Après la campagne de communication des Emiratis Etisalat quant à leur quasi-certaine reprise des parts de Vivendi dans Maroc Telecom, les Qataris de Qtel réagissent et misent sur les bonnes relations avec Rabat. Qatar Telecom s'estime en bonne position pour reprendre les 53% de Vivendi dans Maroc Telecom grâce aux bonnes relations entre le Qatar et le royaume. Rabat, qui détient 30% de Maroc Telecom, aura son mot à dire dans le choix du repreneur, a expliqué Nasser Marafih, directeur général de Qtel, dans un entretien accordé à Reuters en marge du World Mobile Congress de Barcelone. "Les considérations politiques sont importantes, et c'est un aspect qui reste à traiter dans les discussions" qui débuteront bientôt, a-t-il dit. "Je pense que le Qatar entretient de bonnes relations avec le Maroc, et Qtel a joué un rôle important dans le développement des pays où nous sommes présents." Qtel, qui s'apprête à changer de nom pour devenir Ooredoo - transcription anglaise de "Je veux" en arabe - est contrôlé à 68% par l'émirat. La participation de 53% de Vivendi dans Maroc Telecom est également convoitée par Etisalat - le principal opérateur télécoms des Emirats arabes unis - et par l'opérateur sud-coréen KT Corp, numéro deux sur son marché national. Qtel est conseillé par J.P. Morgan pour son offre sur la participation de 53%, qui est valorisée à quelque six milliards de dollars (4,5 milliards d'euros) par les analystes. Les offres définitives sont attendues pour la mi-mars. "Qtel ne se laissera pas entraîner dans une guerre de surenchère avec Etisalat et KT", a-t-il ajouté. "Il faut que cela fasse sens pour nous. Nous n'avons pas peur de faire marche arrière si ce n'est pas le cas", a-t-il dit. L'opérateur qatari a pris pied dans 16 pays au cours des dix dernières années, de l'Indonésie à l'Algérie. Au cours de l'année écoulée, il a investi 3,9 milliards de dollars pour renforcer ses participations dans ses filiales d'Irak et du Koweït. Selon Nasser Marafih, la stratégie du groupe consiste à se renforcer sur ses marchés les plus importants, tout en mettant l'accent sur les réductions de coûts. L'acquéreur des 53% de Vivendi dans Maroc Telecom sera probablement tenu de présenter une offre aux minoritaires, ce qui fera monter le prix de l'opération. Vivendi espérait à l'origine tirer au moins 5,5 milliards d'euros de son désengagement de l'opérateur marocain mais les analystes jugent ce prix trop ambitieux. Nasser Marafih a refusé de s'exprimer sur les prétentions du groupe français ou la valorisation de Maroc Telecom, indiquant seulement que Qtel effectuait sa propre évaluation sur des critères de long terme. (Véronique Tison pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)