Dans l'impasse depuis le renforcement des relations entre Nouakchott et Rabat et la prise de distance avec les thèses séparatistes du polisario, la milice armée commence à montrer des signes d'irritation en cherchant à menacer la stabilité de la Mauritanie. En perte de vitesse depuis plusieurs mois au niveau mondial et régional, la milice du polisario accuse le coup, mais pas en silence. Les derniers événements bilatéraux entre le Maroc et la Mauritanie, et la position mauritanienne récente concernant la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune, ont irrité les membres du polisario qui en ont fait une lecture qui ne les avantage pas. Dans un enregistrement audio largement diffusé sur les réseaux sociaux et repris par la presse mauritanienne, notamment sur WhatsApp, un dirigeant du polisario, un dénommé Ahmed Ould Abid aurait formulé des appels à attaquer la Maurtanie. Les déclarations parlent non seulement d'attaques armées contre la Mauritanie mais vont plus loin, en parlant d'occuper ce pays voisin. Le membre de la milice du polisario a estimé dans l'audio partagé que le pays constitue une menace existentielle pour le polisario. Le dirigeant séparatiste affirme dans cet enregistrement diffusé par les internautes que la paix avec la Mauritanie est « piégée » et que l'hostilité de la Mauritanie envers les Sahraouis n'est pas un phénomène récent, mais qu'elle existe depuis 1975, selon ses propos. Il ajoute que l'armement de la Mauritanie considéré comme pays « ennemi » et « non fiable » par les pays occidentaux représenterait « un danger » pour le polisario. Le milicien ajoute qu'il faudrait développer un plan rapide pour occuper ce pays. Le membre du polisario poursuit dans son audio que l'Algérie (pays qui loge et finance et soutient le polisario) serait entouré de pays « faibles » et déchirés le Mali et le Niger, ce qui la rend elle aussi vulnérable à la fragmentation et à la division. Selon lui, cette situation aux frontières de l'Algérie devrait pousser le polisario à rester vigilant, notamment vis-à-vis de la Mauritanie, qu'il affirme avoir été créée par l'Occident pour être utilisée à sa guise. Encore une fois, la milice du polisario prouve, par ces déclarations, qu'elle constitue une menace persistante dans la région du Sahara en raison de ses actions militaires contre le Maroc mais qui pourraient être élargies à d'autres pays de la région. En dépit des tentatives de négociations et des résolutions internationales appelant à un règlement pacifique de la question du Sahara notamment en consacrant l'initiative d'autonomie, l'Algérie et le polisario refusent la solution politique et préfèrent le statut quo. Le groupe soutenu par l'Algérie qui le finance et lui offre un soutien multiforme, continue de défier les efforts diplomatiques en cherchant à imposer une solution militaire car disposant de ressources militaires et financières qui lui permettent de mener des opérations armées et de menacer la région. Le mouvement séparatiste armé fait également appel à une rhétorique guerrière incitant à la violence et à l'escalade des tensions et à imposer une solution militaire, créant de l'instabilité qui se propage aux pays voisins qui, se retrouvent impliqués dans une guerre indirecte, comme c'est le cas de la Mauritanie qui a pris ses distances du groupe séparatiste ces derniers mois. Pour rappel la Mauritanie a décliné l'invitation à une conférence organisée par le polisario à Genève le 13 septembre, confirmant ainsi sa volonté de prendre ses distances avec le mouvement séparatiste. Ce refus fait écho à une décision similaire prise le 6 juin dernier, lorsque la Mauritanie avait également décliné une invitation du polisario à une conférence similaire à Beyrouth. Lors de l'investiture de Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani pour son second mandat, un accueil très froid a été réservé au chef de la milice Brahim Ghali qui a été prié de s'en aller et n'a pas eu droit à une photo officielle avec le président mauritanien. Plus récemment, Nouakchott a refusé de rentrer dans le jeu de l'Algérie qui a tenté de créer une alliance maghrébine sans le Maroc. Cette alliance avait pour objectif de remplacer l'Union du Maghreb arabe mais elle n'a pas reçu l'aval de la Mauritanie ni de la Libye. Face à cette réorientation diplomatique de la Mauritanie ainsi que le rapprochement avec le Maroc, le polisario qui voit son influence et ses horizons se refermer peu à peu, c'est donc vers le langage guerrier qu'il s'est dirigé par dépit et exaspération face à une situation qui lui échappe.