Autour d'une même table, à Long Island près de New York, se réuniront des négociateurs marocains et polisariens, ainsi que les représentants de huit autres pays concernés. Mais déjà, le Polisario veut mettre les bâtons dans les roues. Le Maroc, le Polisario, l'Algérie, la Mauritanie, l'Espagne ainsi que quatre pays membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, seront présents aux pourparlers sur le Sahara. Cette affaire entame donc un nouveau virage. En effet, les 18 et 19 juin, l'ensemble de ces pays se rencontreront à Long Island près de New York, pour des pourparlers qui se dérouleront sous l'égide des Nations Unies. C'est ce qu'a confirmé Marie Okabe, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, insistant sur le fait que ces négociations auront lieu «sans aucune conditions préalables». En clair, il ne s'agit pas pour le Maroc d'imposer la solution contenue dans l'idée d'une autonomie élargie aux provinces du Sud, mais bel et bien de convaincre les responsables du Polisario que c'est une occasion historique qui s'offre à eux et qu'il est temps de la saisir pour le bien de tous les Sahraouis, essentiellement, ceux qui croupissent dans les camps de Tindouf. C'est, d'ailleurs, l'avis également des grandes puissances. Puisque le 6 juin, le Président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine, Tom Lantos, a affirmé, à Washington, que «jamais le Polisario n'aura un accord aussi bon (ndlr : l'allusion est faite à l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara) pour les populations qu'il prétend représenter». Ce type de déclarations n'est pas du tout fortuit. En fait, le Maroc et les grandes puissances, ont senti que le Polisario et l'Algérie avaient l'intention de tout faire, pour faire capoter la réunion de New York. Et pour cause, le représentant de la pseudo-rasd à l'ONU, Ahmed Boukhari, a déclaré que «l'une des premières mesures qui devraient être prises par le Maroc, sera de relâcher tous les détenus Sahraouis dans les prisons marocaines». Une revendication dont l'objectif est clair comme de l'eau de roche. Il s'agira de libérer un certain nombre de détenus de droit commun (que, soit dit en passant, le Polisario considère comme des prisonniers politiques), afin qu'une série de manifestations indépendantistes soit organisée dans les provinces du Sud. Le tout, pour faire pression sur le gouvernement marocain et par ricochet, sur ses négociateurs qui se trouvent à New York. Toujours est-il, que le Maroc se lance dans ces négociations avec beaucoup de détermination. A ce titre, la délégation marocaine qui compte s'asseoir autour d'une même table avec les représentants du Polisario, sera composée du ministre délégué à l'Intérieur, Fouad Ali El Himma, le ministre délégué aux affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri ainsi que le directeur général de la DGED, Yassine Mansouri. Ce sont ces trois responsables qui discuteront directement, au nom du gouvernement marocain, avec les membres de la délégation du Polisario. Toutefois, les trois hommes de confiance de SM Mohammed VI seront accompagnés par d'autres personnalités marocaines, des techniciens dont la mission principale sera d'épauler les négociateurs. Nous citerons, notamment, les noms de Khalid Zerouali, directeur de la migration et de la surveillance du territoire au ministère de l'Intérieur et Mohamed Ali El Admi, ancien Wali de Settat, actuellement détaché à l'Administration centrale du ministère de l'Intérieur et originaire de la tribu des Rguibat. Un autre Rguibi sera également présent aux négociations. Il s'agit du président du Corcas, Khali Henna Ould Rachid. Quant à la délégation du Polisario, elle compte entre autres, le «Premier ministre polisarien», Taleb Omar, Lamine El Bouhali, «ministre de la défense», l'ambassadeur polisarien à Alger, Yeslem Beisset, ainsi qu'Ahmed Boukhari. A noter qu'avant le 30 juin, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, doit présenter au Conseil de sécurité, un rapport préliminaire sur ces négociations. Ces dernières, sont un «premier pas dans un processus de négociations, que mène mon envoyé spécial Peter Van Walsum. J'espère que la réunion de New York est un bon commencement, un bon départ, pour que les parties puissent trouver une voie pour une solution pacifique et durable», a souligné Ban Ki-moon, lors d'une conférence de presse tenue à Madrid le 6 juin. Au cours de son déplacement dans la capitale espagnole, le secrétaire général de l'ONU, a également invité officiellement l'Espagne à prendre part à la rencontre de Long Island. Selon le ministère des affaires étrangères espagnol, c'est le directeur général pour la Méditerranée, l'Afrique et le Moyen-Orient, Alvaro Iranzo, qui représentera son pays aux négociations sur le Sahara.