Pétrole. La flambée du prix du pétrole met la caisse de compensation dans une situation insoutenable. Le ministre des Affaires économiques et générales du gouvernement va-t-il plancher sur la réforme du système et opter pour une aide directe ? Le marocain n'a pas encore oublié l'envolée spectaculaire des prix de plusieurs produits de première nécessité composant son panier quotidien, que la flambée du cours de l'or noir préoccupe de nouveau les responsables du gouvernement, investisseurs et ménages. S'il y a à peine quelques mois, Nizar Baraka, ministre des Affaires Economiques et Générales, a été catégorique en déclarant qu'il n'est pas question de répercuter la hausse du prix de pétrole sur le consommateur final, le vendredi 23 mai, son discours a subitement changé. L'homme vient de confirmer devant la commission des finances de la première chambre au Parlement, que le budget de l'Etat est incapable d'assumer le fonctionnement du système de compensation avec un prix d'approvisionnement dépassant 150 dollars le baril, alors que le budget de l'Etat fixé pour l'exercice 2008 a prévu des montants supposés supérieurs aux subventions pouvant être accordées. Qui peut-on encore croire, Nizar Baraka, qui déclare que la marge de manœuvre budgétaire est très étroite ou Salah Eddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, qui a déjà prévu, pour faire face à la hausse des prix, une augmentation de la caisse de compensation à hauteur de 20 milliards de DH ? L'étau se resserre D'après My Abdellah Alaoui, président de la Fédération de l'Energie, il existe de bonnes raisons pour que le prix du pétrole poursuive son escalade. Les cours actuels autour de 100 dollars/ baril ne reflètent guère la loi de l'offre et la demande, par contre, ils permettent d'énoncer l'impact de plusieurs facteurs, telles que la chute de dollar face à l'euro, la hausse des coûts au niveau des puits de pétrole et la réaction des marchés financiers Une telle conjoncture internationale mettrait à mal les pays en développement, notamment le Maroc. Déjà, le plafond de 100 dollars le baril, atteint en début 2008 et qui pourrait être dépassé pour flirter avec 150 dollars/baril, taraude l'esprit aussi bien des responsables concernés que des pétroliers au Maroc. Actuellement le cours moyen de la facture pétrolière se chiffre à 100.7 dollars soit le prix d'achat réel pratiqué par le Maroc. De ce fait, la marge de manœuvre compensatoire et additionnelle offerte à l'Etat est moins de 50 dollars. Selon le président de la Fédération de l'Energie, l'équipe de Abbas El Fassi qui privilégie la paix sociale, doit assumer et mobiliser les fonds nécessaires pour honorer ses engagements. Il est clair que le gouvernement est appelé à résoudre une équation difficile. Sachant que l'arriéré des remboursements de la caisse de compensation aux sociétés de distribution serait d'environ 400 millions d'euros et que les arriérés de 2005 sont loin d'être soldés, la problématique du gonflement des arriérés de la compensation, liée à la flambée du cours du pétrole, est de plus en plus complexe. Suite à la faiblesse des moyens de financement de ce déficit, les opérateurs, dont la trésorerie est fortement dégradée, sous l'effet du coût de raffinage et des frais d'assurance, s'interrogent sur le niveau du cours au delà duquel l'Etat est incapable d'assumer son rôle en matière de maintien de pouvoir d'achat du marocain. My Abdellah Alaoui a affirmé que la poursuite vertigineuse des prix de pétrole provoquerait une incapacité de ces sociétés à s'approvisionner et donc à alimenter leur stock. Budget La crise est-elle gérable ? Si pour des raisons sociopolitiques, l'Etat n'applique aucun système d'indexation des prix, et si la hausse des prix n'est pas répercutée sur le consommateur final, c'est le budget de l'Etat qui en pâtira avec les coupes inévitables au niveau de l'investissement. L'étau se resserre de plus en plus du fait que le gouvernement doit puiser 24 milliards de DH dans les comptes du trésor, pour faire face aux augmentations des salaires. Ajoutons qu'entre les hydrocarbures et les céréales, l'Etat débourserait 30 milliards de DH pour maintenir les prix au niveau actuel. Sans conteste, le budget de l'Etat ne peut qu'atteindre ses limites sous l'effet de dépassement de la barre de 150 dollars/ baril.