Il a fallu moins de quarante huit heures à Mohammed VI, pour ruiner les efforts que son entourage et les « affranchis de tous bords », déploient depuis plus de quatorze ans, pour nous convaincre qu'il est le meilleur de ce qui pouvait nous arriver. En deux temps et trois mouvements, le roi a bouté le feu à la toile, ravivé les mouvements de contestation et secoué la société civile qui, en raison du ramadan et des grandes vacances, somnolaient, dans l'attente d'une rentrée qui promet d'être chaude, au vu de la crise qui n'en finit plus de plonger notre pays dans le marasme. Un premier geste qui fâche Le premier geste qui fâche est la décoration de Malcolm Hoenlein du Wissam Alaoui de l'Ordre du Grand Officier à l'occasion de la fête du Trône. Une décoration de première classe, pour une figure emblématique du lobby juif pro-israélien, puisqu'il se trouve à la tête de la toute puissante Conférence des présidents des grandes organisations juives des Etats-Unis. L'homme est également, la figure de proue des relations israélo-américaines. L'information est passée quasiment inaperçue, les journaux marocains ayant appris, depuis belle lurette, à passer sous silence tout ce qui pourrait porter atteinte au prestige du Commandeur des croyants, dont on sait qu'il est, par ailleurs, le Président du « Comité Al Qods ». S'il y a fort à parier que la décoration intervient en récompense de la mobilisation qui a réussi à entraver la résolution américaine d'extension du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental, il n'en demeure pas moins qu'elle est la preuve incontestable des relations troubles que le palais entretient avec les lobbys anti-palestiniens en général et les services secrets de l'Etat israélien, en particulier. Cette affaire en rappelle une autre qui avait particulièrement indigné les marocains et les soutiens de la cause palestinienne, celle du collier serti de diamants, que l'épouse de Mohamed VI avait offert à Tzipi Livni, au moment même où la cheffe de la diplomatie israélienne d'alors, faisait l'objet d'un mandat d'arrêt pour crimes de guerre, émis contre elle par un juge britannique, en mars 2009, après l'opération «Plomb durci», menée par Tsahal à Gaza. Trois avocats marocains avaient également profité de sa présence sur notre sol, du 19 au 21 novembre 2009, pour déposer plainte contre elle, au parquet de Rabat pour les mêmes motifs. Une plainte classée sans suite. Autant de comportements qui confortent l'Etat sioniste dans son aveuglement coupable. Un signal positif à la politique de l'Etat hébreux de confiscation des terres, de colonisation intensive de la Cisjordanie et d'assassinats des enfants de Palestine. Et un second geste qui indigne Le second geste de Mohammed VI aura été cette affaire de grâce royale qui a englobé, parmi une quarantaine de détenus espagnols, Daniel Galvan Viña, un pédophile condamné par la justice marocaine à trente années d'emprisonnement, pour le viol de onze mineurs âgés de deux (2) à quatorze (14) ans. En prime, on apprenait, avec stupéfaction, que l'individu avait réussi à franchir la frontière, au moyen d'un passeport périmé. Pour qui connaît la police marocaine des frontières et ses contrôles tatillons, on peut légitimement s'indigner de ce laxisme coupable, sans lequel l'Etat marocain aurait pu rattraper sa bévue............. A l'heure où partout dans le monde, on s'acharne à neutraliser les pédophiles, notre pays remet dans la nature un dangereux prédateur, au risque de l'inciter à récidiver. Une affaire qui en réveille d'autres, notre pays s'étant forgé la solide réputation de refuge de pervers qui viennent s'y soulager, en toute impunité. Souvenons-nous. mai 2011, l'ancien ministre de l'éducation française, Luc Ferry, évoquait sans détour les déviances sexuelles supposées d'hommes politiques de l'hexagone : - "Vous avez un épisode qui est raconté d'un ancien ministre qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons. Probablement ici, nous savons tous de qui il s'agit". Et l'ancien ministre d'ajouter : -« Les plus hautes autorités de l'Etat, notamment le Premier ministre m'ont confirmé cette arrestation et la libération en toute discrétion de cet ancien ministre » Une déclaration qui aurait du susciter l'ouverture d'une enquête et la poursuite éventuelle de l'intéressé par la justice pénale. Contre toute attente, l'affaire fut classée sans suite, probablement « sur instructions ». Silence complice et démissions qui se perdent Dans le cas qui nous intéresse, chacun se renvoie la balle. Le Ministre de la justice, qui aurait du présenter sa démission, a sorti sa plus belle pagaie, pour ramer dans le sens du courant, avec des déclarations dont la lâcheté le dispute à l'ignominie. Le but de la manœuvre étant de se dédouaner de toute responsabilité, sans paraître toutefois, égratigner le roi : - « Je ne suis pas habilité à commenter une décision de deux souverains....... l'administration a pour mission d'exécuter. L'individu sera extradé et interdit de territoire au Maroc » Depuis quant une interdiction de territoire, remplace-t-elle une condamnation pour pédophilie ? Au Palais qui observe, comme de coutume, un silence hautain. Il n'est, en effet, pas dans les habitudes du roi de justifier de ses actes et encore moins de présenter ses excuses à la Plèbe. Dans la presse française, très peu encline à commenter les affaires louches, ayant pour théâtre, le suzerain marocain, un silence gêné est de mise. Surprenant pour un pays, dont la moindre affaire de pédophilie, aussi bien dans l'hexagone qu'ailleurs, déclenche des vagues de protestation et une surmédiatisation. Dans une démocratie qui se respecte, cette affaire aurait du coûter leur poste à la plupart de ceux impliqués dans la chaîne de responsabilité, jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Soit qu'ils démissionnent, soit qu'ils soient démis de leurs fonctions. En attendant, la mobilisation générale décrétée par la société civile et les réseaux sociaux sont sans doute, la meilleure réponse à apporter, à la face des responsables, en attendant qu'un jour, le bon droit et la justice prennent la place qui est la leur, dans la marche des institutions de notre pays.