Le bras de fer entre les étudiants en médecine et le ministère de la Santé n'est pas près de s'arrêter. En 2016, les étudiants en médecine ont crié leur colère devant les CHU du Royaume concernant plusieurs points, dont « le retard du paiement des indemnités de garde » et « l'élargissement du terrain de stage ». Dernière mesure décidée par la Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc (CNEM): la tenue d'une énième grève nationale le 12 février afin de réclamer haut et fort l'examen de leur dossier revendicatif. Les détails. Après les pharmaciens et les infirmiers, c'est au tour des futurs médecins de crier leur colère face à « l'indifférence» du ministère de la santé. La Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc CNEM, qui regroupe les étudiants en médecine générale et dentaire, a publié un communiqué annonçant la tenue d'une grève nationale le 12 février dans l'ensemble des facultés de médecine ainsi que les CHU du Maroc. Ils annoncent également le boycott des cours théoriques et pratiques (TP et TD) ainsi que les stages hospitaliers, à l'exception des gardes. Les raisons de cette grève sont nombreuses, mais il y a quatre points « de non-retour » sur lesquelles les étudiants en médecine insistent. Le premier point concerne le concours d'internat. « Nous voulons qu'il y est un document officiel disant que les étudiants des facultés privées (ce qu'on appelle les fondations) ne passent pas leur concours d'internat au sein des CHU publics du Maroc, mais plutôt au sein de leur propre CHU », explique à Hespress Fr, Moad Labdaoui étudiant en 3ème année de médecine générale et membre de la CNEM. « Nous réclamons également une augmentation du nombre de postes budgétaires de médecin interne au sein des CHU d'autant plus que notre population s'accroît et que le besoin en médecins croît avec, et plus particulièrement le besoin en spécialités » précise notre interlocuteur. Le deuxième point concerne la 7ème année en médecine. L'étudiant en médecine doit obligatoirement faire un stage interné dans un centre hospitalier périphérique à travers le Royaume. Il peut être affecté n'importe où. Mais ce n'est pas là le souci, le problème est que « pour que l'étudiant puisse valider son année et son stage interné, il dépend de beaucoup d'autres personnes et pas uniquement ses professeurs et donc il se trouve obligé à faire des gardes et des taches qui ne sont pas les siennes et qui ne doivent pas lui être attribuées », nous explique notre interlocuteur. Devant cette problématique les étudiants en médecine se trouvent obligé de faire des gardes et là survient leur problème « fondamental », à savoir le « manque de sécurité et les scènes de violence qui parfois touche tout le personnel de santé et pas uniquement les étudiants en médecine ». Dans ce sens, la CNEM souhaite que « les responsables prennent ça en compte et qu'il y est des solutions pour que les étudiants ne dépendent pas des autres (chef de service de l'hôpital périphérique) pour valider leurs stages, et pour qu'il y est les conditions nécessaires d'exercice pas seulement pour les médecins en formation mais pour tout le corps de santé ». Le troisième point concerne« l'extension des terrains de stage. Il y a un problème énorme » fait remarquer Moad, avant d'expliquer que « les futurs médecins ont du mal à être formés dans des structures qui ne leur suffisent plus parce qu'ils sont de plus en plus nombreux, alors que le nombre d'infrastructures est très limité». Et puis le quatrième et dernier point est « la réforme des études médicales ». C'est un nouveau « régime d'enseignement de la médecine » explique Mouad. Et d'ajouter que « le problème dans cette réforme c'est la surcharge de certains semestres et certaines années ». Il y a « ambiguïté » poursuit notre interlocuteur. Comment ? « Il y a des étudiants de la première promotion de la réforme des études médicales qui ne savent pas ce qu'ils vont étudier le semestre suivant ou l'année suivante, puisqu'il n'y a pas de texte ni de document expliquant les modalités de cette réforme. D'autant plus qu'il n'y a pas de texte concernant le 3e cycle et ce point inquiète tous les étudiants en médecine parce qu'on ne sait pas ce qu'on va faire après, on ne sait pas s'il s'agit de la 6e ou 7e année, on ne sait pas ce qui nous attend dans la spécialité ni en matière de formation continue ni ce qui nous attend dans le cadre de l'exercice de médecin généraliste ou médecine de famille. Il n'y a rien du tout ! On ne sait pas à quoi s'attendre au futur ! Nous faisons face à l'inconnu et au flou total», s'indigne Moad. Dans ce sens, les étudiants en médecine générale et dentaire, ainsi que les étudiants en pharmacie qui ont rejoint la lutte, réclament à ce qu'il y ait « un document ou un texte qui explique ce à quoi nous avons affaire au futur dans le cas du 3e cycle, 5e, 6e et 7e années, les concours de spécialité mais aussi nous demandons à ce que les étudiants soient impliqués dans l'évaluation et de l'efficacité de cette réforme, l'objectif étant l'amélioration et pourquoi pas le changement de certaines choses qui entravent le cursus de l'étudiant en médecine », explicite Mouad. Et pour conclure, ce membre de la CNEM, a insisté sur ce qu'il appelle le « point du non-retour« , à savoir que « les étudiants de médecine et médecine dentaire refuse que les étudiants en médecine privée passent le concours d'internat au sein des CHU publics, puisqu'il n'y a pas assez de place pour eux et que le nombre de postes qui s'ouvre est limité« , et car « ils n'ont pas étaient admis en faculté de médecine publique pour insuffisance de notes, ils ont leur propre CHU« .