Nul n'aurait pu se douter qu'un chauffeur de taxi pouvait être un agresseur doublé d'un violeur. Dernièrement, la Brigade urbaine de la PJ de Derb Soltan-el Fida a mis la main sur ce malfrat qui faisait l'objet d'investigations depuis novembre 2004. Il attendait, en compagnie de sa femme, un petit taxi au boulevard El-Fida, à Casablanca. Les minutes passaient et les petits taxis traversaient le boulevard, emmenant les clients vers différentes destinations. Il était 19h30, en ce jour de novembre 2004. Au bout de quelques minutes, un petit taxi libre s'est arrêté. Le jeune homme, la trentaine, a ouvert la portière avant et s'est assis à côté du chauffeur. Quant à sa femme, elle a occupé la banquette arrière. Sourire aux lèvres, le chauffeur s'est tourné vers le client pour lui demander sa destination. «Boulevard Ibn Tachfine», répondu celui-ci. Le chauffeur a démarré en continuant son chemin tout au long du boulevard El-Fida avant de tourner à gauche pour emprunter boulevard Mohammed VI. Jusque-là le client gardait le mutisme. Il n'échangeait la parole ni avec le chauffeur ni avec sa femme. Tout à coup, le chauffeur du taxi a dirigé son véhicule vers une rue qui ne correspondait pas au trajet du client. «Il faut emprunter l'autre rue et non pas celle-ci», a fait remarquer ce dernier en gardant le sourire. Mais le chauffeur de taxi est arrivé à le convaincre qu'il avait l'intention d'emprunter un chemin, qui n'est pas traversé par plusieurs voitures. Le client n'a pas répliqué et a gardé le silence. Sa femme qui se tenait derrière ne soufflait pas mot. Quelques secondes plus tard, le chauffeur a pris une autre ruelle déserte. Il a ralenti, avant d'arrêter son taxi. « Pourquoi t'arrêtes-tu ? », lui demanda le client. Le chauffeur l'a scruté avant de brandir un couteau qui était dissimulé sous son siège et le lui a posé sur le cou. «Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'es pas chauffeur de taxi ?», lui a demandé le client qui tremblait de peur. Le chauffeur leur a demandé de lui donner tout ce qu'ils portaient sur eux. N'en croyant pas ses yeux, ni ses oreilles, le client l'a averti qu'il allait se plaindre à la police. «N'ajoute pas le moindre mot. Soit vous me remettez vos téléphones portables, votre argent et les bijoux, soit je vous tue », l'a-t-il menacé. Le client a commencé à le supplier et à lui demander de les emmener vers leur destination. Les joues trempées de larmes, sa femme suppliait également leur agresseur, qui s'est contenté de la menacer elle aussi si elle ne lui remettait pas la chaîne en or qu'elle portait au cou. Craignant d'être victimes de coups de couteau, le client et sa femme lui ont remis leurs téléphones portables, leurs montres, la chaîne en or et une somme de 800 dirhams. «Allez, descendez ! », leur a-t-il dit. Ils ont obtempéré et sont sortis du véhicule sans lui adresser le moindre mot. Aussitôt, ils ont pris un autre petit taxi qui les a emmenés au commissariat de police de Derb Soltane-el-Fida. Ils ont relaté leur mésaventure aux éléments de la 4ème section et leur ont fait une description du chauffeur-agresseur. Plusieurs questions ont hanté l'esprit des policiers. S'agissait-il d'un vrai chauffeur de taxi ou bien d'un malfrat qui a volé un petit taxi pour agresser les clients ? Dans le cas de la première hypothèse, pourquoi agresserait-il ses clients ? Tous les cas de figure étaient envisageables puisque l'auteur du crime courait encore dans la ville. Auprès des chauffeurs de taxi, les enquêteurs n'ont enregistré aucun cas de disparition de petit taxi. Entre-temps, une femme, la trentaine, s'est adressée à la police pour déposer plainte contre un chauffeur de taxi. L'a-t-il également agressée et délestée de son argent et de ses bijoux précieux ? «Non, il m'a violée», a affirmé la plaignante. Elle leur a relaté avoir hélé un petit taxi, alors qu'elle sortait du consulat espagnol, situé à la rue d'Alger, à Casablanca. Après qu'elle est montée, le chauffeur du taxi lui a demandé de lui permettre d'aller chez lui, pour prendre son permis de confiance qu'il aurait oublié de prendre avec lui. Elle n'a pas refusé puisqu'il lui avait assuré que son domicile était tout près. Cependant, il ne s'est arrêté qu'après avoir parcouru plus de deux kilomètres pour lui demander enfin de l'accompagner chez lui. Elle a refusé et lui a expliqué qu'elle se contenterait de l'attendre. Il a insisté pour finir par la menacer d'un couteau. Craignant d'être poignardée, elle est montée avec lui dans une chambre située au premier étage d'un immeuble. Elle n'a pas osé crier au secours secours. À l'intérieur de la chambre, il l'a obligée à lui céder. Après quoi, il lui a demandé de s'en aller. Suite à la description qu'elle a faite des traits et de la taille de son violeur, les enquêteurs en ont déduit qu'il s'agissait de la même personne qui avait agressé le client et sa femme qui voulaient aller au boulevard Ibn Tachefine. Les investigations se sont intensifiées. Mais en vain. Il a fallu qu'une dispute éclate entre un client et un chauffeur de taxi qui refusait de le transporter pour que ce dernier soit arrêté par les enquêteurs. Convoquées, les victimes, une dizaine plus la femme violée, ont reconnu leur agresseur. Le Chauffeur de taxi en cause a été traduit dernièrement devant la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca.