Le roi Mohammed VI a présidé le mardi 5 mars à Fès la cérémonie de lancement du «plan national des urgences médicales». A cette occasion, le ministre de la Santé El Hossein Ouardi présentation devant le roi les grandes lignes de ce plan et les principaux axes de voies de la restructuration des circuits des urgences médicales. La télévision nationale a montré les supports de présentation du ministre qui comportent en particulier une page où sont listées les références de base dont s'inspire le projet entier et qui lui donnent en quelques sorte sa légitimité (voir l'image ci-dessous) Le ministre a ainsi mis en évidence quatre références, dans l'ordre suivant: On observe que les directives royales sont citées en premier rang et la Constitution au deuxième rang, ce qui soulève cette question de principe: Est-il raisonnable que la loi fondamentale occupe le deuxième rang dans un Etat de droit ? Est-il raisonnable que la Constitution (malgré ses lacunes) ne soit pas lé référence des références, qui a la préséance sur toutes les autres sans exception aucune et à laquelle se soumet tout le monde, y compris le chef de l'Etat ? L'ordre choisi ne signifie-t-il pas que le concept d'Etat des individus est encore dominant par rapport à celui de l'Etat des institutions, en dépit de la propagande officielle ? Faut-il déduire que ce plan national n'aurait pas vu le jour s'il n'y avait pas de directives royales, malgré ce que prévoit la Constitution et malgré le programme gouvernemental qui engage le gouvernement (en théorie) devant le élus de la nation (en théorie aussi) ? Le ministre a commencé son discours ainsi: "En application des hautes instructions de votre majesté qui visent à étendre la protection sociale et la couverture sanitaire, la lutte contre toutes les formes de pauvreté et d'exclusion, et la consolidation de la solidarité entre les générations, j'ai le grand honneur d'exposer devant votre prestigieuse majesté les grands axes du plan national des urgences médicales... " Ce discours du ministre est très clair : il considère que lui ainsi que son ministère ne sont que des exécutants des hautes instructions. Qu'est-ce qui a été changé si le responsable politique qui représente un parti politique accepte volontairement d'être réduit au statut de fonctionnaire qui se contente d'exécuter les instructions? Le ministre ajoute ensuite dans la même veine: « En application des directives éclairées de votre majesté qui visent la consécration effective du droit à l'accès aux soins, le gouvernement a travaillé à mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer le succès de ce plan qui figure parmi les priorités du programme gouvernemental ...". Qu'est-ce qui se passe si le programme du gouvernement ne correspond pas aux directives éclairées, quelle est l'utilité du programme gouvernemental entier, pourquoi ne pas se contenter seulement des directives éclairées puisque ces directives sont incontestables et sont par essence au dessus de toute autre considération ? Avant de conclure, le ministre a encore puisé dans le même répertoire de la rhétorique aujourd'hui dépassée: «...Voilà donc les grandes lignes de ce plan qui, grâce à Allah et grâce à votre haute sollicitude et à vos directives éclairées, permettra d'apporter des services d'urgence conformes aux attentes des citoyens ...» De toutes les manières nous espérons que ce plan réussira à sauver des vies de citoyennes et citoyens, pourra atténuer en particulier les conséquences des accidents de la circulation et que le Maroc disposera d'un système d'urgences médicales performant. Quant à la modernisation du discours politique, l'abandon des formules d'obséquiosité et l'instauration d'un Etat de droit, ce ne sont pas des affaires urgentes.