Chauffeur de taxi, gardienne de voiture, détective privé… Qui ne l'aura pas remarqué ? Les femmes au Maroc osent de plus en plus dans le choix de leurs métiers. Fini l'ère "c'est un métier pour hommes" car désormais, tout est permis… Ou presque ! En tout cas, elles sont chauffeurs de taxis, facteurs, travaillent dans des stations d'essence et sont même gardiennes de voitures. Le premier et unique détective privé au Maroc est une femme…Les Marocaines sont ainsi décidées à s'impliquer dans tous les métiers "trop machos" jusque-là réservés aux hommes. Bien maquillées, élégantes dans leurs uniformes de travail (identique à celui de leurs collègues hommes), Khadija et Amal n'auront rien perdu de leur féminité. Pourtant, cela fait bientôt deux ans que les deux jeunes femmes travaillent dans une station d'essence au centre de Casablanca, les regards souvent gênants des clients : "Souvent on nous regarde comme si nous étions des extraterrestres. Les clients ne sont pas habitués à se faire servir par une femme dans une station… Cela les fait sourire" raconte Amal qui n'a pas l'air d'apprécier ce comportement, pourtant tout à fait compréhensible (!) Cela dit, à en croire les jeunes femmes, si certains clients sourient à leurs services, d'autres ne ratent pas l'occasion pour les "embêter" : "Le fait qu'on soit femmes ne nous facilite vraiment pas les choses" lance Khadija, "il suffit que l'on commette la moindre inattention pour qu'on nous rappelle que ce n'est pas un métier pour femmes… Un client est même allé un jour jusqu'à me dire : "rentre chez toi te marier, laisse les hommes faire leur travail"…" raconte-t-elle, indignée. Ce métier, les deux jeunes femmes l'ont pourtant fait presque par accident. Amies, elles ont toutes deux appris que la société concernée cherchait des personnes pour travailler dans sa nouvelle station. Le sexe n'étant pas précisé, elles décident de tenter leur chance et postuler. Qui n'a rien ne perd rien, les deux étaient au chômage ! Egales à leurs collègues (hommes), elles travaillent le même nombre d'heures, font les mêmes tâches, sans "discrimination" aucune. Quoi qu'il en soit, la présence de jeunes femmes dans la station ne manque pas d'y mettre du charme, ne serait-ce qu'au sein même de l'équipe d'hommes où elles travaillent. Mohamed, ayant intégré l'équipe quelques mois avant elles ne fait pas que leur lancer des fleurs en avouant: "il est toujours agréable d'avoir une présence féminine dans le milieu où l'on travaille. Les filles mettent beaucoup d'ambiance et toute l'équipe s'est beaucoup habituée à elles…". Blouses bleues à présent : les femmes sont aussi gardiennes de voitures. En voilà qui osent ! Elles sont, en effet, de plus en plus nombreuses à se voir accorder des autorisations pour exercer ce métier qui, il faut l'admettre, ne semble pas tellement facile : "C'est un métier extrêmement fatigant et très risqué. Garder une voiture, peut paraître banal, mais c'est une responsabilité. Il faut vraiment afficher un air très sérieux, même sévère à longueur de journée si l'on veut se faire respecter…" avoue Aïcha, une jeune femme gardienne de voitures. Un métier non sans risque alors, mais que la jeune femme veuve a décidé de pratiquer (faute de mieux certainement !) pour nourrir ses enfants. Conscients de ce fait, les responsables n'autorisent ainsi aux femmes de l'exercer que pendant la journée. La soirée et la nuit n'étant réservés qu'aux… hommes. Idem, pour les femmes chauffeurs de taxis (nettement moins nombreuses) qui, sécurité oblige, ne sont autorisées à conduire leurs taxis que pendant la journée. Toutefois, le plus original des métiers "féminisés" est incontestablement celui de détective privé. Mme Merzak en a fait un choix de carrière. L'ayant exercé pendant 7 ans et demi en France au sein même du ministère de la Défense de l'Hexagone, elle a choisi de rentrer au Maroc pour en faire profiter ses compatriotes, pour des services aussi bien professionnels que… personnels. Un métier difficile ? Merzak le reconnaît, mais persiste à vouloir en faire le sien au détriment de tous les obstacles qu'elle devra franchir. Micro Trottoir Marouane, 26 ans, comptable "Sur le plan éthique, je trouve qu'il est tout à fait normal qu'une femme pratique un métier qui jusque-là était exercé par des hommes. C'est son droit. Sur le plan pratique par contre, c'est très difficile, car il existe certains métiers qui nécessitent une force physique que la femme n'a pas. Elle encourt aussi le risque de se faire agresser, dans le cas d'une femme chauffeur de taxi par exemple. Parfois aussi c'est la mentalité qui fait obstacle, car les Marocains ne sont pas habitués à voir des femmes exercer des métiers d'hommes…" Alae, 29 ans, fonctionnaire "Moi ça ne me dérangerait pas du tout que des femmes se mettent à exercer des métiers d'homme. J'ai seulement peur pour la femme elle-même, car en travaillant comme gardienne de voitures, par exemple, elle est constamment confrontée à des agressions, ne serait-ce que verbales, que l'homme peut supporter, mais pas la femme. Je vois bien une femme gardienne de voitures dans un pays d'Europe, mais je l'imagine très mal au Maroc… " Hasnaâ, 31 ans, femme au foyer "Je ne suis pas d'accord avec ces femmes qui choisissent de pratiquer des métiers d'homme. Qu'elles travaillent et soient actives, oui, mais pas en tant que chauffeurs de taxi, c'est de l'exagération… Mis à part le fait qu'une femme n'a pas la force de tenir le coup, ce genre de métiers lui ferait perdre toute sa féminité. Il faut être clair, une femme est une chose et l'homme en est une autre, les deux ne peuvent pas avoir les mêmes tâches. D'autant plus que ce n'est pas les métiers pour femmes qui manquent… Imane, 23 ans, étudiante Il n'existe pas de métiers pour homme et d'autres pour femme. Il existe des femmes assez fortes physiquement qui sont tout à fait capables de travailler en tant que mécaniciennes, chauffeurs de taxis ou de bus, facteurs… Tout comme il existe des hommes à la condition physique très moyenne qui ne peuvent même pas garder des voitures… Tout est relatif en fait, il ne peut y avoir de règles strictes.