Amnesty International et la CODESA demandent l'ouverture d'une enquête "indépendante et impartiale" suite aux allégations de torture de six Sahraouis, dont un mineur de 17 ans, incarcérés après les manifestations de Laâyoune. Suite aux manifestations pro-autodétermination qui ont secoué Laâyoune, Smara et Boujdour depuis fin avril, les autorités ont procédé il y a quelques jours à de nombreuses interpellations. Selon la version officielle de l'Intérieur, des jeunes Sahraouis payés par le Polisario et l'Algérie attaquent depuis fin avril les forces de l'ordre à coups de pierre et d'armes blanches, faisant 150 blessés parmi les policiers. Les autorités nient tout dépassement de la loi. Une version vivement contestée par les activistes sahraouis mais aussi par les associations de défense des droits de l'homme, qui affirment que les manifestations étaient pacifiques et que ce sont les forces de l'ordre qui ont provoqué et attaqué les participants, déclenchant des heurts avec certains jeunes. Une délégation d'Amnesty international qui était à Laâyoune fin avril affirme avoir observé des forces de l'ordre en train de lancer des pierres contre les manifestants le 27 avril. La scène a été filmée. Amnesty International vient d'ailleurs de publier un communiqué demandant l'ouverture d'une enquête «indépendante et impartiale» suite aux allégations de torture formulées par six détenus sahraouis, arrêtés le 9 mai dernier après les manifestations. Accusations de torture Parmi eux, un mineur de 17 ans, Hussein Abbah, qui avait été relâché sous caution le 12 mai. Après sa sortie, ce jeune avait affirmé à la CODESA et à Amnesty International avoir été torturé par la police, menacé de viol et forcé à signer des «confessions». Il racontait notamment que les officiers de police avaient pressé une éponge imbibée d'urine sur son visage, lui avaient baissé son pantalon en le menaçant de viol et l'avaient battu pendant qu'il était suspendu en l'air. Les autorités n'ont pas commenté ce témoignage mais le jeune Hussein Abbah a été arrêté de nouveau et ramené en prison. Lui et les cinq autres détenus sont poursuivis selon Amnesty international pour «violences contre des agents de la force publique», «participation à un rassemblement armé», «avoir placé des objets sur une route pour bloquer la circulation» et «destruction de propriété publique». Ils doivent comparaître le 14 juin prochain. Ils risquent jusqu'à dix ans de prison. Amnesty international mentionne également le fait que les interpellations du 9 mai auraient été menées sans mandat. Un communiqué de l'AMDH (bureau de Laâyoune) publié le lendemain détaille ces interpellations. La mère du jeune Hussein Abbah raconte l'arrestation de son fils qu'elle décrit comme un enlèvement : «Lorsque je l'ai cherché à la préfecture de police à Laâyoune, ils ont nié avoir arrêté mon fils et ont nié sa présence chez eux. D'autres femmes dont les enfants avaient été enlevés se sont regroupées pour demander des informations sur leurs enfants. Notre groupe de femmes a été expulsé par la force de la préfecture de Laâyoune et nous avons été insultées.» Le bureau local de l'AMDH rappelle dans ce communiqué ses précédentes alertes «à propos de la détérioration des droits humains à cause des forces publiques à Laâyoune qui commettent des violations des droits humains en l'absence d'enquêtes et de poursuites légales qui auraient visé à punir ceux qui commettent ces violations».