La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, a affirmé 19 février que la réforme du secteur de l'énergie et des mines au Maroc «avait pris un retard de près de deux décennies», pointant «une inertie institutionnelle qui aurait comprimé l'essor du pays dans ces domaines stratégiques.» S'exprimant lors d'une rencontre organisée par la Fondation Lafqui Titouani, Mme Benali a souligné que «les réformes dans les secteurs de l'énergie, des mines et de l'environnement sont restées en suspens depuis des années.» Elle a notamment cité l'exemple du gaz naturel, dont la reconfiguration aurait été ajournée depuis 2004. «La première feuille de route pour le gaz naturel a été établie cette année-là, bien avant l'interruption du gazoduc reliant le Maroc à l'Algérie. Vingt ans plus tard, nous en constatons encore les effets», a-t-elle précisé. À son arrivée à la tête du ministère, en octobre 2022, Mme Benali affirme avoir hérité d'une situation critique : «20 % de l'approvisionnement en électricité étaient menacés d'interruption en raison du conflit russo-ukrainien et de la montée de la demande.» Elle a accusé les gouvernements précédents de n'avoir pas engagé «les investissements nécessaires pour mettre à niveau le réseau électrique national dans certaines régions, depuis 2002.» Un essor accéléré des énergies renouvelables La ministre a insisté sur l'ampleur du retard accumulé en matière de réformes structurelles et législatives, qui, selon elle, étaient «quasiment à l'arrêt depuis 2012.» Le secteur minier, pourtant riche en ressources, aurait souffert d'un manque de structuration tandis que l'administration publique en charge de l'énergie et de l'environnement, tant au niveau central que territorial, aurait pâti d'un déficit en moyens humains et financiers. «La faiblesse du cadre législatif et le manque de cohérence des politiques publiques ont gravement entamé la crédibilité du secteur de l'environnement», a-t-elle déploré. Face à cet état des lieux, Mme Benali assure que des efforts considérables ont été déployés depuis le début de l'actuelle mandature. En l'espace de deux ans, son département aurait multiplié par quinze le nombre de licences accordées aux projets d'énergies renouvelables, tout en quadruplant le volume des investissements annuels, qui seraient passés de 1,5 milliard de dirhams à six milliards entre 2023 et 2024. Sur le plan de l'emploi, la ministre affirme que «le rythme de création de postes dans le secteur des énergies renouvelables a été multiplié par onze.» De même, les investissements consacrés au renforcement du réseau électrique auraient quintuplé. Libéralisation du marché des hydrocarbures Concernant le secteur des hydrocarbures, Mme Benali a mis en avant l'accélération des investissements et la mise en œuvre des recommandations du Conseil de la concurrence. Ainsi, le nombre de distributeurs a été porté de 19 à 35, tandis que plus de 600 nouvelles stations-service ont été ouvertes à travers le pays, générant quelque 3 500 emplois. «Il n'est plus concevable qu'aujourd'hui, au Maroc, les stratégies énergétiques ou minières soient pensées ailleurs que dans notre pays», a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité de renforcer la souveraineté nationale dans ce domaine. La ministre a conclu en soulignant que l'objectif de son département était de conjuguer efficacité économique et transition écologique, tout en mettant fin aux blocages qui, selon elle, ont entravé le développement du secteur pendant trop longtemps.