Plusieurs événements laissent présager que les acteurs de la classe politique cherchent à se positionner. Entre nouvel arrivant et leaders historiques, la guerre des clans ne fait que commencer. Plusieurs aspects laissent croire que les autorités et les partis politiques préparent intensivement les prochaines élections législatives. D'abord, les deux chaînes nationales ont activé, avec un rythme soutenu, des émissions politiques et des débats concernant la vie publique. Mais le plus frappant demeure le choix des invités. En relevant les noms des hommes politiques qui ont eu accès à ces émissions, il est clair que l'Etat souhaite mettre en valeur des jeunes leaders politiques. Un «sang» nouveau susceptible d'encourager les jeunes d'aller voter. Sur la RTM, l'émission populaire, «Hiouar» animée par l'incontournable Mustapha Alaoui est un exemple frappant. Les derniers mois, une multitude de jeunes et brillants cadres politiques ont défié les questions des journalistes. L'objectif: lancer un nouveau débat permettant la reconciliation des Marocains avec la politique. Un autre signe reste important. Depuis quelques semaines, la télévision nationale a donné la parole à des dirigeants de la gauche. Les plus emblématiques sont Mohamed Sassi du PSU et Abdelkrim Benatiq, secrétaire général du parti Travailliste. Deux ténors de la nouvelle gauche qui s'opposent ouvertement aux cadors de l'USFP. Pour certains, cette approche est un signe prémonitoire. Cette même gauche capable d'affaiblir l'USFP ou, du moins, le concurrencer sur son terrain. Il semblerait que l'idée fait son chemin. Certains hauts cadres de l'Etat et des leaders politiques souhaitent une redistribution de la carte politique. Après deux mandats, l'USFP a de fortes chances de passer à l'opposition. D'autant plus que son bureau politique ne serait pas prêt à revivre l'expérience Jettou. Bien au contraire, l'USFP et l'Istiqlal sont pour un Premier ministre politique. «Il est clair que l'Etat voudrait voir l'émergence de jeunes leaders. Au niveau des grands partis, la vieille garde ne veut pas lâcher prise. C'est le grand dilemme qui attend le prochain Premier ministre. Le Souverain cherche à gouverner avec des politiciens de sa génération», explique un haut cadre du PSU. L'idée ne date pas d'aujourd'hui. L'entrée au gouvernement de Karim Ghellab, Toufiq Hjira, Mohamed El Gahs… était programmée dans ce sens. À quelques mois des élections législatives d'autres noms ont fait leur apparition. Le plus marquant est Nizar Baraka. Petit-fils d'Allal El Fassi et gendre d'Abass El Fassi, on le présente comme le prochain patron de la famille istiqlalienne. «Il a toutes les chances de son côté. Il vient d'une famille ancrée dans le parti, c'est un haut cadre du ministère des Finances et en plus c'est un homme de consensus», relève un parlementaire de l'Istiqlal. Du coté de l'USFP, les choses sont beaucoup plus compliquées. Si Mohamed El Gahs avait une chance d'émerger, les luttes internes sont un grand facteur de blocage. Les «éléphants» tiennent l'appareil et contrôlent parfaitement le parti. À la différence des autres formations, l'USFP n'est pas prêt d'accepter des ministres technocrates sous sa bannière. Mais les socialistes essayent de changer de cap. Le Premier secrétaire, Mohamed El Yazghi, a entamé l'ouverture du parti. Son but, convaincre les jeunes d'adhérer à son programme. Une attitude qui laisse présager un changement d'approche au sein de l'USFP. Une chose est certaine, le remous que connaît la vie politique marocaine est dû à l'émergence d'une nouvelle élite politique. Cette dernière est, certainement, soutenue par l'Etat. Ce dernier essaye de maintenir les équilibres, mais cherche à trouver de nouvelles figures politiquement «vierges», capables de contrer les islamistes. À partir de ces données, plusieurs observateurs pensent que le prochain gouvernement sera plus conservateur. Certains prédisent que les socialistes passeront à l'opposition, alors que l'Istiqlal, le RNI et le Mouvement Populaire continueront l'expérience gouvernementale avec le soutien des partis du Wifaq comme l'Union Constitutionnelle et le Parti National Démocrate. Si ce scénario se précise, le prochain Parlement sera très animé. Mais le risque demeure très grand. Avec une opposition dirigée par l'USFP et le PJD, les choses risquent de se corser pour plusieurs raisons. D'abord, bon nombre de dirigeants de ces deux partis sont pour une réforme constitutionnelle et ensuite ils restent les plus virulents au sein de la classe politique. Les mois à venir seront déterminants pour toute la classe politique.