La coalition en Irak confirme l'existence d'un plan d'Al-Qaïda visant à déclencher une guerre civile dans ce pays. Le contenu du document révélé par le quotidien américain New York Times est donc « crédible ». C'est ce que le général Mark Kimmitt affirme. En effet, selon ces renseignements, il s'agit d'une lettre de 17 pages rédigées par Abou Moussab al-Zarqaoui, un Jordanien, sous surveillance des Etats-Unis, soupçonné d'avoir des liens avec Al-Qaïda. Il est aussi accusé d'autres attentats dont l'assassinat du diplomate américain Laurence Foley en 2002 à Amman. La lettre a été découverte sur un CD-Rom en possession de Hassan Ghul un intermédiaire du réseau terroriste. Hassan Ghul a été arrêté le mois dernier par les Kurdes dans le nord de l'Irak. Le document saisit lors d'un raid à Bagdad, dans une cache d'Al-Qaïda a pu sortir de l'Irak. Sa traduction révèle les dispositifs d'Al-Qaïda concernant l'Irak. Dans cette missive le rédacteur en question déplore la présence en Irak des troupes américaines qu'on n'arrive pas à chasser. De même, il y est suggéré d'organiser avant la fin de mois de juin une attaque contre les chiites et de susciter ainsi une contre-attaque visant la minorité sunnite. Selon les extraits publiés par le «New York Times», le Jordanien cherche à perturber en Irak le processus de remise de pouvoir par les forces de l'occupation au gouvernement intérimaire. Ce dispositif devra avoir lieu le 30 juin 2004. Al Zarkaoui demandait ainsi, dans sa lettre, aux dirigeants d'Al-Qaïda de fournir de l'argent et des hommes pour réussir sa mission en Irak, son objectif étant de déclencher une guerre civile entre les deux grands courants musulmans. En effet, Washington a offert une récompense, fin 2003, de cinq millions de dollars pour tous renseignements pouvant aider à l'arrestation de Zarqaoui, de son vrai nom Fadel Nazzal al-Khalayleh. Ce dernier est accusé d'entretenir «un lien de longue date avec la direction supérieure d'Al-Qaïda». Il est aussi accusé de recruter des hommes pour combattre les forces américaines en Irak. Par ailleurs, les responsables de la défense américains ont déclaré que le numéro 48 figurant sur la liste des recherchés s'était rendu samedi aux Irakiens. Il s'agit de Mohsen Khodr Al-khafaji, l'ancien chef du Baas pour Qadissiyah. Restent donc 12 personnalités irakiennes en fuite. Sur la liste des 55 anciens responsables irakiens recherchés par les Etats-Unis, figure Ezzat Ibrahim, ancien numéro 2 du régime de Saddam Hussein. Il est soupçonné de coordonner les attaques en Irak. Cette découverte donne une autre occasion aux Américains de justifier le renversement du régime de Saddam Hussein. En effet, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a déclaré que la découverte du document affirme la thèse de la relation entre l'organisation terroriste et le régime de Saddam Hussein. C'est ainsi que faute de trouver les ADM et pour atténuer la polémique qui s'est déclenchée à ce propos, les Etats-Unis cherchent une autre explication. Aujourd'hui, Wachington estime que l'invasion de l'Irak est en réalité une lutte acharnée engagée contre le terrorisme. La lettre devient dès lors une preuve. «L'Irak est le front central de la guerre contre le terrorisme» a affirmé Scott McClellan, porte parle du Président Georges W. Bush et d'ajouter: «Mais la démocratie et la liberté sont en train de prendre racine en Irak et c'est irréversible». À l'opposé des déclarations de Bush et des porte-parole de la coalition, qui brandissent la lettre trouvée comme une preuve que l'Irak se trouve aux premières lignes du terrorisme international, David Phillips, un spécialiste de l'Irak estime que la présence du réseau d'Oussama ben Laden a été exagérée en déclarant : «Il y a bien plus d'Irakiens qui résistent à l'occupation américaine que d'agents d'Al-Qaïda à l'intérieur de l'Irak».