Le ministère de l'Intérieur a vivement démenti les allégations de torture formulées par six détenus sahraouis et accuse Amnesty International de «manque d'objectivité». L'association demandait simplement l'ouverture d'une enquête impartiale pour vérifier ces allégations... Le communiqué publié par Amnesty international le 16 mai dernier suite aux allégations de torture à Laâyoune a fait réagir l'Intérieur. L'agence officielle MAP a publié ce weekend un démenti du ministère, virulent contre l'ONG internationale. Le communiqué de l'Intérieur "déplore le manque d'objectivité dont a fait preuve Amnesty International concernant ces prétentions au sujet desquelles elle aurait pu d'ailleurs obtenir les éléments d'information auprès des autorités marocaines, préalablement à toute prise de position ou publication d'un quelconque communiqué". L'Intérieur ajoute que "ce qui est rapporté dans le communiqué précité n'est que pures prétentions et affabulations dénuées de tout fondement". Le CNDH annonce un examen médical des détenus Amnesty international demandait simplement que ces allégations de torture soient vérifiées à travers «une enquête indépendante et impartiale» afin de faire toute la lumière sur cette affaire. Le secrétaire général du CDNH, Mohamed Sebbar, a d'ailleurs annoncé vendredi à H24info qu'il comptait se rendre lundi à Laâyoune avec un médecin pour rencontrer et examiner les six détenus. L'Intérieur a-t-il enquêté avant d'arriver à la conclusion que ces allégations ne sont que «pures prétentions et affabulations» ? Le communiqué ne le précise pas. Les arguments développés par le ministère pour appuyer ces affirmations semblent toutefois légers. Concernant la torture et les mauvais traitements que Hussein Abbah, 17 ans, dit avoir subi pendant les interrogatoires et sa détention, l'Intérieur balaie l'accusation d'un revers de la main en répondant que le procureur général a rencontré deux fois le jeune détenu sans avoir «pu constater une quelconque trace de torture ou de violence». Le ministère argue également que le jeune Hussein, libéré le 12 mai avant d'être incarcéré de nouveau trois jours plus tard, aurait pu profiter de cette courte période de liberté pour établir des certificats médicaux prouvant ses allégations... Pour rappel, Hussein Abbah avait déclaré à sa libération que les officiers de police avaient pressé une éponge imbibée d'urine sur son visage, lui avaient baissé son pantalon en le menaçant de viol et l'avaient battu pendant qu'il était suspendu en l'air. Le jeune détenu a également déclaré à Amnesty international et à la Codesa avoir signé le procès-verbal de la police «sous la contrainte». L'Intérieur affirme que ces accusations sont «dénuées de fondement». L'argument du ministère ? «Les procès-verbaux d'audition des six personnes sont signés de leur propres mains, avec leur nom et prénom, et jointes aux pièces du dossier, et ce après les déclarations et rapports sur la garde à vue». Par ailleurs, le communiqué de l'Intérieur n'a pas répondu à certains points soulevés par Amnesty international ainsi que par l'AMDH, comme le fait que certaines familles de détenus accusent les policiers de ne pas avoir présenté de mandat d'arrêt lors des arrestations du 9 mai dernier. Ou le fait que la délégation d'Amnesty International qui s'est rendue à Laâyoune fin avril a constaté de visu que des éléments des forces de l'ordre jetaient des pierres sur les manifestants le 27 avril dernier. Comme à Boujdour, la scène avait été filmée.