Date sacrée pour les amoureux, la Saint-Valentin vient nous rappeler que l'amour est sans limite. La fête de l'amour est chargée de symboles, de bons sentiments et surtout de démonstrations, plus ou moins expansives, d'affection. Fête catholique à l'origine, la Saint-Valentin traverse les barrières culturelles et se fait adopter un peu partout dans le monde. Il faut dire que l'amour à la cote au Maroc. Occasion d'exprimer son amour, ou prétexte pour déclarer sa flamme et de sortir du célibat, la Saint-Valentin délie les langues et permet souvent d'approcher l'autre sexe dans une société aux relents conservateurs. Célébration importée et méconnue de la masse il y a encore quelques années, la Saint-Valentin est entrée dans les rêves et les mœurs d'une gente féminine nationale de plus en plus émancipée, instruite et rarement contre l'idée d'une preuve d'amour plus ou moins brillante. Tous les prix sont permis La Saint-Valentin fait le bonheur de nos commerces. La tradition amoureuse est l'un des filons que les boutiques ont appris à exploiter. Les vitrines les plus prévoyantes s'y prennent souvent à l'avance, transformant leurs équipes en véritables «agents-conseils de l'amour». Il y en a pour toutes les bourses, de vingt dirhams pour les présents les plus symboliques, jusqu'à 30 000 DH pour une démonstration plus onéreuse. Un petit tour d'horizon des enseignes permet de découvrir les articles proposés par l'amour mercantile. Les premiers à s'en réjouir sont les fleuristes, vaillants défenseurs de l'expression classique d'amour, pour qui le 14 février est devenu une manne salutaire. Ils vous proposent de le «dire avec des fleurs», à coups d'alexandrins de roses rouges ou, pour peu que votre bourse le permette, de compositions florales plus ou moins sophistiquées. Autres avocats du classicisme, les confiseurs et chocolatiers, qui vous invitent à ajouter une touche de douceur dans votre déclaration. Pour pousser le traditionalisme dans ses derniers retranchements, il est toujours possible de traverser les effluves de la parfumerie ou d'auréoler votre amour de mystère par un dîner aux chandelles. Histoire de rompre avec les habitudes, il est toujours possible de chercher sous d'autres cieux, pour peu qu'on n'ait pas d'objection à ajouter un peu plus de sel à l'addition. De plus en plus de commerces s'approprient la Saint-Valentin et multiplient les formules. Parmi les nouveaux arrivants, on retrouve les centres de beauté et de sport, les magasins de vêtement et de décoration ainsi que certaines boutiques de gadgets high-tech. Ici, on déclare sa flamme à coups de relooking, d'abonnements pour deux, de baladeur rose ou simplement gravé aux initiales de sa darling. Ceux pour qui l'amour n'a pas de prix, jetteront leur dévolu sur les bijouteries et traduiront la puissance de leur amour au débit affolé des zéros sur la facture. Ils pourront aussi dire «combien ils aiment» leur valentin(e) à grand renfort de séjours aimablement réfléchis par les agences de voyage. D'aucuns en revanche, les hommes se positiennent en détracteurs, victimes muettes de la tyrannie financière de Cupidon. «Je ne vois pas pourquoi devrais-je acheter un cadeau à ma femme le jour de la Saint-Valentin. C'est une fête païenne qui n'existe que pour gonfler les poches des commerçants» nous explique Amine, jeune cadre casablancais. Il n'est pas le seul «macho» à ne trouver aucun attrait à cette date fatidique. Par manque de conviction, refus de se ruiner ou simplement par obstination, les hommes résistent à l'attrait de cette fête importée, à la manière de ce jeune marié qui ne manque pas d'humour. «Pour moi, dit-il, fêter la Saint-Valentin c'est comme publier un petite annonce du genre : jeune homme échange faveurs sexuelles ou tranquillité pendant une année contre biens de consommation.» Il n'en reste pas moins que nos irréductibles misogynes doivent souvent céder et passer à la caisse pour éviter de subir le courroux de leurs compagnes. Quand Saint-Valentin devient Sidi Valentin «Fête chrétienne ? Et alors ? Je ne vois aucun mal à célébrer la Saint-Valentin. C'est une occasion pour moi de rappeler à ma petite amie que je l'aime», nous confie Said, étudiant en médecine. La fête de l'amour gagne de plus en plus de terrain dans l'imaginaire collectif marocain, soulevant des adeptes dans toutes couches sociales. Il est devenu presque normal de voir les cartes de vœux, bouquets de fleurs et autres cadeaux s'échanger devant les lycées, chez soi ou dans un restaurant. Si certains trouvent normal que les flèches de Cupidon fassent aujourd'hui partie de notre arsenal culturel, d'autres voient la chose d'un mauvais œil. Les plus fervents détracteurs y voient une incursion chrétienne contre nature dans notre société arabo-musulmane. D'aucuns y vont de leur argument, arguant que c'est «hram», une fête païenne, une incitation à un amour réprimandée par la loi islamique. D'autres tempèrent en prétextant que l'amour n'a pas besoin d'un jour spécifique pour être fêté. Il n'en demeure pas moins que la montée en force du 14 février est mal vue par les plus conservateurs. L'expression d'amour est pourtant bien présente dans les cultures arabes. Une petite recherche suffit à nous rappeler les prouesses poétiques du marché de «Ôkad», lieu où étaient suspendues les «mouâllaquates», compositions versifiées vantant l'amour charnel ou platonique. Yassine Ahrar Il était une fois Saint Valentin Depuis le IIIe siècle, le 14 février est devenu la fête des amoureux. St-Valentin, patron des amoureux, est en fait un prêtre martyr, tué par les Romains le 14 février 270. À cette époque, Valentin s'attira la colère de l'empereur Claude qui venait d'abolir le mariage. Il trouvait que les hommes mariés faisaient de piètres soldats parce qu'ils ne voulaient pas abandonner leur famille. Valentin encourage alors les jeunes fiancés à venir le trouver en secret pour leur accorder la bénédiction du mariage. Il fut arrêté et emprisonné. Pendant qu'il attendait son exécution dans sa prison, Valentin se prend d'amitié pour la fille de son geôlier. Juste avant d'être décapité, il lui offre des feuilles en forme de cœur avec le message: «De ton valentin !». Dans certains pays, la fête de la Saint-Valentin vient d'une croyance médiévale européenne qui dit que les oiseaux commencent à s'accoupler le 14 février. A l'origine, fête de l' église catholique , le jour de la Saint-Valentin n'aurait pas été associé à l'amour romantique avant le Haut Moyen Age .