loi relative à la création du Fonds Mohammed VI (FM6) doit incessamment entrer en vigueur après l'adoption de son décret d'application, a indiqué lundi, l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI), qui a listé une série de propositions pour assurer le bon fonctionnement de ce Fonds Souverain. Soulignant le besoin impérieux de se donner les moyens d'une croissance durable, souveraine et créatrice d'emplois, surtout en ces temps de crise, l'AEI a rappelé que le Fonds Mohammed VI sera un « levier pour la mobilisation de moyens de financement additionnels et innovants qui permettront de promouvoir l'investissement, soit directement par la prise de participation [...], soit indirectement à travers l'appui à d'autres entreprises ». Dans ce cadre, l'AEI note que le montant initial prévu est de 45 Md Dhs dont 15 Md Dhs issus du budget 2021 de l'Etat, qui avec l'effet de levier, devrait permettre de mobiliser les 30 Md Dhs restants. Ce montant risque de s'avérer rapidement en deçà des ambitions du pays, souligne les Istiqlaliens, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des plans de relance et du déploiement des grandes stratégies devant découler du nouveau modèle de développement.
Dans ce même registre, l'AEI précise que les Fonds thématiques à mettre en place doivent prendre en considération les grandes priorités découlant de ces deux perceptions stratégiques (Relance et modèle de développement) ; la Société Anonyme incarnant le FM6 doit rapidement envisager la possibilité d'accroitre substantiellement ses ressources pour porter les projets ambitieux qui en découleront.
L'AEI attire également l'attention sur les nécessaires convergence et cohérence, des projets ciblés par le Fonds, avec le budget d'investissement de l'Etat, des Régions, des établissements publics et du Fonds Hassan II, et ce en vue d'éviter toute redondance et développer des synergies.
«Parallèlement, il faut veiller à tirer profit de l'effet multiplicateur du moindre dirham investi. Nous sommes sur une logique de long terme, nécessitant une vision globale et une planification stratégique de tout le dispositif à l'échelle nationale et territoriale», précise-t-on de même source. span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 14.6667px; text-align: justify; white-space: pre-wrap;""Régionalisation des interventions en et positionnement en Afrique"
Par ailleurs, l'AEI recommande la création de fonds régionaux avec la participation du FM6, des conseils régionaux et d'autres partenaires publics et privés en vue d'investir dans des projets directement productifs tels que les zones d'activités économiques (industrie, tourisme, pépinières d'entreprises...), la distribution d'électricité et de l'eau, l'assainissement liquide et solide, les infrastructures directement liées au développement de nouvelles activités productives et la création de sociétés foncières à portée régionale dédiées à ces activités. Les fonds régionaux peuvent aussi participer au capital d'entreprises créatrices d'emplois au niveau de la Région. Des appels à projets peuvent être organisés pour attirer les projets à plus fortes retombées économiques et sociales pour les régions concernées, recommande les économistes Istiqlaliens.
Pour accompagner les stratégies d'ouverture du Maroc sur les économies de l'Afrique sub-saharienne et se positionner en tant qu'acteur actif de la mise en œuvre de la ZLECAF, il serait opportun selon la même source d'envisager, dès à présent, un compartiment dédié à l'appui aux investissements pour le développement du continent, en s'appuyant sur les ouvertures que permettrait Casa Finance City (CFC).
span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 14.6667px; white-space: pre-wrap;""Promouvoir l'entrepreneuriat et booster la R&D"
L'AEI affirme également la nécessité de consacrer à la PME et aux Startups une part expressément définie, dans le cadre de Fonds thématiques dédiés. La mission de ces derniers consisterait à renforcer la structure financière de PME viables et de prévenir des pertes de tissus productifs et d'emplois.
Pour en faire un véhicule de développement inclusif, le Fonds compte se déployer à travers des fonds thématiques à caractère sectoriel ou transversal. Outre les secteurs annoncés, le lancement de startups innovantes, indispensables à la modernisation de notre économie et au renforcement de sa souveraineté technologique, sanitaire, alimentaire et énergétique, devrait également faire partie des préoccupations des fonds thématiques à promouvoir.
Un autre compartiment pourrait être dédié à l'entreprenariat. L'enjeu, dans un premier temps, est de susciter des projets de création et d'innovation en investissant dans la R&D que le privé a du mal à investir tout seul, ajoute les Istiqlaliens.
Dans sa huitième proposition, l'AEI indique que la création d'un Sous-Fonds et le développement d'un savoir-faire dédié au redressement d'entreprises, notamment celles présentant une dimension économique et sociale stratégiques permettrait d'éviter des pertes de richesses, de métiers et de marchés pour notre pays, comme ce fut le cas pour le raffinage, la filature, le transport maritime...
span style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: "Times New Roman"; font-size: 14.6667px; white-space: pre-wrap;""Canaux d'appui aux fonds propres et capitaux permanents"
Outre le recours aux institutionnels, l'appel à l'épargne publique, en dirhams et en devises, ne doit pas être négligé par le Fonds. L'AEI souscrit parfaitement à l'esprit du FM6 et son orientation vers les canaux d'appui aux fonds propres et capitaux permanents (Equity, mezzanine, dette subordonnée, dette convertible, etc.). Pour ce faire, plusieurs instruments existent et peuvent être rapidement déployés : * La «dette mezzanine» représente un financement hybride permettant une participation au capital pour une durée limitée à la sortie de l'entreprise de ses difficultés (7 à 10 ans) ; * Le Fonds peut aussi utiliser les emprunts subordonnés, les obligations convertibles ou les actions prioritaires ; * Pour les infrastructures, les techniques peuvent encore être plus sophistiquées, compte tenu des montants en jeu, des durées et de la possibilité de faire jouer pleinement les partenariats public-privé. L'intérêt est de mettre en selle les investisseurs institutionnels, nationaux et internationaux qui, généralement, se positionnent sur des placements de longue durée (10 à 30 ans). Les projets relatifs à la gestion de l'eau, l'assainissement, la santé ou les énergies renouvelables sont parfaitement indiqués pour ce type de financement. La participation du FM6 permettrait d'en accélérer la réalisation en préservant le contrôle marocain sur les choix stratégiques dans ces domaines.
Il fine, l'AEI indique qu'après avoir bien défini la relation entre le « FM6 SA » et la future « agence de gestion des participation publiques », il convient de doter le Fonds des moyens et organisation lui permettant d'adopter une gestion active et flexible de ses participations et investissements, contribuant ainsi au décollage de ces entreprises, à leur stabilisation et à leur développement, puis à leur cession dès que l'opportunité économique se présente. Ce qui permettrait au Fonds de s'autofinancer par une gestion active, rationnelle et flexible de ses placements et investissements. Bien qu'il soit présenté dans le cadre de l'arsenal financier permettant de sortir de la crise actuelle, le Fonds Mohammed VI est un vecteur de développement structurel, sur le long terme. C'est un véhicule de mobilisation d'épargne intergénérationnelle, d'animation du marché financier, de diversification des activités et des territoires de création de la richesse nationale. Les choix stratégiques du Fonds doivent aussi prétendre à une certaine indépendance dans les secteurs vitaux de notre économie tels que la santé, l'énergie, les ressources hydriques, l'agroalimentaire, certaines nouvelles technologies à définir et la finance.