Et voilà le jour tant attendu des fleuristes, des chocolatiers et restaurateurs du monde entier est arrivé. Le 14 février flatte les femmes et effraye les hommes. Depuis quelques années, la Saint-Valentin y prend racine, transformant les vitrines des magasins en un véritable océan de cœurs rouges et de peluches géantes. Mais au-delà des apparences chocolatées et romantiques, une question se pose : cette fête est-elle une véritable célébration de l'amour ou simplement un stratagème commercial bien ficelé ? Une occasion qui n'a jamais fait partie des traditions marocaines, vos grands parents peuvent confirmer cette "accusation". On aurait plutôt eu tendance à célébrer l'amour au quotidien, sans calendrier imposé. Mais comme tout ce qui brille à l'international, cette coutume a fini par atterrir, portée par les films, les séries et, bien sûr, le marketing. La génération connectée, influencée par les influenceurs eux-mêmes influencés par le marketing occidental, a vite adopté cette journée comme une occasion de déclarer sa flamme. Une aubaine pour le commerce. Les prix des roses grimpent plus vite que les billets pour un concert de Cardi B, les restaurants proposent des menus « spécial couple » plus chers que les dîners ordinaires, et même les taxis semblent augmenter leurs tarifs sous prétexte de « livraison d'amour express ». A ce qu'il semble, Cupidon ne fait pas de commissions et n'annonce pas des offres de promotion. Les fleuristes, eux, ne s'en cachent pas : c'est leur plus grosse journée de l'année après l'Aïd. Le prix des roses double, parfois triple le 14 février. Pour certains couples, la Saint-Valentin est une véritable occasion de raviver la flamme. C'est le moment de sortir du quotidien, de s'échapper de la routine (métro-boulot-dodo), et de rappeler à l'autre qu'on l'aime. Un dîner aux chandelles, un petit mot doux, un cadeau choisi avec soin... Pour ces romantiques convaincus, peu importe l'origine commerciale de la fête, l'essentiel est de profiter de l'occasion pour cultiver l'amour. Mais fallait-il vraiment attendre le 14 février pour offrir des fleurs ou déclarer sa flamme ? N'est-ce pas un peu paradoxal de prouver son amour en même temps que tout le quartier ? Et que dire de ceux qui s'empressent de publier chaque instant sur les réseaux sociaux, comme pour prouver à tout le monde qu'ils ont bien respecté le contrat social de la Saint-Valentin ? Impossible de parler de cette fête sans évoquer son côté Instagrammable. Aujourd'hui, il ne s'agit plus seulement de fêter l'amour, mais de montrer qu'on le fête. Un dîner sans photo de plat en gros plan ? Une rose sans boomerang ? Impensable ! À croire que les hashtags #ValentinesDay et #CoupleGoals sont devenus aussi indispensables que le chocolat ou les roses. Cherche-t-on à accumuler des likes, à avoir une validation de l'autre ? La pression de la perfection virtuelle a transformé la Saint-Valentin en une compétition : qui aura le cadeau le plus cher ? Qui ira dans le restaurant le plus romantique ? Qui publiera la déclaration la plus émouvante ? On en vient presque à oublier que l'amour, le vrai, n'a pas besoin de filtres. Il fut un temps où le 14 février passait inaperçu sous nos cieux. Aujourd'hui, ne pas offrir de cadeau ce jour-là est presque un crime de lèse-majesté. La faute à qui ? A une société de consommation qui sait vendre du rêve... en rouge et blanc ? In fine, la Saint-Valentin au Maroc, c'est quoi ? Un moyen de raviver la flamme ou un prétexte pour ouvrir son porte-monnaie ? Un peu des deux, sans doute. Car même si cette journée est indéniablement devenue un business lucratif, elle reste une opportunité pour certains de sortir de la routine, de surprendre leur moitié, de dire « je t'aime » avec un peu plus de créativité que d'habitude.