En réussissant à tenir son premier congrès national, Annahj Addimocrati a certainement accepté de mettre de l'eau dans son vin. Même si le revirement n'est pas de 180°, Annahj s'engage à travailler dans le respect total des lois en vigueur. Annahj Addimocrati a finalement réussi à tenir son premier congrès, à la fin de la semaine dernière à Casablanca. Après plusieurs années de blocage et de militantisme, les autorités ont fini par autoriser la tenue de ce Congrès. Effectivement, le récépissé de dépôt de dossier n'a jamais été remis aux fondateurs du parti. Une manière subtile de ne pas reconnaître ce parti politique né en 1995 au lendemain de la grâce royale dont ont bénéficié, entre autres, plusieurs militants d'Ila Al Amam considérés d'ailleurs comme le noyau dur d'Annahj Addimocrati. Selon Mustapha Brahma, syndicaliste et membre du secrétariat national d'Annahj Addimocrati, «la tenue de ce premier congrès est le fruit d'énormes efforts consentis par les militants du parti avant même la création de ce dernier». Et pour cause, il leur a fallu plusieurs années de débats et de tergiversations pour passer de la phase de la clandestinité active, puis passive, à celle de la légalité. Un comité de soutien a même été créé par plusieurs acteurs politiques et associatifs, il y a deux semaines, afin de faire pression sur les autorités publiques. Mardi dernier, un sit-in organisé devant le siège du ministère de l'Intérieur s'est soldé par une bastonnade. Plusieurs personnalités, dont Me Abderrahmane Benameur, ont été blessées à la suite de l'intervention musclée des Forces de l'ordre. En fait, force est de constater que les enjeux de ce congrès étaient stratégiquement importants. Annahj Addimocrati est attendu sur plusieurs points : la question du Sahara et le régime politique marocain, sont les plus sensibles. L'intransigeance des militants d'Annahj leur a coûté des années de blocage. Mais même sans récépissé de dépôt de dossier, le parti a pu avoir un organe de presse et une activité politique tout à fait normale. Mustapha Brahma souligne même que la RTM a invité Abdellah Harrif en sa qualité de secrétaire national du parti. Une manière implicite, pour les autorités, de reconnaître Annahj Addimocrati et de préparer la mutation de ses idées. Sur ce point, Brahma est on ne peut plus clair : « La tenue du premier Congrès national d'Annahj Addimocrati n'est en rien une rupture avec les positions et les idées politiques défendues par les militants du parti ». C'est même le couronnement de plusieurs années de lutte. « Nous voulons maintenant élargir notre champ d'action », poursuit Brahma. C'est à croire qu'Annahj refuse de « renter dans le rang ». Une simple apparence puisque Brahma affirme que le parti «s'engage à agir dans le respect total des lois en vigueur». Le message est clair, ce qui devrait rassurer les plus indécis. Les militants d'Annahj étaient porteurs de ce message lors d'une réunion tenue au ministère de l'Intérieur. Cette rencontre a eu lieu le jeudi 15 juillet. Cinq membres d'Annahj Addimocrati en face de cinq hauts responsables du ministère de l'Intérieur et à leur tête, Mohamed Yassine Mansouri, wali directeur général des Affaires intérieures au ministère de l'Intérieur. Cette réunion est très importante, car elle a tout débloqué. Les uns ont manifesté leur attachement au respect des lois avec tout ce que cela comporte comme signification. Et les autres ont écarté, d'un claquement de doigts, tous les obstacles administratifs et politiques qui se dressaient devant le parti Annahj Addimocrati. A noter que la séance inaugurale du congrès s'est déroulée au Complexe culturel Mohamed Zafzaf au quartier Mâarif ; les travaux du Congrès se sont poursuivis à l'Ecole supérieure de Technologie à Casablanca. Les travaux ont eu lieu sous le signe "Résistance, continuité, unité d'action et contribution à l'organisation politique indépendante des ouvriers". De cet intitulé pompeux, on retiendrait surtout le terme « organisation », car Annahj Addimocrati est, mine de rien, un parti à construire. Et pour cause, Annahj Addimocrati veut former avec la Fidélité à la Démocratie, le Parti d'action démocratique socialiste (PADS), la Gauche socialiste unifiée (GSU) et le Congrès national ittihadi, un pôle politique appelé la Gauche démocratique.