D'un côté, nous avons les fondateurs du présume parti Al Oumma, qui assurent avoir déposé, en bonne et due forme, leur dossier de création auprès du ministère de l'Intérieur. Et d'un autre côté, il y a le ministère de l'Intérieur, qui assure qu'aucun récépissé ne peut être livré, car aucun dossier n'a été déposé. Dilemme. Que se passe-t-il entre le ministère de l'Intérieur et le présume parti Al Oumma ? Le torchon brûle sérieusement entre les deux. Nous avons d'une part, un parti politique en création, Al Oumma, qui assure avoir déposé son dossier, auprès des autorités compétentes. Et d'autre part, le ministère de l'Intérieur, de la bouche même du ministre Chakib Benmoussa, qui déclare que «le présumé parti de la Oumma n'a entrepris aucune démarche pouvant être inscrite dans le cadre de la procédure de création d'un parti politique, sinon il aurait reçu un récépissé, comme stipulé dans l'article 8 de la loi sur les partis politiques». Et c'est justement ce fameux récépissé qui pose problème. «Nous avons déposé notre dossier le 15 novembre 2006, assure Mohamed Marwani, coordinateur national du parti Al Oumma, dans une déclaration à LGM, mais le ministère de l'Intérieur a refusé de nous livrer un récépissé de dépôt de dossier, estimant qu'il fallait du temps avant de le faire». Légalement, après deux mois du dépôt du dossier, et même en l'absence d'un récépissé, le parti est considéré comme légal et peut donc organiser son congrès constitutif. C'est ce qu'a fait le parti Al Oumma, le 3 juin à Témara. Mais juste avant, le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué, dans lequel il estime, que les autorités locales de Témara ont notifié que cette réunion est illégale, étant donné qu'elle ne dispose pas de l'avis réglementaire, attestant de la conformité des conditions et démarches suivies pour la création du parti, avec les dispositions de la loi sur les partis politiques. Mercredi 6 juin, le ministre de l'Intérieur est interpellé par le PJD, lors des questions orales du Parlement sur l'affaire du parti Al Oumma. La réponse de Chakib Benmoussa est allée dans le même sens du communiqué, ajoutant qu'une délégation du parti a été effectivement reçue par le service compétent au ministère de l'Intérieur, qui lui a uniquement fourni des informations au sujet de la création d'un parti politique. En outre, le ministre a déclaré que son département était prêt à recevoir toute demande de création de parti politique et à la traiter conformément à la loi en vigueur. Le dossier d'Al Oumma a-t-il été déposée ou pas ? C'est la question à laquelle Mohamed Marwani, ancien militant de la Chabiba Islamiya d'Albdelkrim Moutia (soupçonné d'avoir commandité l'assassinat d'Omar Benjoulloun et actuellement réfugié en Libye) répond par une autre question. «Si nous n'avons pas déposé notre dossier, comment se fait-il que les services de sécurité aient entamé une enquête de routine au sujet des noms des 300 personnes fondatrices du parti et dont les noms figurent dans notre dossier ?». Un jeu de cache-cache qui se déroule à quelques semaines des législatives. En tout cas, un collectif regroupant une vingtaine de partis politiques, de syndicats et d'organisations de défense des droits humains, a été formé pour soutenir le dossier d'Al Oumma. Khalid Semmouni, membre du collectif et président du centre marocain des droits de l'homme (CMDH) estime que la réaction du ministère de l'Intérieur est «bizarre et sans aucun fondement».