Une stratégie de conquête mal partie. Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a, de nouveau, confié la supervision de sa campagne électorale à Ali Bedar, consultant en communication dont le nom a été mêlé à une affaire judiciaire retentissante avant cinq ans. Cette nomination suscite une vive controverse certains observateurs y voyant une décision discutable de la part du parti dirigé par Aziz Akhannouch, qui est confronté lui aussi à une série de conflits économiques. D'après des sources bien informées, ce choix est perçu comme un signal troublant, révélateur d'une gestion partisane dénuée de considération pour les impératifs éthiques. «Le RNI, en procédant ainsi, s'expose à de vives critiques, notamment quant à son engagement en faveur de l'intégrité et des valeurs morales», confie une source proche du dossier. En septembre 2019, Ali Bedar avait été mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle après la plainte d'une journaliste française. L'enquête menée par la police judiciaire sous la supervision du parquet avait abouti à son placement en détention provisoire à la prison d'Oukacha le 10 février 2020. L'expertise médicale diligentée sur la plaignante avait conclu à des éléments concordants avec un viol. Malgré ces antécédents, M. Bedar conserve la confiance d'Aziz Akhannouch, dont il demeure également le conseiller en communication numérique. Ce maintien en poste interroge sur les critères de sélection au sein du parti, certains cadres récusent ouvertement la volonté du RNI d'ignorer les lourdes accusations pesant sur l'un de ses principaux stratèges. Le retour de M. Bedar à la tête de la communication électorale du RNI résonne d'autant plus fortement que le parti avait mené sa précédente campagne sous le slogan «Vous méritez mieux.» Une devise dont la portée symbolique, au vu des circonstances, semble désormais sujette à interprétation.