Le courant néo-socialiste a distribué une plate-forme pour la refondation du parti et réclame le départ de la direction. La Gazette du Maroc a recueilli en exclusivité la réaction de ses dirigeants. Ce que l'on disait tout bas, et depuis plusieurs années dans les rouages du parti des Forces Populaires, les ténors de la jeunesse Ittihadia qu'ils semblent avoir, ont atteint aujourd'hui l'âge de maturité, et saisi l'occasion de la tenue du Conseil national de l'USFP, pour le crier tout haut. Après avoir marqué leur différence à l'occasion du dernier congrès de l'USFP, ils viennent de prendre une initiative dans les annales du parti de Abderrahim Bouabid. Un nouveau courant «Lichtirakiyin Al Joudoud» les néo-socialistes est né et s'est dévoilé en public une nouvelle fois et a saisi cette occasion, plate-forme et signatures à l'appui, pour se manifester. On y retrouve plusieurs ténors dont notamment, l'ancien Secrétaire général de la Chabiba Ittihadia Hassan Tarek, que de nombreux cadres du parti, appartenant à toutes les générations, représentant plusieurs régions et assumant d'importantes responsabilités au sein des structures locales de l'USFP. Les jeunes de l'USFP se rebiffent donc pour «tenter, affirment-ils, d'insuffler un nouveau souffle au parti des Forces Populaires et de mieux le conforter dans sa vocation de base, celle de la gauche socialiste et première force progressiste du pays». Hamid Bajjou, coordinateur de ce courant, affirme volontiers, que lui et ses nombreux camarades font mine de ne pas avoir écouté la célèbre phrase de Mohamed EL Yazghi «Ard Allah Wassiaa» (bon débarras), lancée en direction des militants gauchistes irréductibles, qui ont quitté l'USFP vers d'autres structures de gauche, suspendu ou gelé leur adhésion, ou tout simplement abandonné le champ politique, constatant que le parti censé les conduire vers le rêve d'un USFP authentiquement au service des masses populaires, s'enlisait à son tour dans la politique politicienne, les intérêts personnels et la course aux postes de responsabilité. Option qui a, semble-t-il, été sévèrement sanctionnée par les urnes le 7 septembre dernier . Pour Bajjou , Hassan Tarek , Mohamed Talbi et leurs dizaines de jeunes militants, «l'important est d'avoir décidé de continuer à militer pour redresser les structures du parti de l'intérieur et non de l'extérieur». Cela ne les pas empêché de saisir l'occasion pour présenter un projet de plate forme qui ne manque pas d'audace et dont les principaux axes sont : Un appel pressant pour que l'USFP se réconcilie avec ses militants, tous ses militants, et notamment ceux qui ont dû quitter le parti vers d'autres structures de gauche et surtout pour que le parti de Abderahim Bouabid continue à assumer son rôle d'avant-garde de la gauche, toute la gauche et sans exclusion. Cependant, affirme la plate-forme du courant des néo-socialistes, «un tel objectif ne peut être atteint, que si des conditions objectives sont réunies. Et tout d'abord, la démocratie interne, la nécessité de faire fonctionner en toute transparence et en toute démocratie les structures internes du parti et d'en finir avec la monopolisation des grandes décisions engageant le parti par une poignée de membres de bureau politique». Le droit à la critique Ils plaident ouvertement aujourd'hui, pour que les différents courants puissent s'exprimer en toute liberté au sein du parti et pour instaurer en toute sérénité le droit à la critique et pour que tous les militants assument des responsabilités directes au sein du parti. C'est ce qu'ils considèrent d'ailleurs, comme leur principale mission au sein d'un USFP où les militants étaient venus en force pour tenter de remettre les pendules à l'heure au sein d'un parti plus discrédité que jamais. Hasan Tarek, ne mâche plus ses mots : «Les membres du bureau politique doivent avoir le courage de démissionner». Hamid Bajjou, le coordinateur pense quant à lui que «pour ce qui nous concerne, nous avons assisté à cette session pour exprimer notre point de vue devant le Conseil national du parti à travers un document écrit. Pour ce qui est de notre évaluation du bilan de la campagne électorale et ses résultats, nous pensons que notre parti a subi un revers historique. La responsabilité incombe en premier lieu à la direction du parti symbolisée par les membres du bureau politique qui n'ont pas su gérer cette phase sensible et décisive dans l'histoire du parti». La mauvaise gestion est surtout symbolisée par les violations des mesures les plus élémentaires de la démocratie interne et le non respect des dispositions réglementaires en ce qui concerne la vie et le fonctionnement du parti, ainsi que les agissements unilatérales de certains membres du bureau politique, sans consulter préalablement les autres structures du Parti». Et de conclure, à propos de la participation ou non au gouvernement actuellement en phase de formation, «nous pensons que nous avons les résolutions et les décisions du dernier congrès du parti et que nous sommes engagés par ces résolutions qui prévoient notamment la poursuite des chantiers ouverts dans le cadre de l'action gouvernementale, ainsi que la poursuite de l'action du parti au sein de la Koutla Démocratique. Donc, moralement et politiquement, nous sommes tenus de respecter nos engagements et nous demandons en contrepartie que le bureau Politique de l'USFP fasse l'objet d'une refonte générale. Nous espérons que certains membres du BP auront le courage de démissionner et de céder la place à une commission issue du Conseil national qui sera chargée de préparer le prochain congrès de l'USFP et de décider s'il doit réellement participer à ce gouvernement et s'il a intérêt à continuer à travailler et à mener une action commune au sein de la Koutla Démocratique». Question qui ne pouvait être débattue à temps lors d'un Conseil dont les militants se demandent sur les raisons de sa programmation durant une journée non chômée (un jeudi après–midi), ce qui n'a pas empêché 75 % des membres du Conseil National d'assister en force à cette session, soit quelques 300 membres sur près de 400. Un chiffre qui en dit long sur la crise qui secoue actuellement le parti des forces populaires.