Camps de Tindouf. Alors que la répression s'amplifie dans les camps du Polisario, on craint désormais que l'opération d'échanges toujours maintenue par le HCR entre le Sahara et Tindouf, ne soit de nouveau compromise. Certaines familles qui en ont bénéficié, refusent de repartir à Tindouf. Plus l'option d'indépendance s'éloigne, plus se durcit la répression à l'intérieur des camps de concentration du Polisario à Tindouf et dans les autres camps de Lahmada. Arrestations en masse, tortures, coups et blessures graves assénés aux manifestants qui réclament plus de pain, de sucre et d'huile et même aux femmes sahraouies en sit-in devant ce qu'on appelle le Secrétariat général du Front de la prétendue république. La police, la sécurité militaire, les milices de l'armée du Front Polisario, essentiellement dirigées par le ministre de la Défense Bouhali, officier algérien de notoriété, et bien sûr, les gardes frontières de l'Armée Nationale Algérienne, redoublent de zèle, pour réprimer tous ceux qui osent sortir des camps et dénoncer le rationnement de l'aide alimentaire qui obéit désormais à d'autres paramètres, dont notamment la discipline, la docilité et l'acceptation, sans discuter de toutes les décisions émanant de la Direction . Une répression qui a l'air de s'étendre ces dernières semaines, pour toucher les familles de dissidents se trouvant au Maroc ou en Europe, et qui ont dénoncé ces derniers jours, tout à la fois le laxisme et le refus des chefs du Polisario de réagir positivement aux derniers rapports des Nations Unies, relayés par les principales capitales mondiales intéressées : Washington, Paris et Madrid et surtout aux dernières déclarations du représentant du secrétaire général, le Néerlandais Peter Van Waltsum, qui semble avoir fermé définitivement la porte à toutes options d'indépendance. Toutes ces évolutions décisives dans le dossier du Sahara, contribuent considérablement à aggraver les mesures de répression dans les camps de Tindouf et tout au long de la bande frontalière de l'Algérie avec le Sahara et la Mauritanie. Même si pour l'instant, le Haut Commissariat de l'ONU maintient le programme des échanges de visites des familles entre le Sahara et les camps de Tindouf, on craint fort que cette opération connaisse encore plus de difficultés et perturbations dans les semaines à venir. Les familles qui en ont bénéficié ces dernières semaines, refusent de repartir dans les camps de la faim. Ce qui embarrasse davantage les responsables du HCR et les fonctionnaires de la Minurso qui resteront sur place jusqu'au printemps 2009, comme vient de le décider la dernière résolution du Conseil de sécurité. Plusieurs diplomates et experts proches du dossier du Sahara, pensent que contrairement aux réactions négatives tranchées de l'Algérie et sa progéniture, le temps est peut-être venu pour la diplomatie marocaine de se montrer encore plus offensive en réclamant d'abord le démantèlement des camps de Tindouf, le retour librement consenti des citoyens séquestrés à Tindouf au Sahara sous la surveillance des Nations-Unies, préalable à toutes négociations directes et réellement efficaces sur le projet d'autonomie. Une option, dont on sait d'avance, qu'elle n'aura aucun écho de l'autre côté de la frontière.