Les réactions des partis politiques à l'issue de l'annonce du départ de Fouad Ali El Himma de son poste de ministre délégué à l'Intérieur fusent de partout. Les spéculations aussi. Nous relatons, ici, les réactions des principaux leaders politiques marocains. Un branle bas de combat a été déclenché au sein du paysage politique marocain. Après l'annonce du départ de Fouad Ali El Himma les états majors des partis politiques multiplient les réunions de concertations. A cela, première réaction : «Je pense qu'on a donné une importance démesurée au geste de Fouad Ali El Himma », lance de prime à bord le président du Rassemblement National des Indépendants, Mustapha Mansouri. Pour lui, il n'y a pas d'exception possible : «M. El Himma, qui jouit d'une grande confiance de la part du Souverain, était déjà un député. Aujourd'hui, il a décidé de revenir. C'est son droit le plus absolu». «Evidemment, poursuit Mansouri, il y a eu dès l'annonce de cette nouvelle une série de réactions et d'interprétations, les unes plus farfelues que les autres.» Personnellement, Mansouri pense que tous les ministres doivent se lancer dans l'opération électorale pour connaître de près les conditions de vie des citoyens. Pour ce qui est d'un éventuel retour de Fouad Ali El Himma au gouvernement au lendemain des élections (une hypothèse défendue par bon nombre d'observateurs), Mustapha Mansouri est catégorique : «Seul SM le Roi Mohammed VI est habilité à nommer le Premier ministre et les membres du gouvernement. Toute autre supposition n'est que perte de temps». Si le président du RNI était visiblement à l'aise, en parlant de cette affaire, ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est le cas de Mohamed Elyazghi, Premier secrétaire de l'USFP. La réaction du leader socialiste est on ne peut plus laconique: «Le départ de Fouad Ali El Himma est une affaire personnelle, il ne me revient pas de la commenter». Toutefois, à la question de savoir si l'USFP serait intéressé par un candidat aussi prestigieux que l'ancien ministre délégué à l'Intérieur, Elyazghi répond: «Le Conseil national du parti a déjà dressé la liste des candidats». En clair, c'est trop tard. Même réaction pratiquement chez Abbas El Fassi, secrétaire général de l'Istiqlal. «Ma réaction, a lancé El Fassi, se limitera à une phrase : Tout citoyen a le droit d'être candidat aux élections législatives». Part ailleurs, le leader istiqlalien a assuré à La Gazette du Maroc que son parti se réunira très prochainement, au niveau du Comité exécutif, afin d'examiner cette affaire, étudier les différentes interprétations possibles et élaborer une réaction officielle. Pour sa part, le secrétaire général du Mouvement populaire, Mohand Laenser a estimé que «le départ de Fouad Ali El Himma est un acte de civisme qui respecte la déontologie politique». Et pour cause, poursuit le leader haraki, «l'ancien ministre délégué était un membre du gouvernement, dans un département qui prépare et gère l'opération électorale». C'est donc une «réaction tout à fait digne de sa part, de quitter l'exécutif après avoir obtenu l'agrément de SM le Roi». Le secrétaire général du PPS, Moulay Ismaïl Alaoui, adopte une position similaire. «Je pense que c'est un décision tout à fait logique et normale, pour quelqu'un qui souhaite se présenter aux élections législatives», estime-t-il. Et d'ajouter : «Bien évidemment, certains se sont attardés sur le pourquoi de cette décision. Lui-même a répondu en disant qu'il avait besoin de se ressourcer et de prendre des distances. Etant donné sa jeunesse personne ne peut lui reprocher sa démarche». Et l'opposition ? Du côté de l'opposition, les avis sont divergents. Le PJD, à travers son secrétaire général adjoint, Lahcen Daoudi, a estimé que la décision d'El Himma risque de créer un «amalgame» dans les esprits des électeurs. En d'autres termes, l'ancien ministre délégué devait s'y prendre bien en avance et pas à la dernière minute. L'Union Constitutionnelle, quant à elle, à travers Mohamed Tamaldou, membre du bureau politique, pense que «le départ de Fouad Ali El Himma est un point positif pour le Maroc, car le Parlement gagnera des compétences chevronnées en matière de gestion de la chose publique». Et d'ajouter : «L'ancien ministre délégué à l'Intérieur jouit d'une grande expérience professionnelle, il est connu pour sa bonne gestion des dossiers, c'est donc une migration salutaire de l'exécutif vers le législatif. C'est un phénomène nouveau puisque bon nombre de parlementaires ont quitté le cercle législatif pour se consacrer à l'exécutif». Au PND, le secrétaire général adjoint, Abderrahmane Mtioui, également président du groupe UC-PND à la Chambre des représentants, a estimé que «si Fouad Ali El Himma a choisi sciemment les tourmentes de la gestion des affaires publiques pour se consacrer entièrement à la députation, c'est donc une décision courageuse que nous devons saluer». Toutefois, poursuit Mtioui, «si sa démarche s'inscrit dans une stratégie de retour, là encore nous ne pouvons que la respecter, car il sera la bonne personne dans le bon poste».