Avoir une idée sur le Maroc généralement et sur sa liberté de presse particulièrement, c'est sortir des salons cossus de Casablanca, Rabat Fès ou Marrakech et aller visiter le Maroc profond, car c'est cette partie marginalisée qui constitue l'aune grâce à laquelle on peut juger de l'ouverture du pays et de son développement. Aujourd'hui à Ouarzazate Brahim Filali et son journal "ici et maintenant" sont victimes d'une machination dans une partie marginalisée du pays. Son journal régional, indépendant des partis, du gouvernement et des milieux économiques et financiers cherche non seulement à informer mais aussi à démasquer les lobbies anti-développement. Il est victime d'un complot ourdi par ceux qui ne veulent pas que l'on porte "la plume dans la plaie" comme disait Albert Londres. Hier, c'était le directeur du journal "Minbar Beni Mellal" qui avait-il à peine parlé, preuves à l'appui, du parlementaire Abdellah Khannoufa (MNP) qui occupait illégalement un espace public, qu'il a été condamné à 3 mois de prison ferme, 15 000 dirhams d'amende et 30 000 dirhams comme indemnités au plaignant. C'était le 24 décembre 2004. Le directeur Moulay Yahya mourut deux semaine plus tard, suite à un accident de la circulation, sans savoir que son cas n'était que le prélude à un processus d'atteinte à la liberté d'expression. En effet quelques semaine après, deux journalistes Brahim Akachbab et Bachir Maaouni travaillant dans le même canard et qui ont soutenu inconditionnellement leur directeur lors de son procès, sont poursuivis à leur tour par l'avocat du parlementaire maître Mohamed Ait Oumenni pour diffamation et outrage, suite à un texte publié dans le même journal et concernant les assises du procès kafkaïen dont a été victime le journaliste défunt. Trois mois après, Amale Samie chroniqueur à "Maroc hebdo international" et originaire de la région est poursuivie pour "incitation au tribalisme et trouble à l'ordre public". La police a trouvé mieux en voulant l'accuser, suite à des lettres anonymes reçues par le procureur renfermant des écrits indécents envers la monarchie tirés du Web. Il va sans dire que c'est le même avocat qui a défendu le parlementaire, qui intente le procès aux deux journalistes locaux et qui se constitue avocat de la partie civile dans le procès du journaliste, et dont les premières assises ont eut lieu le mercredi 4 mai au tribunal de première instance à Beni Mellal. Pour Fillali c'est un incendie qui ravage le siège de son journal et ses archives, pour nous c'est un tas de tracasseries juridiques et administratives qui rendent difficile la réapparition de Minbar Beni Mellal. Indiscutablement cette situation porte atteinte au droit des citoyens à l'information ainsi qu'au devoir sacré du journaliste à faire son devoir comme elle porte préjudice au pays en se faisant classer par RSF toujours à des rangs non enviables. Enfin j'apporte mon soutien plein et entier au collègue Brahim et lui témoigne toute ma solidarité à l'occasion de ce complot aveugle dont il est victime. Bon curage TAYMAT et "si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie..... et te mettre à rebâtir... alors tu seras un noble journaliste"