Le Maroc ne dispose plus de marges budgétaires suffisantes pour absorber de nouvelles flambées des prix des matières premières. C'est l'alerte lancée, lundi 17 février, par la ministre de l'économie et des finances, Nadia Fettah, lors d'une table ronde au sein de la Conférence d'Al-'Ula sur les économies émergentes, organisée en Arabie saoudite. «Nous n'avons plus de remparts financiers pour faire face à une nouvelle hausse des prix, une conséquence directe des tensions géopolitiques persistantes», a-t-elle déclaré devant un parterre d'experts et de responsables économiques. Un renchérissement généralisé du coût des importations Le Maroc, traditionnellement importateur de blé en provenance d'Ukraine, a dû se tourner vers d'autres fournisseurs, acquérant des produits de première nécessité – blé, énergie, médicaments – à des coûts plus élevés. «La hausse des prix n'est pas la seule contrainte : nous subissons également un renchérissement du processus d'acquisition du fait du recours à des paiements différés», a précisé la ministre. L'invasion russe de l'Ukraine en 2022 et les sanctions occidentales qui en ont découlé ont profondément déstabilisé les marchés mondiaux des denrées alimentaires, de l'énergie et des engrais. Cette crise a exacerbé l'inflation à l'échelle internationale, fragilisant encore les économies tributaires des importations comme celle du Maroc. Face à ces pressions, Rabat a adopté en 2022 et 2023 plusieurs mesures d'atténuation afin de contenir la hausse des prix, alors que l'inflation s'élevait à 6,2 % en 2023 avant de redescendre à 0,9 % en fin d'année 2024. Un regain des investissements en provenance des pays du Golfe En marge de la conférence, Nadia Fettah a accordé un entretien à la chaîne Asharq, au cours duquel elle a mis en avant la progression des investissements en provenance des pays du Golfe, qui représentent actuellement entre 14 % et 15 % du total des investissements étrangers directs au Maroc. Selon les données de l'Office des changes, le flux net des investissements étrangers a enregistré une hausse de 55,4 % en 2024, atteignant 17,237 milliards de dirhams (environ 1,73 milliard de dollars). «Nous abordons l'avenir avec optimisme car ces investissements s'orientent vers de nouveaux secteurs. Jusqu'ici concentrés sur l'immobilier, le tourisme et l'énergie, les capitaux en provenance des Etats du Golfe explorent désormais des éventualités dans des domaines plus diversifiés», a affirmé la ministre.