Tribulations des candidats au travail à l'étranger Et de deux ! Après l'affaire des 30.000 Marocains bernés par la société émiratie qui leur promettait du travail sur mer, de nouveaux jeunes, 52 filles et 13 garçons se trouvaient, il y a une semaine, bloqués à Djeddah, en Arabie saoudite, au lieu de survoler les continents en tant qu'hôtesses et stewards. Flash-back. Pour transporter plus de 800.000 pèlerins vers les Lieux Saints, la compagnie Saudia Airlines affrète des avions pour satisfaire les demandes des sièges que sa propre flotte ne saurait à elle seule satisfaire. Parmi ses fournisseurs d'avions, il y a la société Falcon, domiciliée en Pologne, qui a été sélectionnée pour lui procurer cinq avions Boeing 747 durant la période du pèlerinage. On estime cette transaction commerciale à une dizaine de millions de dollars américains. Mais à l'approche de l'opération pèlerinage, le représentant de Falcon, Anwar Kadri, Polonais d'origine égyptienne, semble avoir des difficultés pour transférer la somme convenue avec une société suédoise chargée d'assurer les avions à affréter. Aussi, pour justifier les retards constatés par ses partenaires saoudiens, celui-ci avance l'intervention du FBI. Cet organisme américain à investigations policières serait à l'origine des retards précités, puisque le FBI est habilité, depuis les événements du 11 septembre 2001 à enquêter sur les tenants et aboutissants de tout virement international dépassant un million de dollars. Face à ce contretemps, Anwar Kadri s'est envolé vers le Koweït pour acheter deux avions Boeing 747 en vue de tenir une partie au moins de ses engagements vis-à-vis de la compagnie Saudia Airlines qui se trouve elle-même, impliquée dans l'imbroglio que s'avère être cette transaction commerciale liée à une opération sacrée, à savoir le pèlerinage. En effet, parmi les 150 personnes recrutées, se trouvent quelque 65 jeunes Marocains des deux sexes pour assurer les prestations de services aux passagers des avions prévus. Les visas et les contrats de travail ont été établis au nom de la compagnie saoudienne . Il est à préciser que les contrats précités portaient sur une durée de deux mois, un salaire net par mois de 800 dollars. L'hébergement avec le petit-déjeuner dans un hôtel 5 étoiles et le transport aérien Casablanca-Djeddah et retour sont également à la charge de l'employeur. Faute de briefing, le premier problème rencontré dès leur arrivée à Djeddah au début de l'année en cours était celui des mœurs du pays. Celles-ci sont strictes en ce qui concerne la tenue vestimentaire du sexe féminin : le port d'une sorte de djellaba de couleur noire (Abaya) relève des obligations auxquelles toute femme, quelle que soit sa religion, doit se conformer dans les lieux publics. C'est pourquoi nos concitoyennes ont été rappelées à l'ordre par la direction de l'hôtel où elles séjournaient, quand celles-ci s'étaient rassemblées dans le hall de l'établissement dans la tenue réglementaire. Constatant que ces nouvelles recrues tenaient à visiter la ville, la direction de l'hôtel a été amenée à leur procurer des “Abayas” en vue d'éviter tout problème avec la “milice” religieuse. Elle a également interdit l'accès des garçons à l'étage où elles séjournent et a prévu une feuille de présence que les pensionnaires sont tenues d'émarger avant 22 h, sinon elles seraient considérées comme absentes. Une fois prêts pour naviguer, après des stages dans un simulateur, le personnel naviguant commercial commençait à entendre des rumeurs durant les derniers jours du mois de janvier écoulé. Ces rumeurs faisaient état de la disparition du représentant de la société Falcon qui n'aurait pas pu embaucher ces hôtesses et stewards. La facture s'élèverait à quelque 600.000 ryals saoudiens, soit plus de 1,5 million de dirhams. C'est pourquoi le fils du “fuyard” aurait été mis sous bonne garde par les managers de l'hôtel et les clients de Falcon que sont les 65 Marocains ont été priés de quitter l'établissement. Mais ces derniers réclamaient leurs émoluments pour les deux mois convenus, soit 1.600 dollars par personne. C'est dire que de pareils contrats de travail à l'étranger méritent d'être étudiés avec plus de soin. Leur apparente simplicité risque de cacher diverses magouilles, qu'il vaut mieux identifier si l'on veut éviter de se faire piéger.