Troisième comparution devant le tribunal pénal chargé des affaires antiterroristes près la Cour d'appel de Salé, ce jeudi 30 mai, pour les 24 accusés dans l'affaire d'Imilil. Outre la révélation de nouveaux détails concernant l'assassinat des deux touristes scandinaves par les deux présumés coupables, l'audience a pour la première fois vu se présenter la défense de l'Etat, comme demandée par les avocats de la victime danoise Louisa Vesterager Jespersen. Principal suspect dans l'affaire, Abdessamad Eljoud, 20 ans, a été entendu par le juge, se basant sur ses déclarations à la police judiciaire. Menuisier de profession, habitant Douar Harbil à Marrakech, il déclare avoir des antécédents judiciaires. C'est suite à une peine d'emprisonnement que le jeune homme a rencontré trois de ses présumés complices dans les meurtres d'Imlil. « On discutait de Jihad et d'immigration et on avait de la sympathie pour Daech », soulignait-t-il. A sa sortie de prison, Abdessamad Eljoud devient commerçant ambulant devant les mosquées de Marrakech. Un gagne-pain qui n'aurait pas beaucoup duré, puisqu'il assurera quelques temps après sa libération la tâche d'imam dans l'une des mosquées clandestines de la périphérie de la ville. « C'est là où j'ai connu Youness Ouziad ». Ce dernier est le deuxième présumé coupable de l'assassinat des deux touristes scandinaves sur les hauteurs du village d'Imlil. Voué à la cause de l'Etat islamique « après avoir entendu un discours d'Abou Bakr Al Baghdadi en 2014 » comme il l'a indiqué, Abdessamad El Joud révèle également qu'il a tenté plusieurs opérations terroristes, toutes soldées par des échecs. « Nous fabriquions des bombes artisanales en les expérimentant sur des lapins, mais ça n'a jamais vraiment marché », a-t-il notamment expliqué au juge. Avec ses trois principaux complices, l'accusé jure que les actes qu'ils projetait de commettre « ne ciblaient que les croisés et les mécréants qui viennent en touristes ». C'est ainsi qu'Abdessamad El Joud qualifiait ses victimes cibles, précisant que l'idée ferme lui est venue « après avoir vu ce qu'ils infligeaient aux musulmans de Syrie et d'Irak ». Son opération terroriste devait servir d'acte d'allégeance à l'Etat islamique. Après décision du juge d'impliquer l'Etat marocain dans le procès, l'audience d'aujourd'hui a vu se présenter l'avocat Abdellatif Ouahbi, également député PAM de Taroudant à la première Chambre. Il représentera au cours du procès le Chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani.