Alors que le polisario multiplie les attaques contre les intérêts du Maroc depuis que le Conseil de sécurité a prolongé le mandat de la mission d'observation de l'ONU (Minurso) pour un an, c'est vers une nouvelle forme d'escalade que les séparatistes sahraouis se dirigent. La Mauritanie a renforcé ses positions militaires vers la frontière avec le Maroc. Dans une nouvelle forme d'escalade et de chantage, le polisario a menacé de faire éclater le cessez-le-feu conclu dans les années 90 et de déclencher une guerre « dans toute la région ». En outre, le passage entre le Maroc et la Mauritanie, a été fermé « de manière définitive », indiquent les séparatistes sahraouis. Dans un communiqué publié lundi, le mouvement séparatiste a menacé de mettre fin à l'accord de désescalade militaire si le Maroc venait à introduire dans la zone tampon d'El Guerguerat, surveillée par les éléments de la Minurso, tout élément militaire ou civil marocain. Et d'estimer que cela « sera considéré comme une agression flagrante, à laquelle la partie sahraouie répliquera énergiquement (…). Ce qui signifiera également la fin de l'accord de cessez-le-feu et enclenchera une nouvelle guerre dans toute la région« . Cette réaction craintive du mouvement séparatiste intervient alors que ses milices bloquent depuis une quinzaine de jours le passage de camions marocains entre le Maroc et la Mauritanie. Les autorités marocaines n'avaient pas réagi jusqu'ici. Le 6 novembre, le Roi Mohammed VI, qui s'adressait à la Nation à l'occasion du 45ème anniversaire de la Marche Verte (événement qui marque la restitution pacifique du Sahara au Maroc par l'Espagne qui était colonisait le territoire, ndlr), a indiqué que le Maroc n'allait pas se laisser faire face aux provocations. Dans les faits, les milices affiliées aux séparatistes du polisario ont été envoyées au poste frontière d'El Guergerat qui relie le Maroc à la Mauritanie pour entraver le passage de routiers marocains et mauritaniens et bloquer le commerce entre les deux pays. Ces milices ont bloqué plus de 1500 camions marocains, affirment des sources à Hespress FR, ayant requis l'anonymat. Ces derniers jours, ils étaient encore 200 camions marocains arrêtés par ces milices qui ont vidé leurs chargements, posant au sol des tonnes de produits frais pour empêcher leur livraison en Mauritanie, et en détournant d'autres parties vers l'Algérie. Ces quelques 200 routiers marocains bloqués par le polisario ont appelé à l'aide aux gouvernements marocain et mauritanien, les deux parties concernées par les échanges commerciaux. Face à la situation, l'irritation a commencé à se faire sentir du côté de la Mauritanie qui dépend majoritairement des livraisons de produits frais marocains. Jeudi, l'agence mauritanienne Alwiam publiait le communiqué des routiers marocains. De plus, depuis ce blocage, les prix des denrées alimentaires ont atteint les sommets sur les marchés, provoquant la colère des Mauritaniens et l'irritation des autorités du pays. Alors qu'Alger clame ne rien à voir avec les velléités séparatistes des sahraouis, des avions algériens chargés de fruits et de légumes ont été envoyés dès samedi vers Nouakchott pour apaiser la tension grandissante du côté mauritanien, pendant que les milices du polisario continuaient de bloquer le passage aux camions marocains, ajoute notre source ayant requis l'anonymat. En outre, l'Algérie a ouvert un passage routier depuis Tindouf pour tenter de récupérer le flux commercial entre Rabat et Nouakchott, ajoute notre source. Dans un entretien accordé à l'agence officielle algérienne APS, le « ministre » sahraoui de la Défense, Abdallah Lahbib, a affirmé que le passage a été fermé « de manière définitive », tout en confirmant que des manifestants ont été envoyés pour faire des sit-ins. « Les manifestants, en dépit des conditions difficiles, se déplacent librement dans leurs territoires libérés », a-t-il prétendu. Mardi, alors que la Mauritanie (partie prenante au conflit du Sahara) tapait encore du pied à cause de la flambée des prix et la rareté des produits frais, les milices sahraouies ont ouvert le passage aux camions mauritaniens seulement, bloquant toujours, le passage aux routiers marocains. Pendant ce temps, à cause de l'escalade cherchée par les milices séparatistes, l'armée mauritanienne a envoyé des militaires vers la frontières avec le Maroc à El Guerguerat. « L'armée a bien renforcé ses positions le long de la frontière, une mesure normale pour parer à toute éventualité », a déclaré un haut responsable locale cité par l'Afp sans préciser les effectifs ou les moyens mobilisés. « Nous ne pouvons pas nier que ceci intervient dans le contexte de blocage actuel, mais bien sûr nous sommes en droit de nous protéger et de faire respecter notre neutralité », a-t-il dit.