Pour Agadir, l'année 2002 ne démarre guère sous de bons auspices. L'activité et les nuitées touristiques continuent de dégringoler, sans que l'on voit d'où pourraient venir les flux de la reprise tant promise. C'est une véritable crise qui perdure et le silence des opérateurs devient assourdissant. En se référant aux statistiques des arrivées de touristes étrangers à l'aéroport d'Agadir Al Massira au cours des deux premiers mois de l'année en cours, on constate que les flux touristiques émanant de l'Union européenne ont subi une baisse estimée à -36 %, comparativement à la même période de l'année 2001. Tous les marchés de la Communauté européenne ont en effet connu des baisses de leurs flux touristiques vers la destination d'Agadir pour la période concernée : la France (-3 %), l'Espagne (-12 %), l'Allemagne (-34,2 %), l'Angleterre (-41,4 %), l'Italie (-34 %), la Belgique (-19 %), la Hollande (-28,6 %), le Portugal (-37,3 %), la Suède (-80,6 %), l'Autriche (-54,8 %), le Danemark ( -78,2 %), l'Irlande (-75 %) et la Finlande (-40,4 %). Quant aux pays hors Union européenne, les flux drainés vers la station balnéaire du Souss ne sont en aucun cas supérieurs. Ainsi, les baisses vont de -41,7 % pour la Suisse à -85,8 % pour la Norvège et à -73,2 % pour la Pologne. Concernant les pays d'Amérique du Nord les arrivées des USA ont accusé une baisse de -44,3 % et -51 % pour celles émanant du Canada. Pour ce qui est du Moyen-Orient, les touristes sont estimés à 828 personnes, soit une hausse de 14,5 %. C'est dire que la saison hivernale pour Agadir est indéniablement ratée, malgré les promesses, voire les engagements d'améliorer les résultats obtenus au terme de l'année 2001. Il faut, à cet égard, rappeler que l'activité touristique durant l'année 2001 a affiché des résultats stagnants ou négatifs depuis le mois de janvier, à l'exception d'une légère augmentation durant les mois de mars et juin. Quant à la tendance à la baisse des arrivées et des nuitées, celle-ci a débuté dès juillet et s'est accentuée après les attentats du 11 septembre. C'est ainsi que les statistiques des arrivées et des nuitées de l'année 2001 ont respectivement enregistré des baisses de -5,49 % et -7,92 %. Le nombre des touristes recensés dans les établissements hôteliers est passé de 658.363 en 2000, à 622.162 en 2001. Les nuitées, pour leur part, ont enregistré un recul de 318.417 par rapport à l'année 2000, en ne totalisant que 3.700.361 nuitées au lieu de 4.018.778. La même tendance à la baisse concerne le taux d'occupation, qui est passé de 60.88 % en 2000 à 55,88 % durant l'année écoulée. D'où une durée moyenne de séjour de 5,94 jours. Certes, certains tenteront d'imputer les résultats obtenus à ce jour aux effets de la destruction des tours du World Trade Center, mais n'est-il pas plus objectif d'admettre que la tendance à la baisse est antérieure aux événements du 11 septembre ? La preuve ? Deux marchés émetteurs de touristes illustrent la réalité de cette tendance récurrente. Ainsi, le marché allemand, qui a drainé vers Agadir, 131.958 touristes en 2001, 152.464 en 2000 et 169.234 en 1999, des flux inférieurs à ceux attirés en… 1994, soit 193.038 touristes. Le marché anglais ne fait nullement exception. Les arrivées réalisées en 1985 (43.196 ), en 1986 (48.350 ) ou en 1995 (38.968) sont des performances qui sont loin d'être renouvelées avec celles de 2001 : 33.023 touristes. Il est par conséquent opportun de reconnaître que la crise, actuellement passée sous silence par les opérateurs du secteur touristique d'Agadir, n'est aucunement conjoncturelle, mais plutôt structurelle, et nécessite impérativement des approches plus pragmatiques pour être dépassée. Faute de quoi, la tendance à la baisse persistera, la déception face aux résultats augmentera et la crédibilité des différents intervenants s'envolera.