Des sources bien informées ont révélé à Hespress que des rapports et renseignements émanant des services des « affaires intérieures » dans plusieurs provinces relevant des régions de Casablanca-Settat et Marrakech-Safi ont mis en lumière de graves soupçons d'extorsion visant des entrepreneurs et des investisseurs. Ces derniers auraient été contraints de financer le « panier de Ramadan » sous la pression d'élus locaux. Face à ces révélations, les services centraux du ministère de l'Intérieur se sont rapidement mobilisés, déclenchant des enquêtes approfondies au sein des conseils communaux, provinciaux et préfectoraux. Ces investigations portent sur des pratiques illégales où des transactions administratives auraient été détournées pour financer des aides alimentaires, dans le but d'en tirer des bénéfices politiques et électoraux à l'approche du mois sacré. Les mêmes sources confirment l'implication d'élus qui auraient exercé des pressions sur des hommes d'affaires, les menaçant d'entraver leurs projets et de porter atteinte à leurs intérêts financiers et commerciaux s'ils refusaient de contribuer à ces distributions alimentaires. Les rapports parvenus aux services centraux contiennent également des informations troublantes . Dans certains cas, des présidents de communes et autres élus auraient contracté des emprunts auprès d'entrepreneurs et d'investisseurs afin de financer le « Panier de Ramadan » et d'assurer la distribution des aides alimentaires dans leurs circonscriptions électorales. Certains auraient même émis des chèques en guise de garantie, atteignant des montants dépassant 130.000 dirhams dans certaines communes de la région de Casablanca-Settat. Faute de pouvoir rivaliser avec des élus influents qui monopolisent les bons de commande pour distribuer les aides alimentaires à leurs électeurs, certains membres de conseils communaux auraient cherché d'autres sources de financement. D'autres informations transmises au ministère de l'Intérieur révèlent également que certaines associations civiles, affiliées à des courants politiques au sein des conseils communaux, auraient été utilisées pour assurer la distribution du « Panier de Ramadan« . Par ailleurs, les enquêtes en cours sur ces soupçons d'extorsion visant des entrepreneurs et investisseurs se concentrent aussi sur l'examen des budgets communaux. Certaines rubriques budgétaires, notamment celles intitulées « dons et aides en faveur des nécessiteux », ont été validées, tandis que d'autres ont été rejetées par les gouverneurs. Les investigations s'attacheront à vérifier si ces distributions ont bien été instrumentalisées à des fins politiques et électorales. Des cas ont d'ores et déjà été documentés dans certaines communes, impliquant des élus actuellement en fonction. L'enquête s'étendra également à l'utilisation d'associations et d'entrepôts situés dans des quartiers populaires – certains appartenant à des élus – pour stocker des aides alimentaires en dehors du cadre légal régissant les collectes de bienfaisance publique. Cette affaire met en lumière le contournement systématique des directives du ministère de l'Intérieur, qui interdit depuis plusieurs années aux collectivités territoriales de distribuer le « Panier de Ramadan » afin d'éviter toute exploitation électoraliste. Pourtant, certaines entreprises de distribution de produits alimentaires et des points de vente en gros – dont certains sont détenus par des élus – continueraient de bénéficier de bons de commande pour approvisionner les entrepôts dédiés aux aides alimentaires du mois sacré. Ces aides comprennent notamment de la farine, du sucre, du thé, des tomates concentrées, des dattes, ainsi que des pâtes et des légumineuses. Enfin, des sources proches du dossier ont révélé à Hespress que le ministère de l'Intérieur a adressé des instructions strictes aux gouverneurs de provinces afin d'assurer un suivi rigoureux de l'avancement des projets de développement programmés pour être achevés avant la fin du premier semestre de l'année en cours. Ces projets concernent particulièrement l'accès et le raccordement individuel à l'eau potable, la construction de foyers pour étudiants ainsi que la mise en place de centres d'accueil destinés aux personnes en situation de vulnérabilité. Ces nouvelles directives ont été accélérées par des rapports en provenance de multiples sources, révélant des soupçons d'implication d'élus dans le blocage de projets de développement, dans le but d'en tirer des avantages électoraux.