En France, principal pays émetteur pour le Maroc, les réservations pour juillet et août ont chuté de 17 % par rapport à la même période de 2008. A Agadir, le mois d'avril a été plutôt bon : +5% pour les arrivées et +4% pour les nuitées. Les vacances scolaires en France ont favorisé le léger redressement d'avril. La question de savoir si oui ou non la crise internationale a un impact sur le tourisme national ne se pose plus tant la réponse est évidente. Mais il ne faut pas le dire. Telle semble être la position officielle des professionnels chez qui on sent de plus en plus de fébrilité ces derniers temps. En effet, personne n'ose plus faire des prévisions pour les mois à venir. Tout le monde se contente de gérer au jour le jour. Selon une étude publiée en France, les commandes de voyages pour les mois de juillet et août 2009 sont en baisse de 17% par rapport à pareille époque de l'année précédente. Cette tendance est confirmée par les plus grands tour- opérateurs à l'instar de Jean Jacques Boucher, DG de Fram au Maroc, qui estime qu'aujourd'hui «le moteur d'achat reste les promotions que les hôteliers proposent pour remplir leurs établissements» et que «sur ce plan voyagistes et hôteliers se livrent une vraie guerre des nerfs». Pour s'en convaincre, il suffit d'aller sur internet, plus exactement sur des sites de vente comme «Expédia.com» ou «booking.com». Les meilleurs hôtels dans des villes comme Marrakech ou Agadir affichent des tarifs inhabituels qui se situent autour de 55 euros la nuitée pour des hôtels 5 étoiles. Au même prix, les 4 étoiles offrent la demi-pension en plus. Si on retranche de ces tarifs la commission des grands distributeurs sur internet qui s'élève à 25%, la recette effective se réduit considérablement. Certes, ce n'est pas la grande braderie, car les hôtels sont en train d'imiter les compagnies aériennes en commercialisant à ces tarifs une partie de leurs lits seulement, mais, il n'empêche, la concurrence devient de plus en plus rude. Et si l'on en croit des responsables d'Expédia, présents à Marrakech la semaine dernière, les prix moyens ont chuté de 28% sur cette destination par rapport à l'année dernière. Les opérateurs veulent un contrôle plus rigoureux de l'immobilier locatif à vocation touristique Il faut néanmoins signaler que le mois d'avril a été sauvé, grâce aux vacances scolaires en France et au week-end prolongé du 1er Mai qui ont permis à de nombreux établissements de retrouver un peu plus de touristes. «Aujourd'hui, résume Mekki Messari, patron du village de vacances Marrakech Riad Park, il faut qu'on aille chercher les clients là où ils sont en utilisant tous les moyens de promotion». Ceci est d'autant plus nécessaire que juillet sera déterminant, en raison du Ramadan qui commence cette année en plein mois d'août. Cela vaut particulièrement pour Marrakech dont les hôtels, de surcroît, souffrent le plus de la concurrence des appartements privés. Là encore, il suffit d'aller sur internet pour voir le nombre d'appartements à louer, en plein centre-ville, à des prix défiant toute concurrence, soit entre 40 et 80 euros la journée. «De la même manière qu'on a réussi à cerner l'activité des riads et les maisons d'hôtes qui sont désormais contrôlés, on devrait s'occuper des appartements privés», souligne un hôtelier. Et c'est une urgence, car on s'attend d'ici 2010 à une douzaine de nouvelles ouvertures dans la ville ocre, soit environ 5 000 lits hôteliers supplémentaires. La solution passe bien sûr par la promulgation et l'application de la loi sur l'immobilier locatif à vocation touristique (ILVT) qui tarde à venir, mais aussi par la promotion. Sur ce chapitre, et malgré l'impatience des hôteliers, on ne peut pas dire que l'ONMT lésine sur les moyens, même si, ici et là, on estime que les efforts sont mal répartis entre les destinations. Dans la même optique, les professionnels doivent également bouger. Et sur ce plan, l'exemple d'Agadir est à mettre en exergue. La capitale du Souss est en train de sauver l'année touristique grâce à une certaine anticipation de la part de ses professionnels qui ont su aller prospecter là où il faut. De surcroît, le Conseil régional du tourisme (CRT) d'Agadir est le premier à rendre publiques ses statistiques qui témoignent d'un mois d'avril plutôt rassurant. Le nombre des arrivées a augmenté de 5,12% et celui des nuitées de 4,21% par rapport à avril 2008. Ce qui fait que pour les quatre premiers mois de l'année, la situation semble plutôt stable par rapport à la même période de l'année dernière, soit des arrivées et des nuitées en hausse de 0,50% et de 1,75%. A ce train, la première station estivale du pays peut parier sur une année, certes pas extraordinaire, mais normale. Dans l'ensemble, la plupart des professionnels misent aussi sur les ventes de dernière minute qui prennent de plus en plus d'importance dans le taux de remplissage des hôtels.