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Le nouveau visage fort d'Al Qaïda
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 03 - 2004


Abou Moussaab Al Zarkaoui
Toutes les pistes mènent à lui. Des attentats de Bagdad à ceux du 11 mars, son nom est cité à tout bout de champ. Le Jordanien de la bourgade Al Zarka, Ahmed Fadil Nazzal Al Khalayleh, plus connu sous le nom d'Abou Moussaab
Al Zarkaoui, est aujourd'hui derrière les groupes terroristes armés marocains. Le GICM qui est sa création lui a fait allégeance en Turquie où des figures comme celles de Mohamed Guerbouzi et Karim Mejjati ont été désignées pour mener les attaques contre
le Maroc et d'autres cibles. Retour sur le parcours du nouvel homme fort
d'Al Qaïda.
On pourrait facilement croire que Oussama Ben Laden, sachant qu'il était condamné depuis des années, d'une part par la maladie qui lui ronge les reins, d'autre part, par les traques continues qui sont arrivées à bout de la vigilance du chef de la nébuleuse, préparait sa relève. Quand on scrute les fondements des différents niveaux dans la direction du réseau de Ben Laden, seul le nom d'Abou Moussaab Al Zarkaoui ressort au-dessus de tous les autres qui se sont confinés dans la hiérarchie sans trop briller. Aujourd'hui, sur un autre front, Al Zarkaoui est en train de réitérer ce que Oussama lui-même avait fait sur les fronts afghans contre les Russes depuis le début de la guerre en 1979. L'Irak lui offre l'occasion d'organiser sa guerilla, de frapper quotidiennement, monter en puissance et par là même réunir sous sa coupe plusieurs chefetons qui formeront certainement plus tard l'ossature d'une nouvelle structure dont il sera le leader absolu.
L'étape afghane et la rencontre du chef
Abou Moussaab Al Zarkaoui s'appelle en réalité Ahmed Fadil Nazzal Al Khalayleh. Il voit le jour dans la petite bourgade de Zarka (la bleue) en 1966. Le pseudonyme d'Al Zarkaoui fait référence à son petit patelin de l'Est de la Jordanie qui l'aura marqué pour la vie. Il grandira dans une famille très modeste, régentée par un père fonctionnaire, pas très brillant et presque effacé. Dans la tribu des Beni Hassan, juchée des deux côtés de la frontière jordano-irakienne, le souvenir du père est presque inexistant. On se souvient d'une famille modeste qui s'en sortait bien sans trop s'attirer les regards des curieux. L'Irak, devenu aujourd'hui son terrain de jeu favori, est très pesant dans son existence. Plusieurs membres de sa famille sont Irakiens, ont vécu en Irak ou à cheval entre les deux rives jordanienne et irakienne. On dit aussi
que le jeune Abou Moussaab adorait les voyages de l'autre côté de la frontière pour visiter ses lointains oncles qui vivaient sous la tutelle de Bagdad. Souvenirs dont il parlera plus tard comme quelques-unes des pages les plus marquantes de sa jeune vie. Son binationalisme prendra des proportions plus importantes le jour où il osa déclarer que l'Irak et la Jordanie n'étaient en fait qu'une seule et même patrie… Très jeune, à peine la vingtaine passée, il sent monter en lui cette même ferveur qui a vu de nombreux “frères” laisser derrière eux familles et parents pour aller s'enrôler sur les fronts de la guerre contre les Soviétiques. Abou Moussaab quitte l'école, laisse les études derrière lui malgré un bon potentiel qui le donnait déjà comme l'un des jeunes les plus prometteurs de son école. L'appel des tranchées et de l'odeur de la chair cramée sur les hauts plateaux de l'Afghanistan prend le dessus. Vers la fin des années 80, il trouve le moyen de faire partie d'un groupe qui acheminait les jeunes recrues vers la terre du “jihad”. C'est sur ce chemin qu'il décide de changer de nom. La légende d'Abou Moussaab Al Zarkaoui est en train de prendre corps. Certains ex-moujahidines raconteront plus tard qu'il était le plus excité de tous et que le convoi lui semblait une torture tellement le trajet était long et le moral des troupes au beau fixe. Il restera là-bas plus de deux ans où l'on parle de sa bravoure et de sa force mentale qui l'avaient distingué aux yeux de ses pairs. C'est à cette période qu'il se fait remarquer par Oussama Ben Laden sur le champ de bataille où le jeune d'Al Zarka n'hésitait pas à attaquer quand d'autres préféraient le repli. Quand il regagne sa petite ville natale en 1991, la famille découvre un jeune homme changé que plus rien ne touche. Absorbé dans des choses que sa famille ne pouvait deviner, il passait la majeure partie de sa journée à lire le Coran. Quand il ne récitait pas des versets à tue-tête, il était dans la boutique de location de cassettes religieuses où il avait trouvé un nouveau refuge. La cassure due à la mort de son père le plonge dans un profond désespoir. La famille lutte comme elle peut pour s'en sortir et le jeune Abou Moussaab se sent impuissant de lui venir en aide. Les confréries des mosquées remplissent son temps, la compagnie de certains frères musulmans lui donne du réconfort jusqu'au jour où il se marie.
Les années dures
Pour ceux qui pensaient que le mariage allait adoucir la vie d'Al Zarkaoui, les jours allaient afficher une autre tournure à la suite des événements. Le mariage bat en peu de l'aile et l'année 1992 annonce déjà la couleur. Premier revers de fortune, la boutique fait faillite. Abou Moussaab est dans la tourmente. Il n'est plus seul, il a une famille sans compter sa mère et ses frères qui attendaient, après la mort de son père, beaucoup de lui. Dans son entourage, certains de ses vieux amis lui conseillent de prendre le chemin des organisations secrètes. Il intègre alors des cellules islamistes et coule dans la fratrie de la clandestinité. Son nom fera très vite le tour de toutes les formations de l'ombre. On le reconnaît, on le respecte, on lui voue une grande admiration. En novembre 1993, son nom arrive aux oreilles des autorités jordaniennes. La police organise de grandes rafles dans le milieu des “Afghans” de Jordanie, très nombreux à l'époque et considérés comme dangereux pour le gouvernement et le royaume hachémites. Abou Moussaab est pris dans les rets de la police. Al Zarkaoui n'oubliera jamais cette arrestation. Il est prisonnier sans jugement durant cinq longues années. Il ne sera libéré qu'à la faveur d'une amnistie générale.
Sa sortie coïncide avec la montée en puissance de nouveaux groupes de jihadistes qui reprenaient le chemin de l'Afghanistan mais pour d'autres raisons que le combat contre les Russes. Il se lie à plusieurs factions, ce qui le mettra de nouveau dans le collimateur des autorités qui savaient qu'il n'avait pas décroché, mais que les années de prison avaient renforcé en lui cette hargne qui le distinguait déjà. Il est de nouveau recherché car on le soupçonnait d'être à l'origine des attentats contre des touristes occidentaux. C'est à ce moment de sa vie qu'il décide de fuir. Il ira directement au Pakistan où il avait déjà de nombreux compagnons à Peshawar. Il se fait très vite une place et ouvre une échoppe où il devient vendeur de miel. C'est là qu'il prend contact avec de hauts dignitaires d'Al Qaïda qu'il avait rencontrés en Afghanistan. La fin de l'année 1999 est très importante pour la suite de la carrière du jeune Abou Moussaab. On le mènera de l'autre côté de la frontière où l'attend un homme qui changera le cours de son existence. A Kandahar il est présenté officiellement à Oussama Ben Laden.
Un face à face devenu légendaire
La personnalité de Ben Laden avait déjà marqué Abou Moussaab, mais le jeune Jordanien avait beaucoup de caractère pour se laisser impressionner facilement. Ne pouvant refuser de courber l'échine devant le chef, il saura tout de même garder sa personnalité intacte de toute influence. Ambitieux, il ne pouvait se résoudre à n'être qu'un sous-fifre dans une structure qui en comptait déjà un grand nombre. Il s'alliera à Oussama qui lui aussi avait repéré dans le jeune Jordanien un futur leader de grande envergure qu'il pouvait utiliser sur d'autres fronts. L'objectif du jeunot étant de régler un vieux contentieux avec la monarchie jordanienne, celui du chef d'installer ses troupes sur une terre frontalière avec l'Irak et Israël. C'est dans sa propre tribu qu'Al Zarkaoui choisit de trouver du renfort. Il l'achemine vers l'Afghanistan via l'Iran et s'autoproclame avec la bénédiction tacite du grand chef responsable d'une faction qui avait choisi la Jordanie comme principale cible. Ben Laden qui a flairé la puissance et l'ambition du jeune Jordanien, trouve de son côté le moyen de le tenir sous sa coupe. Il lui sert ses victuailles au compte-gouttes et gère ainsi le tempérament trop rebelle de sa nouvelle recrue.
Pour pouvoir financer sa campagne contre la Jordanie, il a besoin de plus de moyens, c'est là que Ben Laden impose en douce ses vues. Al Zarkaoui est obligé de faire passer les volontés du chef en premier, quitte à laisser en plan ses premiers objectifs. Il élargira ainsi ses cibles pour s'attaquer d'abord au vieil et éternel ennemi d'Oussama, l'Arabie Saoudite. Très vite l'échange se voit fructueux et Ben Laden décide d'envoyer son jeune poulain à Herat où il élit son quartier général où l'on disait que sa vision s'est vite imposée aux autres comme un tour de force très ingénieux. Le Jordanien entame son travail de recruteur, de défricheur de têtes, de découvreur de nouvelles potentialités pour le jihad. C'est là qu'il envoie des hommes en Tchétchénie, en Turquie, en Géorgie, en Allemagne et en Grande-Bretagne, se constituant un petit réseau personnel au service d'Al Qaïda. La franchise Al Zarkaoui est née et prend très vite des dimensions presque planétaires puisqu'on retrouvera ses hommes aux quatre coins du monde. On découvre alors un autre visage du Jordanien. Il n'aime pas les initiatives, déteste que l'on discute ses ordres et refuse que quiconque donne des ordres à ses hommes. Il veut tout superviser, régenter ses militants au détail près sans rien laisser au hasard. Un trait de caractère qui dérange les proches de Ben Laden mais qui, secrètement, fait son chemin au sein de la structure. Pourtant le chef lui accorde tout son crédit et vers la fin 2001, après les frappes américaines, Al Zarkaoui sera l'un des rares proches à traverser les montagnes avec Ben Laden jusqu'à la forteresse de Tora Bora. Ben Laden n'oubliera pas de son côté que c'est lors de cette fuite que son jeune protégé paiera un lourd tribut à la guerre à ses côtés. Abou Moussaab est blessé à la jambe et doit faire face à la rudesse de la montagne pendant plusieurs jours. Là encore Ben Laden est impressionné par la force mentale et la résistance du jeune homme. Quand le Jordanien est amputé, Ben Laden, lui-même, jure de le venger. Blessé, il trouve le moyen de monter un plan pour rejoindre l'Iran avec quelques amis. Il tentera de s'en sortir mais presque six mois plus tard, jusqu'en mai 2002, les soins prodigués à Téhéran demeurent inefficaces.
Le front de l'Irak et les connexions marocaines
Malade, avec une blessure qui dégénère, il trouve le moyen de guider ses hommes par téléphone. Il prépare des attentats sur son lit d'hôpital en Jordanie et en Allemagne, qui n'aboutissent pas. Entre temps, les sources américaines avaient pisté ses moindres déplacements depuis 1999. Son prestige monte quand on voit sa tête figurer sur la même liste des hommes les plus recherchés du monde. Désormais il intègre le cercle très fermé des douze chefs d'Al Qaïda demandés aux autorités iraniennes. L'étau se resserre de nouveau. Il faut s'enfuir. Al Zarkaoui trouve refuge en Irak en pleine tourmente autour de Saddam, avant la guerre. Selon des sources sûres, c'est entre mai et juillet 2002 qu'il se fait admettre dans une clinique de Bagdad où il se fait amputer d'une jambe. On lui pose alors une prothèse. Il guérit vite et décide de bouger. On le pistera encore dans une ville du Nord-Ouest de l'Irak, à Khurmal, très près de la frontière iranienne, dans une zone interdite à l'armée de Saddam depuis 1991. C'est dans cette bourgade que son nouveau mouvement installera ses quartiers généraux. Ansar Al Islam monte en puissance et commence à préparer des attaques un peu partout dans le monde. Il s'appuiera alors sur de vieilles connaissances des camps afghans et monte une puissante milice qui compte dans ses rangs plusieurs Marocains. C'est à cette période, lors d'une réunion commanditée par lui-même à Istanbul en janvier 2003, en présence de plusieurs de ses émissaires et de Mohamed Guerbouzi, proclamé chef du Groupe islamique combattant marocain, que la décision a été prise de frapper le Maroc. En février 2003, peu avant le déclenchement de la guerre contre l'Irak, dans son réquisitoire contre Bagdad devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell accuse nommément Al Zarkaoui de travailler en Irak en étroite liaison avec les forces de Saddam.
Au lendemain de la guerre, le 21 mars 2003, 45 missiles de croisière s'abattent sur le camp de Khurmal. Abdoul Hadi Daghlas, alias Abou Taisin, le bras droit de Al Zarkaoui, meurt ainsi que bon nombre de militants d'Ansar Al Islam. Le chef s'en sort indemne. Sa réputation fait le tour des cellules d'Al Qaïda. Il se rend au Kurdistan iranien, avec un passeport syrien. Mais très vite, il rentre en Irak en juillet 2003. On saura plus tard qu'il a passé une nuit chez lui, à Zarka, pour rendre visite à sa mère, à son épouse et à ses jeunes enfants. La direction américaine en fait l'homme qui orchestre les attaques en Irak. Un document de 17 pages qui appelle à déclencher une guerre civile et à continuer les attaques contre toute personne travaillant pour la coalition, lui est attribué. On le dit aussi derrière les attaques contre les Chiites. Selon plusieurs services de renseignements en Europe et aux USA, c'est son ombre qui se profile derrière les attentats de Casablanca et d'Istanbul. Pourtant, on voit bien qu'il a toujours su diriger les frappes en utilisant des enfants des pays visés pour ne jamais permettre aux autorités de remonter jusqu'à sa piste. Au Maroc, les kamikazes étaient embrigadés sur place et en Turquie, les terroristes étaient tous Turcs et originaires de la même ville du sud-est de l'Anatolie et appartenaient peu ou prou au même clan familial. Sur le marché des enchères, Al Zarkaoui voit sa cote monter en flèche. Aujourd'hui sa tête vaut 10 millions de dollars depuis le 11 février 2004.
A.N & K.S
Sur la piste des Marocains
La filière belge
Ils sont plusieurs Marocains arrêtés en Belgique. Ils sont tous soupçonnés d'avoir été embrigadés en Afghanistan dans le cadre “des entraînements paramilitaires dans des camps islamistes” sous le commandement de hauts responsables d'Al Qaïda. Ils sont aussi suspectés d'appartenir au “Groupe islamique combattant marocain”.
Le vendredi 19 mars courant aura été une journée pas comme les autres en Belgique. Une semaine après les attentats de Madrid, les pistes marocaines se multiplient et ouvrent de nouveaux fronts en Europe. Le week-end bruxellois aura vibré au rythme d'une vingtaine de perquisitions qui ont été orchestrées dans les milieux islamistes de la capitale et de deux autres villes belges dont Anvers. Dans le tas, ce sont au moins cinq personnes qui ont été interpellées. L'une d'entre elles est recherchée par les autorités marocaines dans le cadre des attentats de Casablanca en mai 2003. Il s'agit d'Abdelkader Hakimi, Ouadour Abdelhak, Lounani Moustapha et Belhadi Youssef. Présentés au juge Daniel Fransen, ils ont été placés sous mandat d'arrêt sur la base de la nouvelle législation belge “anti-terroriste” adoptée en décembre 2003. Selon les services de polices belges, l'une des personnes interpellées “fait l'objet d'un signalement international délivré par les autorités marocaines suite à l'attentat de Casablanca”. Toutes les tentatives ont été vaines pour découvrir l'identité de ce Marocain demandé par la police marocaine. Tout ce que l'on a pu savoir est que le prévenu avait effectué plusieurs voyages en Belgique où il vivait depuis quelque temps clandestinement. Les charges retenues contre les différents suspects relèvent plus de la logistique que du réel engagement de terroriste. Selon les services de police belges proches du dossier : “les suspects sont soupçonnés d'avoir suivi un entraînement paramilitaire dans des camps islamistes en Afghanistan et d'être liés au “Groupe islamique combattant marocain” (GICM).” Et les responsables belges de détailler ce qu'ils savent sur ce désormais fameux groupe. Il s'agit pour eux d'une faction militaire islamiste très dangereuse qui regroupe plusieurs activistes non seulement sur le sol belge mais dans d'autres pays européens. “Ce mouvement islamiste clandestin classé par les Etats-Unis comme terroriste, milite pour l'instauration d'une République islamique au Maroc.”
Sale temps pour les Marocains
Les dernières arrestations viennent jeter un froid sur les déclarations du Premier ministre belge Guy Verhofstadt qui avait déclaré quelques jours avant que la piste bruxelloise ne soit mise à jour qu' à ce jour, aucun élément n'établissait de lien entre Bruxelles ou la Belgique et les attentats du 11 mars à Madrid". Aujourd'hui, il ne fait plus aucun doute sur les connexions pourtant claires entre les Marocains activistes au sein de ce que l'on appelle la cellule espagnole d'Al Qaïda à laquelle appartenait Jamal Zougam, principal suspect dans les attentats de Madrid. Ceci étant, les autorités belges affirment qu'“en raison de l'absence jusqu'à ces derniers mois de législation spécifique à la lutte anti-terroriste en Belgique, le pays a pu servir de “base arrière” à divers mouvement islamistes, d'abord liés au conflit algérien puis au régime des talibans en Afghanistan”.
Aujourd'hui, ce qui semble privilégié est le lien probable avec d'autres cellules dormantes qui ont éclaté au grand jour en Belgique depuis le 11 septembre. Quel est donc le lien entre les Marocains arrêtés aujourd'hui et toutes les affaires qui remontent à plus de six mois quand la Belgique s'est vue soufflée par l'ouragan terroriste. En effet, en septembre 2003, dix-huit islamistes ont été condamnés à Bruxelles. L'affaire avait choqué l'opinion publique belge qui ne pouvait pas soupçonner le pays d'être une cachette à réseaux dormants dont l'ancien footballeur tunisien Nizar Trabelsi, arrêté dans la capitale belge en septembre 2001 alors qu'il préparait un attentat contre une base militaire de Belgique où sont stationnés des soldats américains. Parmi les hommes qui ont été condamnés lors de ce procès, plusieurs ont été reconnus coupables de falsification de passeports et de visas, les documents en question servant à faciliter le passage des volontaires vers les camps d'Afghanistan. Les deux faux journalistes qui ont assassiné le commandant Massoud en septembre 2001 provenaient de ce cercle d'individus qui ont profité de documents contrefaits. L'un d'entre eux, le belgo-tunisien Tarek Maâroufi, considéré pendant le procès comme la “colonne vertébrale” de l'islamisme en Belgique, a comparu une seconde fois devant le justice belge le 22 mars courant pour avoir fourni ses hommes en faux papiers d'identité. Le parquet fédéral avait déclaré en janvier 2004 que Maâroufi avait des “contacts avec l'Italie, l'Espagne et les milieux islamistes de Londres ”.
Nizar Trabelsi, du football professionnel au terrorisme
Au cours d'un procès placé sous haute protection policière, qui a commencé fin avril 2003, Nizar Trabelsi, l'ancien joueur professionnel de football tunisien, âgé de 33 ans, avait avoué avoir planifié un attentat contre la base militaire de Kleine Brogel, dans le Limbourg belge où sont déployés des garnisons américaines. Le procureur fédéral, Bernard Michel, avait demandé à son encontre une peine de dix ans d'emprisonnement et requis des peines de 18 mois à 10 ans contre ses co-inculpés, accusés pour certains de lui avoir apporté de l'aide dans son projet d'attentat, et pour d'autres d'avoir recruté des volontaires qui ont été envoyés en Afghanistan. La relative modération des peines requises s'explique par l'absence d'infractions spécifiquement liées au terrorisme dans la loi belge. Depuis, pour remédier à cette lacune, le Premier ministre Guy Verhofstadt a annoncé des remaniements juridiques pour inscrire les notions d' “infraction terroriste” et de “groupe terroriste” dans le droit belge en prévoyant d'y associer des peines plus sévères. Nizar Trabelsi, ancien toxicomane, est le seul des accusés à être passé aux aveux. Il aurait rencontré des Marocains dans le cadre de son embrigadement en Europe et également lors de son séjour en Afghanistan. Selon certaines sources, il aurait revu chez lui en Belgique ou en Allemagne plusieurs activistes connus dans le cadre des cellules d'Al-Qaïda, dont au moins trois Marocains dont on ignore encore les identités. Il a reconnu durant le procès être parti au printemps 2001 en Afghanistan, pour “ vivre sa foi ”, et raconte avoir été lors de son séjour “traumatisé par le sort réservé par l'Occident aux Musulmans dans le monde”. Il a expliqué avoir découvert en Oussama Ben Laden une figure paternelle, un véritable croyant qui l'a subjugué par ses paroles et ses idées. Rentré en Belgique pendant l'été 2001, au moment où les attentats du 11 septembre étaient fignolés dans leurs derniers détails, l'ancien footballeur était devenu un expert en explosifs après son passage de formation dans l'un des camps afghans. Trabelsi a acheté ou fait acheter à Bruxelles des composants chimiques qui devaient être combinés pour constituer un puissant explosif. Il a aussi déclaré être un kamikaze “convaincu” en expliquant qu'il devait, selon son plan, se faire sauter devant la cantine de la base de Kleine Brogel, au volant d'une camionnette bourrée d'à peu près une tonne d'explosifs. Arrêté le 13 septembre 2001, dans son appartement bruxellois, Nizar Trabelsi s'apprêtait à passer à l'acte. Ses avocats, sur la corde raide,
ont finalement avancé pour la défense de leur client qu'il n'y avait pas eu de véritable “commencement d'exécution” de l'attentat. Ils ont aussi affirmé que Nizar Trabelsi est aujourd'hui un “repenti”, qui a définitivement abandonné l'idée de la violence. Ils ont aussi souligné que le kamikaze repenti nie catégoriquement être impliqué dans un projet d'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris, une hypothèse avancée en France dans le cadre d'une enquête du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. A ce niveau de l'enquête, en France, il s'avère que l'ancien footballeur, star avant sa échéance et sa plongée dans la drogue, aurait aussi été en contact avec des Maghrébins, d'origine marocaine probablement comme le laisse supposer l'accent des personnes rencontrées par Nizar Trabelsi. Un autre aspect du procès d'Al Qaïda à Bruxelles concerne les hommes de la logistique qui ont facilité le recrutement, convaincu les volontaires en leur proposant les documents falsifiés et joué un rôle prépondérant dans la diffusion des thèses quaïdistes en Belgique. La défense nie que les accusés appartiennent à une association terroriste, tandis que le procureur fédéral affirme que leurs clients “ savaient que les volontaires allaient être envoyés pour se battre sur l'un des fronts du jihad”. Des noms marocains circulent “ sous le manteau ” et on n'est pas surpris de voir d'autres Marocains tomber dans les filets de la justice belge dans les prochaines semaines.
A.N & K.S
Y a-t-il une filière hollandaise ?
Les Pays-Bas n'ont pas échappé à la tourmente terroriste. Le plus médiatisé des procès dans l'histoire du pays demeure celui des douze prévenus accusés d'avoir "fourni une aide à des ennemis des Pays-Bas en temps de guerre ou de conflit armé". La messe est dite et la référence est claire par rapport à l'engagement de la Hollande dans la guerre antiterroriste en Afghanistan aux côtés des Américains en 2001. Une première puisqu'une telle accusation n'avait jamais été formulée depuis la Seconde guerre mondiale, ce qui avait plongé le pays dans un bouillonnement sans précédent. Mais le procès qui devait changer la face de la justice néerlandaise s'est vu émaillé de plusieurs casseroles. Impossibilité pour le FBI de se déplacer pour apporter un témoignage solide, les agents du Service général de renseignement et de sécurité (AIVD) qui ont conduit les opérations de démantèlement de la cellule “n'avaient pas reçu l'autorisation de s'exprimer en public afin de protéger leurs sources”. Ce fameux 18 décembre 2003, un tribunal de Rotterdam avait prononcé la relaxe de quatre hommes, dont un Français, soupçonnés d'avoir préparé des attentats contre des cibles américaines en France et en Belgique. Un procès pour le moins étrange où les services secrets hollandais tournent casaque et se terrent dans un silence de mort. Le tout se solde par une mascarade sans nom dont on n'a encore rien compris. Reste que dans le tas, pour le ministère public représenté par Jo Valente, “les 12 prévenus étaient en possession de faux passeports et de cassettes audio contenant des messages d'adieu prononcés par des candidats à l'attentat-suicide.” D'après le procureur, la cellule aurait notamment recruté deux Marocains impliqués dans un attentat-suicide en décembre 2001 contre les forces indiennes au Cachemire. Les mêmes Marocains qui selon toute apparence, auraient parlé d'autres “frères” du pays, déjà enrôlés au Pakistan depuis les années 1998. Selon les documents judiciaires, les prévenus sont les Algériens Mustafa Bouhidel, Mekki Mokhtar Dadi, Mohamed Ramzy et Taher Boualem Benmimoun, le Libyen Anouar al Mesrati, l'Irakien Kassim Khaliel Al Ali, le Turc Ofkeli Mourad, l'Egyptien Awad Rida, le Néerlandais Tetouani Zouheïr, le Belge Amar Ahmed Oumaklouf, le Marocain Hassan El Farissi et le Mauritanien Abou Hanan.


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