appliquée aux journalistes et non pas s'appuyer sur une loi générale et encore moins sur une loi d'exception telle que la loi anti-terroriste dont l'application a démontré de nombreux disfonctionnements durant toute une décennie » a conclut Marouazi.