L'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI) a mis en garde contre « les graves conséquences de la cessation par l'Etat de ses contributions dans des secteurs vitaux » et s'est déclarée préoccupée par « l'urgence avec laquelle le gouvernement supprime les parts de l'Etat dans des secteurs stratégiques, tels que l'opérateur historique Maroc Telecom, présenté comme « la locomotive de l'investissement marocain dans le domaine technologique à l'étranger ». Précisions. L'AEI explique dans son mémorandum que « les expériences ont montré que la cessation par l'Etat de ses actions et du contrôle de certaines entreprises sont contre-productives » en donnant comme exemple la compagnie maritime « Comanav » et la raffinerie « Samir ». « Cela a entraîné la destruction de certains des systèmes économiques structurels de l'économie nationale, ainsi que la perte de milliers d'emplois et de compétences professionnelles », soutient l'AEI dans sa note. Les économistes de l'Istiqlal estiment que la cessation d'activités de la « Comanav » a « privé notre pays d'un pavillon maritime national historique au moment où les besoins des MRE, notre commerce extérieur et nos infrastructures portuaires connaissent un développement sans précédent ». De même que pour la raffinerie « Samir » de Mohammedia. Avec sa fermeture, l'AEI relève que l'économie marocaine « se prive de son unique raffineur, d'une importante capacité de stockage de ses hydrocarbures et de tout un écosystème lié à l'industrie chimique avec d'importantes pertes d'emplois et de métiers dans ces secteurs ». Dans leur diagnostic, les experts affiliés au parti d'opposition voient plutôt que les cessions prévues par la loi de finance 2019 n'auraient pas soulevé d'inquiétude « si leur produit venait soutenir une nouvelle approche pour un investissement public directement productif au lieu de compenser l'impasse budgétaire prévue pour 2019 ». S'intéressant à l'effort national d'investissement, essentiellement porté par les investissements publics, l'AEI souligne que son impact sur la croissance et sur la création d'emplois se réduit d'année en année. « Dans les années 2000, l'investissement de l'équivalent de 4 points de PIB générait quelques 30.000 emplois, aujourd'hui il en faut 7 points de PIB pour créer 10.000 emplois » justifie le document. Selon l'Alliance, Cette situation est aggravée par un recul de l'effet d'entrainement de l'investissement public sur le privé. L'organisme déplore le fait que « les gains de compétitivité que devaient générer les investissements en infrastructures sont soit préemptés par l'activité spéculative, soit insuffisamment accompagnés pour permettre une création de richesse pérenne et générer de l'emploi durable ». Après explication de l'état des lieux, l'AEU recommande la prise de mesures correctives pour améliorer l'impact des investissements publics en matière de création de valeur et d'emplois durables, ainsi que la création d'un organisme national chargé de gérer les contributions de l'Etat. L'exemple serait celui d'une agence nationale représentant l'Etat dans le capital et la gestion des entreprises émergentes dans des secteurs stratégiques.