Le 48ème anniversaire de l'Union marocaine du travail ( UMT) est célébré aujourd'hui. C'est l'occasion de se rappeler que ce syndicat est né dans le feu de l'action nationaliste pour l'indépendance du Maroc. Quarante-huit années se sont donc écoulées depuis l'événement de l'assemblée générale de Casablanca qui a vu naître cette centrale syndicale, après plusieurs années de lutte menées par des syndicalistes nationaux pour imposer leur autonomie par rapport aux autorités coloniales et aux syndicalistes français agissant sous la houlette du Parti communiste à l'époque. Première leçon. L'acte du 20 mars 1955, annonçant la création de l'UMT et imposant sa reconnaissance par le Protectorat, est perçu, historiquement parlant, comme une profession militant pour l'indépendance du royaume. Deuxième leçon. La protection politique dont a bénéficié ce syndicat, s'est avérée au fil des ans un geste à double tranchant. D'une part, il a contribué à la consolidation des rangs syndicaux en constituant un pare- choc politique à une action syndicale bénie par les pouvoirs publics durant les premières années de l'indépendance et considérée comme un moyen de promotion sociale et de pression. Mais, il a, d'autre part, permis aux dirigeants syndicaux de se dissocier de leurs militants de base. Plusieurs événements ont par la suite confirmé ce fait, à commencer par l'avortement de la grève générale de la Fonction publique et l'appel à la constitution d'un « gouvernement national jouissant de la confiance de la classe ouvrière », ( c'est-à-dire auquel participent des syndicalistes) jusqu'à l'adoption de « la politique du pain » et des positions hostiles à l'action politique partisane. Ainsi, l'autonomie se transforme sur le terrain en réaction hostile à l'action partisane et en syndicalisme étroit. Une tendance qui allait être adoptée par une centrale qui se proclamait, au début, en tant qu'«alternative historique» par rapport à ceux qui sont supposés avoir trahi les idéaux qui furent derrière la naissance même de leur centrale syndicale. Lors de sa création en novembre 1978, la CDT se voulait être l'incarnation du mouvement syndical historique et authentique. Mais une vingtaine d'années plus tard, cette centrale a reproduit les mêmes pratiques d'antan. Avec , néanmoins la particularité suivante : au lieu de se distancier des acteurs partisans qui l'ont créé, elle a constitué son propre parti politique, inversant ainsi les versions classiques des courroies de transmission et de médiation. Depuis lors , une nouvelle tendance a commencé à prendre forme, et ce par l'annonce de la fondation d'une nouvelle structure syndicale où seront représentés plusieurs courants de la gauche modérés, laissant aux amis de Noubir Amaoui le soin d'encadrer les sensibilités de la gauche radicale et à la centrale de Mahjoub Benseddik le parrainage de veiller à la combinaison de plusieurs tendances, en accueillant en son sein des gauchistes, des libéraux et des islamistes; et ce, même si ces derniers investissent l'ensemble des syndicats, avec à leur tête l'UNTM ( Union nationale des travailleurs du Maroc). Autre syndicat non moins important l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc), conduit depuis 1965 par Abderrazzak Afilal, il est organiquement lié au Parti de l'Istiqlal. Résumant le parcours syndical au Maroc, Taeib Mounchid, membre du bureau politique de l'USFP et syndicaliste depuis 1962, annonce que le champ syndical marocain a connu deux tendances de dérapage. La première s'est manifestée à travers le slogan de «la politique du pain», qui avait pour objectif d'éloigner la classe ouvrière de la politique. Un objectif qui dissimulait, en fait, la volonté d'une alliance avec les pouvoirs publics dans leurs confrontations avec le Mouvement national. Pour remédier à cette situation, poursuit M. Mouinchid, une alternative a été créée en vue de l'édification d'un syndicat de masse, autonome, démocratique et progressiste. Mais avec le temps, ce syndicat s'est érigé en tant qu'alternative aux partis politiques. Profitant de la faiblesse des courants de la gauche, la CDT a contribué à l'affaiblissement des forces de la gauche.