Le Maroc condamne fermement la campagne de répression brutale menée dans les camps de Tindouf par les milices armées du "Polisario", et souhaite que toute la lumière soit faite sur ces évènements et que les responsabilités en soient clairement établies. Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, relative à la situation prévalant actuellement dans les camps de Tindouf, ainsi qu'à la suspension de l'opération d'échange de visites familiales, l'ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, M. El Mostafa Sahel, attire l'attention de M. Annan sur la multiplication des témoignages faisant état d'une détérioration alarmante de la situation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf, au Sud de l'Algérie. Ces témoignages, précise-t-il, font état d'une campagne de répression brutale menée par les milices armées du "Polisario", contre un large soulèvement populaire pacifique, enclenché dans les camps du "27 février" et de "Smara", suite à l'arrestation et la torture, en public, de Habbadi Ould Hmimed, en raison de son opposition aux thèses du "Polisario". M. Sahel souligne que ces agissements portent une atteinte grave aux droits humains les plus élémentaires des personnes séquestrées dans les camps. Au même titre, souligne-t-il, le Royaume rappelle la responsabilité de l'Algérie en matière de sauvegarde de l'intégrité physique de la population des camps, ajoutant qu'une responsabilité particulière incombe à ce pays, qui accueille les camps et abrite les structures, notamment armées, du "Polisario". Les témoignages en provenance des camps- étayés par les communiqués publiés par les leaders du soulèvement-, indiquent que les populations se mobilisent contre le climat d'injustice, qui prévaut dans ces camps, ajoute-t-il, précisant que les manifestants se révoltent, en effet, contre l'exploitation de leurs souffrances par les dignitaires du ''polisario", notamment à travers le détournement de l'aide humanitaire internationale, destinée à satisfaire les besoins vitaux des populations maintenues dans le dénuement et la privation. La lettre fait savoir que la répression du soulèvement est actuellement menée, de manière brutale, par des miliciens armés relevant directement de la direction du "polisario". "A ce jour, précise-t-elle, une vingtaine de personnes ont été victimes de blessures plus ou moins graves et cinq d'entre elles se trouvent dans un état critique, à savoir Sid Ahmed ould Mouloud Ould Bara, Zakaria Ould Mohamed Salem Ould Abdallah, Haddi Ould Salama Ould Nafaa, Ahmed Ould Mohamed Ali Ould Mohamed Cheikh et Aaliouat Ould Mohamed Lamine Ould Ba Ali". De même, précise encore la lettre, une vingtaine de personnes ont été arrêtées et incarcérées dans une prison dans la zone de Dhibia, près de Tindouf, au Sud de l'Algérie, soulignant que toute personne refusant d'obtempérer, est automatiquement torturée en public et emprisonnée. Des recherches intenses sont lancées à l'encontre de plusieurs leaders du soulèvement qui ont pris la fuite et certains, d'entre eux, appartiennent au cercle rapproché de la direction du "polisario", ce qui révèle que le soulèvement touche toutes les catégories de la population des camps, ajoute la lettre. En outre, un état de siège a été instauré, après qu'un vaste mouvement s'est organisé pour entreprendre une marche à partir de l'ensemble des camps, vers les locaux de la direction du "polisario" à Rabboni, note la lettre, ajoutant que les milices armées encerclent actuellement tous les camps. M. Sahel relève que cette mesure, qui vise également à prévenir tout contact avec l'extérieur, est de nature à empêcher le HCR d'exécuter son mandat, notamment en matière de protection de la population des camps. Le Maroc, poursuit la lettre, considère que ces développements illustrent la pertinence de l'appréciation que le secrétaire général de l'ONU a faite dans son rapport sur le sahara du 19 avril dernier concernant " la nécessité, pour l'ensemble des parties, de trouver une solution politique, permettant de sortir de l'impasse actuelle à travers un règlement négocié à ce différend artificiel". A la lumière de ces événements, souligne M. Sahel, " force est de constater qu'il existe une volonté délibérée d'isoler les camps et de taire les voix contestataires de leurs habitants ", ajoutant que le Maroc "craint, en outre, que cette campagne de répression - qui intervient quelques jours après la Mission du Haut Commissariat aux Droits de l'Homme dans la région - ne conduise à détériorer davantage la situation humanitaire dans les camps". Aussi, le Maroc souhaite-t-il que "toute la lumière soit faite sur ces évènements et que les responsabilités en soient clairement établies", souligne la lettre. La lettre fait remarquer que "ces développements ne sont pas étrangers à la récente décision du +Polisario+, de suspendre, unilatéralement, l'opération d'échange de visites familiales, programmée par le HCR dans le cadre des mesures de confiance ". A cet égard, M. Sahel attire l'attention de M. Annan sur le refus du "Polisario" de poursuivre cette opération, dont la prochaine étape était prévue, le 2 juin, déplorant que plus de 12.000 bénéficiaires, inscrits dans les camps de Tindouf, se trouvent ainsi privés de l'opportunité de revoir leurs proches, bien que le Conseil de Sécurité ait renouvelé, dans sa résolution 1675 du 28 avril dernier, son appui à la poursuite des "mesures de confiance qui permettent de multiplier les contacts entre les membres séparés d'une même famille".