Le polisario crie au complot. Un journal algérien se fait l'écho des doléances d'un officiel polisarien qui dénonce un sommet que la France aurait tenté d'organiser entre le Maroc, l'Algérie et l'Espagne. Le polisario est aux abois, parce que ce sommet marginalise les séparatistes et cite clairement les quatre pays concernés par ce dossier. Complot, trahison, conspiration, défection, désertion… C'est désormais le champ lexical où le polisario puise ses arguments pour trouver des échappatoires au vent contraire à ses thèses. La dernière nouvelle fait la Une du quotidien algérien “Le Matin”. Dans son édition du 4 mai, ce journal rapporte un «complot» contre le polisario. Il cite un certain Sidati, qui porte le titre de ministre délégué pour l'Europe du polisario. Cette source polisarienne très officielle pointe du doigt la France qui aurait tenté de réunir quatre pays pour trouver une issue au conflit du Sahara. Les quatre pays en question sont le Maroc, l'Algérie, l'Espagne et la France. Les polisariens crient au complot, parce qu'ils n'ont pas été invités à participer à ce sommet. «En procédant de la sorte, Jacques Chirac voulait marginaliser le principal interlocuteur qu'est le Sahara occidental pour montrer par la suite à l'opinion internationale que c'est entre les mains de l'Algérie que se trouve la clef du problème», se lamente le représentant polisarien. Il loue l'intelligence et la perspicacité de l'Algérie qui aurait refusé de prendre part à ce rendez-vous. Il se garde toutefois de s'attarder sur ce qui ressemble à un tournant concernant les jeux d'influence sur le Sahara. «Il ne manquait que l'Algérie», souligne le journal, parce l'Espagne aurait accepté de participer à ce sommet. Le polisario la considérait, avant l'élection de Luis Rodriguez Zapatero à la tête du gouvernement espagnol, comme un pays favorable à ses thèses. Désormais, et de l'aveu même d'un supposé ministre polisarien, cette donne a changé. Quelle que soit la véracité de ce sommet, il assoit autour d'une même table les quatre pays réellement concernés par le conflit du Sahara. L'Algérie est le pays qui héberge le polisario. C'est sur terre algérienne que germe un groupe de 10 000 combattants armés. Cette réalité a été soulignée par le colonel libyen, Mouammar Kadhafi, qui connaît bien son sujet, puisqu'il a soutenu pendant des années le polisario. Son pays préside depuis peu l'Union du Maghreb arabe (UMA). A la première déclaration, le guide libyen a posé «comme préalable à la tenue de tout sommet le règlement de la question du Sahara occidental». Inutile de dire que ce règlement ne peut avoir lieu qu'entre les pays membres de l'UMA. En clair, entre les deux principaux concernés : le Maroc et l'Algérie. Quant à l'agitation des représentants du polisario, il faut s'attendre à ce qu'elle s'accentue encore. Dans le cadre des échanges de visites, organisées sous l'égide du HCR, entre les séquestrés dans les camps de Tindouf et leurs parents vivant au Royaume, une femme a refusé de regagner les camps du polisario. Ghalia Bent Nafaâ a accouché d'un enfant dans l'hôpital Hassan II de Dakhla. Les polisariens exercent actuellement des pressions sur son mari pour la contraindre à revenir. Mais la femme ne l'entend pas ainsi. Elle a expliqué à un représentant du HCR sa volonté de rester au Maroc. Et comble de l'impertinence pour les polisariens : elle a donné à son nouveau-né le nom Mohammed.