La campagne électorale a déjà débuté. Chaque parti politique se positionne pour garantir son maintien dans la course au Parlement. Dans ce climat, le gouvernement défend son bilan et souhaite continuer l'expérience. A quelques jours de l'ouverture du Parlement par le Souverain, la classe politique s'agite pour préparer sa rentrée politique. Les grandes formations marquent leur territoire et s'apprêtent à entamer une année cruciale. D'abord, dès l'ouverture de l'hémicycle, le code électoral et le découpage seront discutés et adoptés par les députés. Ensuite, 2007 est l'année électorale qui mènera au changement du gouvernement. Devant, c'est deux échéances majeures, la majorité gouvernementale et l'opposition préparent leurs «armes» pour convaincre les électeurs. Même si la carte politique actuelle ne laisse rien présager, il n'en demeure pas moins que le Premier ministre, Driss Jettou, et son équipe se déploient pour défendre le bilan de cinq ans de gestion. D'ailleurs, il y a quelques jours le Premier ministre s'est déplacé à Beni Mellal avec plusieurs ministres. Le but, médiatiser l'effort déployé par le gouvernement. «Cette visite à Beni Mellal est un signe. Driss Jettou n'a jamais fait de tournée dans les provinces. Cette année, il va faire l'effort de défende sa politique», note un député. En plus, l'actuel gouvernement a de quoi se réjouir. Les chiffres économiques sont plutôt satisfaisants. Avec 7,3 % de taux de croissance, le gouvernement peut afficher une certaine sérénité. De plus, le département de Oualalou s'apprête à présenter une baisse conséquente de l'Impôt sur le revenu (IR). Comme aime le répéter le ministre istiqlalien chargé des relations avec le Parlement, Saâd Alami, «le travail gouvernemental est positif». Cette dynamique a permis à Jettou de faire un cadeau social dans une année politiquement très cruciale. En baissant l'IGR de 44 % à 42 % et en augmentant le seuil des salaires exonérés d'impôts pour les petits revenus, le ministre des finances présentera la loi de finance la plus populaire depuis qu'il est en charge de ce secteur. Une aubaine pour les partis présents au sein du gouvernement qui se targuent de la politique économique du royaume. Mais pour l'opposition et surtout le PJD, cette « santé » économique est plutôt due à une année agricole exceptionnelle. Le secteur agricole a généré 90 millions de quintaux pour le blé contre 60 millions pour les autres années. Un sur plus de 30 millions qui donne une marge de manœuvre au gouvernement Jettou. Pour le député du PJD et membre de la commission chargée de l'agriculture au Parlement, Abdelkader Amara, les chiffres maquillent une réalité bien différente. « La croissance dans notre pays est liée directement au secteur agricole. Si on a 30 millions de quintaux de blé, elle se situe à moins de 4 %, alors que si nous avons une production de 60 millions de quintaux, la croissance est entre 4 % et 5 %. Mais la production du blé est de 90 millions, la croissance dépasse la barre des 5 %. Et tout le monde sait que notre production agricole dépend essentiellement de la pluviométrie», explique Amara. En filigrane, le député du PJD reconnaît les chiffres avancés par le gouvernement, mais temporise l'enthousiasme annoncé par Oualalou. Ces résultats seraient la résultante d'une année riche en pluviométrie ? Dans tous les cas, pour l'opposition, la croissance économique n'est pas le fruit d'une politique économique structurée. Bien au contraire, Amara revient en charge et relève que «si l'année prochaine il ne pleut pas, la croissance sera revue à la baisse. Il ne faut, également, oublier que la chute du prix du pétrole à 50 dollars a eu un impact positif sur le Maroc. De plus le gouvernement a bénéficié de quatre milliards de dirhams dus à la privatisation de la régie des tabacs». Mais au-delà des querelles sur l'approche économique du gouvernement, la rentrée politique amènera son lot de débat purement politique. Il sera, sans doute, axé sur le choix du découpage électoral et sur le mode de scrutin. Même si la majorité des partis politiques a adhéré à la proposition du gouvernement en acceptant un mode de scrutin par liste avec le maintien de la liste nationale, il n'en demeure pas moins que les députés attendent la présentation de la loi au sein de la commission pour réajuster certains points. Si les élections sont programmées en juin 2007 comme laissent entendre certains leaders politiques, le débat sur les mécanismes électoraux débutera dès la rentrée parlementaire. Une entame qui risque d'être houleuse pour plusieurs raisons. D'abord, l'USFP est éclaboussé par un scandale, révélé par la presse proche des socialistes qui relève que trois députés de l'USFP seront mis en cause dans le dossier de Chrif Belouidane. Une attaque qui risque d'affaiblir les socialistes surtout que 2007 est une année électorale. Dans tous les cas, la classe politique connaîtra, sans doute, plusieurs changements qui permettront à chaque formation politique de se positionner avant l'émergence d'un nouveau gouvernement.