Décidément parler de la région du Tadla Azilal et ce qui s'y passe devient un risque majeur pour ne pas dire un délit. Ainsi le directeur d'un journal local avait-il à peine parlé, preuves à l'appui, d'un parlementaire qui occupait illégalement un espace public qu'il a été condamné à 3 mois de prison ferme, 15 000 dirhams d'amende et 30 000 dirhams comme indemnité au plaignant. Le directeur mourut deux semaines après, suite à un accident de la circulation, sans savoir que son cas n'était que le prélude à un processus d'essais d'atteinte aux libertés publiques en général et à la liberté de presse en particulier. En effet quelques semaines après, 2 journalistes qui ont soutenu inconditionnellement leur directeur lors de son procès, sont poursuivis à leur tour par l'avocat du parlementaire pour diffamation et outrage, suite à un article publié dans le même journal et concernant les assises du procès kafkaïen dont a été victime le journaliste défunt. Aujourd'hui, un autre reporter originaire de la région est poursuivi pour "incitation au tribalisme et trouble à l'ordre public". La police a trouvé mieux en voulant l'accuser, suite à des lettres anonymes reçues par le procureur, d'écrits indécents sur le Web, envers la monarchie. Il va sans dire que c'est le même avocat qui a défendu le parlementaire, qui intente le procès aux deux journalistes locaux et qui se constitue avocat de la partie civile dans le procès du journaliste et dont les assises débutent ce mercredi 4 mai au tribunal de première instance à Beni Mellal. S'agit-il d'un cauchemar dont les Mellali vont bientôt se réveiller ? Ou la région est-elle devenue le fief de certains responsables qui légifèrent, exécutent et jugent comme bon leur semble ? Ce qui est sûr, c'est que nos responsables sont devenus d'une telle arrogance, qu'ils ne se donnent même pas la peine d'aller serrer la main à quelques ambassadeurs en visite dans la région. Et dire qu'ils cherchent à attirer les investisseurs et à faire du circuit de Ain Asserdoune - Tassamit, un lieu privilégié pour la promotion touristique de la région ! Pour cela, ils avaient besoin d'y créer une réserve à "quatre mouflons" sur une soixantaine d'hectares en étouffant plus de quatre cents foyers de la population des Ait Slimane en privant leur bétail du pâturage et les femmes du travail du palmier nain, en les éloignant du seul point d'eau existant et en privant les enfants de leur école. Quand l'association Asidd a sympathisé avec ces populations unanimes contre l'installation de la réserve, et a fait connaître au public le drame qu'elle soulève, les autorités n'ont pas hésité à utiliser tout l'arsenal classique makhzénien : menaces contre la population d'abord : amendes, exactions, violations de domiciles, procès... Ensuite contre le journaliste président de l'association Asidd, pour atteindre enfin les autres membres de l'association ainsi que ses sympathisants. Jamais la région n'a été aussi secouée et jamais les abus de pouvoirs n'avaient été aussi grotesques !