La Mauritanie réaffirme de nouveau sa tendance à prendre ses distances avec le Polisario en refusant une invitation à une conférence organisée par ce dernier à Genève. Cette décision fait écho à un refus similaire en juin 2024 à Beyrouth. La Mauritanie a décliné l'invitation à une conférence organisée par le polisario à Genève le 13 septembre, confirmant ainsi sa volonté de prendre ses distances avec le mouvement séparatiste. Ce refus fait écho à une décision similaire prise le 6 juin dernier, lorsque la Mauritanie avait également décliné une invitation du polisario à une conférence similaire à Beyrouth. Ces décisions illustrent un changement stratégique dans la politique étrangère mauritanienne sous la présidence de Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani, qui semble déterminé à maintenir des relations solides avec le Maroc tout en ajustant ses alliances régionales. Cette réorientation s'est d'ailleurs manifestée lors de l'investiture de Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani pour son second mandat. L'accueil réservé au chef du polisario, Brahim Ghali, a été particulièrement significatif : leur poignée de main a été qualifiée de "très froide", un signe clair de la volonté de la Mauritanie de prendre ses distances avec le polisario. Cet incident a suscité de vives réactions du côté algérien, avec de vives critiques à l'encontre du président mauritanien. « Depuis l'accession d'Ould El Ghazouani à la présidence, un changement progressif de cap est notable » "Le réchauffement des relations entre la Mauritanie et le Maroc, notamment sous la présidence de Mohamed Ould El Ghazouani, marque une inflexion stratégique importante dans la politique étrangère mauritanienne. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, Ould El Ghazouani a progressivement éloigné la Mauritanie de l'influence d'Alger", indique Hespress Fr le secrétaire général du Centre marocain de recherche pour la globalisation (NejMaroc), Yassine El Yattioui. La neutralité de la Mauritanie a souvent été perçue comme un soutien tacite au polisario, fait remarquer M. El Yattioui, rappelant que "sous le régime précédent, la Mauritanie était perçue comme penchée davantage vers l'Algérie, participant à diverses initiatives en faveur du polisario". Toutefois, depuis l'accession d'Ould El Ghazouani à la présidence, un changement progressif de cap est notable, affirme l'analyste. Et de poursuivre que "l'un des signaux les plus marquants de cette réorientation diplomatique est le refus récent de la Mauritanie de participer à plusieurs conférences organisées par le polisario. L'absence de la Mauritanie à la conférence organisée à Genève le 10 septembre 2024, en marge de la 57e session du Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies, est un exemple frappant de cette nouvelle approche. De même, en juin dernier, les partis politiques mauritaniens avaient déjà ignoré une invitation similaire du polisario à une conférence à Beyrouth. Ces gestes révèlent non seulement une prise de distance avec la diplomatie algérienne, mais aussi un refus de cautionner les actions du polisario dans les forums internationaux". Ce réalignement vers Rabat s'explique, de l'avis de M. El Yattioui, par plusieurs facteurs. "D'une part, le Maroc et la Mauritanie partagent des intérêts économiques de plus en plus convergents, notamment dans le domaine du commerce, de la pêche et des infrastructures. Le Maroc est un partenaire commercial clé pour la Mauritanie, et la coopération économique entre les deux pays a connu une accélération sous Ould El Ghazouani. Par exemple, le port de Nouadhibou, essentiel à l'économie mauritanienne, bénéficie d'une collaboration avec des entreprises marocaines. De plus, le projet de construction de routes reliant le Maroc à la Mauritanie renforce les échanges commerciaux et la connectivité entre les deux pays". "D'autre part, sur le plan sécuritaire, la Mauritanie fait face à des défis croissants liés à l'instabilité au Sahel et à la menace terroriste dans la région. Le Maroc, avec ses capacités en matière de lutte contre le terrorisme, représente un allié stratégique pour la Mauritanie dans ce domaine. Le renforcement de la coopération sécuritaire entre les deux pays témoigne d'une volonté commune de stabiliser la région et de lutter contre les menaces transfrontalières".