Une centaine de personnes de la société civile ont manifesté ce jeudi à Rabat devant le ministère de la Justice pour réclamer la libération d'Ali Anouzla. Déclarations. Journalistes, acteurs associatifs, militants et simples citoyens s'étaient donnés rendez-vous ce jeudi devant la ministère de la Justice à Rabat pour réclamer la libération d'Ali Anouzla, toujours en garde à vue depuis son arrestation mardi matin. Voici quelques déclarations recueillies par Lakome auprès des participants. Abderrahmane Benameur, bâtonnier et leader politique, avocat de la défense: «En ma qualité d'avocat de la défense de Ali, j'ai su auprès du parquet qu'Ali est poursuivi pour apologie du terrorisme. Mais dans le cas d'espèce, nous démontrerons en temps opportun qu'aucune des conditions requises pour la qualification de cette infraction n'est réunie dans le cas qui nous intéresse. Pire, ce sont eux qui, par cette procédure contre un journaliste, s'exposent à la loi pénale par leur restriction à un droit national et fondamental qui est la liberté d'expression et la liberté de la presse». Khadija Riyadi, coordinatrice de la Coalition marocaine des organisations de défense des droits de l'homme (CMODDH) : «La tournure que prend l'affaire de Ali Anouzla nous permet de penser qu'il s'agit d'une détention arbitraire, d'une détention pour délit d'opinion, un procès dirigé contre un journaliste professionnel pour ses idées. Cette histoire nous rappelle celle du militant M20F de Ouazzane, Loqmane Raoui poursuivi dans le cadre de la loi antiterroriste il y a deux ans pour ses activités militantes au sein du mouvement». Ibrahim Ansari, correspondant Human Rights Watch (HRW) Rabat: «Nous suivons avec beaucoup d'inquiétude l'affaire de Ali Anouzla. Il est permis de douter de la neutralité de cette action judiciaire menée contre lui d'autant qu'il a plusieurs fois fait l'objet de poursuites dans le cadre de son métier. Un journaliste ne doit pas s'autocensurer tant qu'il n'appelle pas lui-même à commettre des actes condamnables par la loi». Mouad Belghouat, artiste (rappeur) : «C'est une vengeance contre Ali Anouzla qui a toujours critiqué objectivement le régime marocain. On est là pour dire notre ras-le-bol. D'ailleurs, je prépare un nouvel album dans lequel un des titres sera exclusivement dédié à la situation de la presse au Maroc» Fouad Abdelmoumni, universitaire et militant défenseur des droits de l'homme : « Ali est une icône des médias citoyens et de la société civile marocaine. C'est une honte de l'accuser de faire l'apologie du terrorisme. L'arbitraire continue d'essayer d'éviter la déferlante de la liberté d'expression mais il est au chant du cygne face à la marche déterminée de notre pays vers l'émancipation ». Khalid Soufiani, avocat et militant défenseur des droit de l'homme : « A quoi sert le code de la presse si le métier de journaliste tombe sous le coup de la loi antiterroriste et de la loi pénale ? N'est-ce pas du rôle du journaliste d'informer sur les dangers qui guettent le pays ? Ali n'a pas fait de l'apologie du terrorisme. Au contraire, il l'a dénoncé en informant les autorités et les citoyens du danger que représentait la vidéo d'AQMI. Je crois, qu'il s'agit du règlement d'un long conflit qui oppose Ali à ses détracteurs. Je dis STOP aux atteintes à la liberté de la presse ! En ma qualité de défenseur des droits humains, je constate qu'à chaque moment où les marocains sentent une évolution dans le sens de l'ouverture et des libertés, des épisodes noirs comme celui-ci surgissent de nulle part pour nous ramener des années en arrière». Najib Chaouki, journaliste : «C'est un dossier fabriqué contre le journaliste Ali Anouzla qui a toujours critiqué la nature despotique du régime marocain. Il n y a qu'à voir les réactions instantanées de certains partis politiques connus pour leur inféodation au makhzen pour comprendre que cette poursuite est un règlement de compte clair contre Ali». Nabil Lahlou, cinéaste : «J'ai les larmes aux yeux, non pas parce que Ali est au cachot mais parce que notre pays reste petit et n'arrive pas à grandir à cause de ces bavures judiciaires qui ne sont que des signes de la dictature». Béatrice Mesa, journaliste espagnole (Periodico) : «Je suis déçue de voir un pilier de la démocratie s'effondrer au Maroc. La démocratie ne peut exister sans liberté de la presse. Cette poursuite est liberticide pour le progrès démocratique». Ibtittissam Betty Lachgar , militante du mouvement du 20 février à Rabat : «Cette histoire est risible et me terrorise à la fois. Je pense que le mouvement de solidarité avec Ali Anouzla ne doit pas s'essoufler et continuer de plus belle pour obtenir sa libération immédiate». Mohammed Salmi, Coordinateur du comité de défense des droits de l'homme de Jamaat Al Adl Wal Ihssane : «Nous sommes venus exprimer notre entière solidarité avec le grand journaliste Ali Anouzla. Il s'agit pour nous d'une procédure arbitraire menée contre lui et qui témoigne de l'absurdité des raisons officielles annoncées pour son arrestation». Tariq Sbai, président du Comité nationale pour la protection de l'argent public (CNPAP) : « Je pense que cette poursuite porte un vent de l'Ouest. Suite au dernier article de Ali sur le danger du régime saoudien sur la démocratisation du monde arabe, je n'écarte pas cette possibilité. Ce procès me rappelle celui de Noubeir Oumaoui dans les années 80, au moment du gouvernement Filali. Oumaoui a été emprisonné pour diffamation au moment où il demandait une monarchie parlementaire ». Mohammed Merouani, leader du parti Al Oumma (dissout) : «Nous exprimons notre totale solidarité avec monsieur Ali Anouzla et notre condamnation de cette détention à caractère politique. Nous joignons nos voix à celles et ceux présents aujourd'hui et à toutes celles et ceux qui demandent la libération immédiate du journaliste. Inaugurer la saison avec une telle affaire augure certainement d'autres mauvaises surprises auxquelles nous a habitué le régime». Jacopo Granci, chercheur italien : «Je connais Ali Anouzla pour avoir collaboré avec lui sur plusieurs projets. Il a toujours fait preuve d'un grand sens du métier et de la déontologie. Je suis frappé par ce qui lui arrive, d'autant qu'il est poursuivi par les pires instruments juridiques répressifs dont dispose la justice marocaine, à savoir la loi anti-terroriste». Photos du sit-in