Une semaine après avoir scandaleusement gracié Daniel Galvan Viña, un Espagnol de 63 ans condamné en septembre 2011 à 30 ans de prison ferme au Maroc pour le viol de 11 enfants âgés de 4 à 15 ans, le roi Mohammed VI revient sur sa décision sous la pression populaire. Ce pédophile serait déjà bien loin. Pendant toute cette semaine, ce sont les manifestants qui auront subi répression, bâtonnages, insultes de tout genre. La première déclaration du palais, a tenté d'absoudre le roi de cette décision scandaleuse en affirmant qu'il n'était pas au courant. Deux possibilités s'offrent alors à nous : 1- Soit, cette déclaration est mensongère car il savait et a priorisé ses relations d'Etat au mépris des victimes de viol et de leurs familles. 2- Soit le roi ne s'intéresse pas de savoir les raisons d'incarcération des personnes qu'il grâcie. Ce qui en dirait long de sa politique et remettrait en cause son droit de grâce. L'annulation de cette décision de grâce royale doit être mise à l'actif des défenseurs des droits humains et de toutes les personnes qui spontanément sont sorties dans la rue dans plusieurs villes du Maroc pour crier leur indignation. Ils ont su et pu faire reculer le roi. Mais, comme certains militants l'ont déclaré, en demandant des excuses de la part du roi, ce n'est pas suffisant. En effet, il ne s'agit pas seulement de revenir sur cette scandaleuse décision de grâce mais d'identifier les raisons qui l'ont fait prendre et concrétiser des mesures adéquates. 1- Mettre une veille sur des libertés que prennent certains étrangers au Maroc pour éradiquer le tourisme sexuel qui sévit dans notre pays et condamner les comportements et agissements de certains d'entre eux vis-à-vis de marocains traités avec mépris dans un esprit de domination qui nous rappelle l'époque coloniale. 2- Mettre en place une commission d'enquête indépendante pour désigner tous les responsables de violences policières et leurs commanditaires contre des manifestants pacifiques qui, avec dignité, se sont élevés contre le scandale de la grâce royale. 3- Travailler à la refonte profonde de la constitution pour instaurer l'indépendance de la justice et la séparation de fait des pouvoirs. 4- Revoir les prérogatives royales conformément au principe d'une monarchie constitutionnelle inscrite dans la constitution au lieu de les lister pour répondre à une « constitution monarchique » Le peuple marocain a enduré et continue d'endurer des sacrifices importants pour plus de justice et de liberté. Ne pas s'y attacher risque de voir exploser sa colère et son indignation car les conditions tant subjectives qu'objectives sont présentes. Les « amis du Maroc » pourraient en subir aussi les conséquences. Hayat Berrada-Bousta, anciennement exilée politique 5 août 2013