La tension sociale atteint un nouveau seuil critique. L'Union Marocaine du Travail, premier syndicat du pays, a annoncé une grève nationale les mercredi 5 et jeudi 6 février. Un mouvement d'ampleur qui concernera aussi bien le secteur public que le secteur privé et qui s'inscrit dans un climat de confrontation de plus en plus prononcé entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Selon les responsables syndicaux, cette mobilisation est une riposte à une politique gouvernementale jugée défavorable aux travailleurs et préjudiciable au pouvoir d'achat des couches populaires. L'Union Marocaine du Travail (UMT) affirme avoir multiplié les initiatives en faveur d'un dialogue constructif, mais se heurte à ce qu'elle qualifie « d'immobilisme » des autorités. Faute d'ouverture, le syndicat estime n'avoir d'autre choix que d'enclencher un bras de fer social. Les revendications du syndicat sont claires : la mise en place de mesures urgentes pour contrer la flambée des prix, la lutte contre la spéculation qui aggrave la précarité, et un engagement formel à ne pas légiférer sur le droit de grève sans concertation préalable avec les représentants du monde du travail. L'UMT exige également la relance d'un dialogue social effectif, assorti d'accords contraignants en matière d'augmentation des salaires et de réforme des retraites. En appelant l'ensemble des travailleurs, des commerçants et des artisans à une mobilisation massive, l'UMT veut envoyer un signal fort aux décideurs. « Nous ne pouvons plus tolérer cette situation. Si le gouvernement persiste à ignorer nos doléances, nous renforcerons notre mobilisation avec d'autres actions », avertit un membre du bureau syndical. Lire aussi : Chambre des conseillers : le projet de loi sur la grève approuvé en commission Un conflit social qui prend une tournure politique L'ampleur de cette grève met en lumière une crispation sociale qui va bien au-delà des seuls cercles syndicaux. L'UMT en appelle à la solidarité des partis politiques et des organisations sociales, les exhortant à s'opposer à ce qu'elle dénonce comme une « politique d'austérité déguisée » du gouvernement. Pour l'exécutif, ce mouvement intervient dans un contexte délicat, marqué par des difficultés économiques et une inflation persistante qui alimentent le malaise social. L'appel à la grève ne constitue pas un épisode isolé, mais s'inscrit dans une dynamique de contestation appelée à se prolonger si aucune issue n'est trouvée. « Nous sommes prêts à engager un bras de fer dans la durée si cela est nécessaire », prévient un représentant syndical, qui souligne que les travailleurs « ne veulent plus de promesses vaines, mais des engagements concrets ». Avec cette mobilisation d'ampleur, la menace d'une paralysie dans plusieurs secteurs stratégiques plane sur le pays. Les transports, l'administration publique, les services de santé et l'enseignement risquent d'être fortement perturbés durant ces deux jours. Une situation qui pourrait créer des tensions supplémentaires et accentuer la pression sur un gouvernement déjà fragilisé par le climat économique et social. Alors que la date butoir approche, les regards sont tournés vers l'exécutif. Optera-t-il pour une posture inflexible ou ouvrira-t-il enfin la porte à des négociations de fond ? Une chose est certaine : cette grève nationale illustre une exaspération croissante qui, faute de réponses concrètes, pourrait bien dégénérer en un conflit social de grande ampleur.